Allumeuse !

Sujet sensible !

Si la gamme est aujourd’hui peuplée de diesels nasillards, il n’en reste pas moins que la marque a la sportivité inscrite dans ses gênes. Une sportivité qui s’exprimait autrefois librement, au travers de voluptueux carburateurs Weber qui transformaient l’essence (et il en fallait beaucoup) en une formidable démonstration de puissance sonore ! Toujours à l’affût de la zone rouge, le moteur constituait le prolongement naturel de trains roulants rageusement tournés vers l’efficacité.

Roues arrière motrices, masses équilibrées, atmosphère unique et lignes sensuelles, les Giulia, coupé Bertone et autres ont vite tatoué une génération d’amateurs du célèbre biscione… Qu’en est-il aujourd’hui ? A l’heure où les performances se doivent d’être sacrifiées sur l’autel de la consommation… Esprit, es-tu là ?

Cuore Sportivo

Le cœur sportif, une expression désignant traditionnellement le moteur, l’âme de toute Alfa. Avec la MiTo, normes obligent, le cœur est partagé avec bien d’autres modèles du groupe Fiat. Toutefois, conçu en Italie, il n’a pas perdu son accent. D’une cylindrée de 1.4 l, il ne fait plus appel aux gourmands carburateurs pour délivrer sa puissance, mais à une injection révolutionnaire, baptisée MultiAir et qui se permet de se passer de volet d’admission en contrôlant le débit d’air depuis les soupapes.

Ajoutez un turbo et la chose délivrera 170 chevaux (ou 163 en Belgique) et 230 Nm dès 2.500 tr/min. Voilà pour la pratique ! Ah non, j’oubliais, les performances annoncées : 219 km/h et 7,5 secondes pour évacuer le 0 à 100 km/h. On a connu plus expéditif et plus rapide sur ce segment des bombinettes enragées, mais c’est plus que suffisant pour perdre son permis ! Question consommation, Alfa Romeo annonce… 6 l/100 km et ça, c’est une véritable performance !

Style

Si prise de muscle sous le capot il y a, le style extérieur bodybuildé s’en retrouvera ! Une sainte maxime qui s’applique à toutes les mini bombes ! Cette Alfa Romeo, toute latine qu’elle est, reste pourtant discrète : un petit logo arborant le cultissime « Quadrifoglio Verde » sur les ailes avant, une double canule d’échappement chromée, des jantes spécifiques de 17 pouces, des rétroviseurs en métal brossé et… c’est tout. Mais quelle présence, avec son air de 8C miniature !

Dans l’habitacle, Alfa Romeo a misé sur la sobriété. Pas de couleurs flashy ou de logos suggestifs parsemés un peu partout, juste un ciel de toit noir et d’excellents sièges. A savoir, dans ce cas-ci, des Sabelt qui, outre un maintien parfait, affichent un superbe design, arborant fièrement le prestigieux logo de la marque !

Q2

Sous cette appellation douteuse se dissimule un autobloquant électronique dont la fonction est de répartir le couple entre les deux roues avant. Le but ? Optimiser la motricité en sortie de courbes.

Sobre !

Bon, maintenant que les présentations sont faites, il n’y a plus qu’à s’installer et démarrer ! Autant mettre les choses au clair : si la nature n’a pas été très généreuse en centimètres à votre égard, les sièges Sabelt (en option, 2.500 € tout de même) ne constituent peut-être pas la meilleure option. Dans le cas contraire, ce n’est que du bonheur : le maintien est parfait et la sensation d’être enveloppé procure le sentiment de faire corps avec sa monture ! Voilà qui commence bien… Pour le reste, la présentation est sobre, mais de bon goût. Avec de petites touches métalliques subtiles, mais élégantes. Question style, les Italiens savent s’y faire…

Vrooom !

Je tourne la clé et… Petit bruissement contenu à l’échappement. Pour débuter cet essai, autant laisser la manette du système DNA (qui permet de choisir son mode de conduite entre : conditions glissantes, normal et dynamique) sur « normal ». Jusque là, rien de bien impressionnant, la Mito se veut facile et aussi douce que la première Twingo venue. Petit coup de gaz, juste histoire de voir, et ben… pas grand-chose. Ça répond souplement, mais sans grand enthousiasme. Bof, quoi…

Bon, fini de rigoler, petite route sinueuse et manette sur « Dynamique »… Et là, tout bascule ! La moindre pression sur l’accélérateur se traduit en une poussée très nette et une envolée du compte-tours ! Cette fougue soudaine s’exprime au travers d’une voix grave, aux accents très italiens ! Splendide ! Mais… Le tempérament hargneux dans les tours appartient définitivement au passé : à l’approche de la zone rouge, située à seulement 6.200 tr/min, le moteur s’essouffle et perd toute son énergie… Dommage… Quant à la boîte manuelle, elle se manie facilement, y compris dans les moments "chauds" !

Et ça tient ?

Tant que la route est lisse, qu’est-ce qu’on s’amuse ! Plantez-la sur les freins, visez la corde et… regardez la route par la fenêtre latérale ! Le train avant assez adhérant est parfaitement secondé par un train arrière joyeusement volage… Bien conduite, la Mito saura étonner son monde ! Du moins, tant que la route est bien revêtue… Car dès que le revêtement affiche une surface digne d’une peau d’adolescent, la Mito perd de sa superbe… Les suspensions ont du mal à maintenir les mouvements de caisse et ça secoue comme dans une montagne russe ! On peut appeler ça un manque de rigueur ou un caractère bien trempé, suivant l’humeur et le taux d’affinité…

Budget

A 22.300 €, la Mito QV affiche un tarif dans la moyenne : une Renault Clio RS de 200 chevaux est déjà disponible pour 500 € supplémentaires ! D’autant que l’équipement frise l’indigence : il s’agit de piocher dans la liste d’options pour disposer de l’accoudoir central avant, du régulateur de vitesse, des capteurs de pluie et de lumière, du pédalier en aluminium… Mais elle se rattrape à la pompe : il est assez facile d’accrocher les 8 l/100 km de moyenne tout en se faisant plaisir.

Alors ?

Imparfaite, la Mito QV n’est certes pas la plus ébouriffante des bombinettes. Mais ne la prenez pas pour ce qu’elle n’est pas : cette Mito, ce n’est pas une sportive décoiffante et ultra efficace qui vous incitera à aligner les tours sur circuit… Considérez-la plutôt comme une mini GT, une citadine musclée et stylée, mais au caractère bien trempé. Et à cette condition, cette frétillante italienne saura vous faire succomber !