Essais

Folle aventure en Champagne !

Il y a des jours où, franchement, je ferais mieux de me taire. Débordant d’enthousiasme, j’annonce à notre photographe fétiche notre prochain périple : un road-book en Champagne, au volant d’une monture dépourvue de tout confort décadent ! A l’ancienne, on a dit ! Pas de fenêtres, pas de clignotant, pas de toit, pas de chocolat et… même, en plein périple, sans air dans un pneu ! Gonflé, dites-vous ? C’est aussi l’avis de notre Julie nationale… Notre monture ? Une enivrante Austin Healey 100/4 de 1954 !
  • Piette François
  • 26 septembre 2011
  • Austin
Avantages et inconvénients
  • Conception robuste et simple
  • Détails d'une grande finesse
  • Ligne époustouflante
  • Moteur souple
  • Sonorité évocatrice
  • Boîte déroutante
  • Comportement vintage
  • Confort relatif
  • Entretien exigeant
  • Freinage d'époque

Sécurité avant tout !

Mon enthousiasme étant directement proportionnel à l’angoisse de notre photographe, cette dernière me demande tout de go, sur un ton manifeste d’inquiétude : « Et des ceintures, il y en a ? Je tiens à ma vie ! »… Mon ignorance totale sur la question lui semble aussi rassurant qu’un jeune lion affamé dans une cage en frigolite... Mais pour ma part, la motivation est à son comble : cette Austin Healey, j’en rêve depuis longtemps !

Mélange complexe

Aussi excité qu’un courtisan la veille d’un rendez-vous secret avec sa Reine, je découvre enfin la belle… Superbe dans sa livrée rouge, elle présente un mélange complexe de virilité et de féminité. Ses courbes enjôleuses envoûtent, mais trahissent la puissante musculature d’un athlète prêt à bondir… La finesse se loge dans les innombrables détails chromés : si elle renvoie à une image de roadster viril, cette Austin Healey joue également les coquettes ! Cerise sur le gâteau : il fait radieux ! Et heureusement, monter la capote demande un entraînement au Mikado avec des gants de boxe…

Au petit matin

Notre périple débute par un monotone tronçon d’autoroute, seulement ponctué par mes « gauche ! » ou « droite ! » nous valant de larges gestes indiquant aux autres usagés nos intentions de direction, absence de clignotants oblige… Assise au raz du sol, le visage fouetté par le vent, le grondement caverneux du moteur dans les oreilles et les vibrations intenses lui rappelant l’existence de certains membres corporels oubliés, Julie, toujours aussi inquiète, me hurle : « et ça va nous faire combien de kilomètres aujourd’hui ? ». Rassurant, je lui réponds « à la grosse louche, 600 ! ». Ambiance… Car cette fois, nous avons décidé de vous emmener en Champagne-Ardenne : une région éminemment connue pour son breuvage crépitant, mais qui reste à découvrir pour le charme de ses verdoyantes campagnes !

A l’ancienne, on a dit !

L’itinéraire, vu depuis la carte, c’est très simple : Charleroi, Couvin, Rocroi, Rethel, Reims. Au diable donc tout système de navigation, on ne peut pas se tromper : depuis Waterloo, Couvin, c’est tout droit à travers Charleroi ! Oui, mais… Tout droit, c’est par où ? Avec toutes ces déviations pour cause de travaux, mon sens de l’orientation vacille, et finit par tomber dans un précipice bien profond ! Résigné comme un écolier devant ses devoirs, je finis par demander le GPS stratégiquement embarqué par l’artiste… Et nous revoilà sur la bonne route !

Couvin !

Voilà 100 kilomètres que l’on roule et, enfin, verdure riante, dénivelés impressionnants et… euh …  faune   odorante se pointent devant nous. Enthousiasmé par cet accueil si chaleureux, me vient alors l’idée saugrenue de rabattre le pare-brise, chose possible sur ce roadster pour purs et durs ! Mais la simple suggestion de l’idée m’a valu une lueur d’une démoniaque réprobation dans les yeux de notre Julie… Il aurait sans doute fallu que je dégotte une route sans moustique kamikaze… Tant pis pour l’aération colossale, l’aventure continue !

Ça ronfle !

« En bas à droite ; en bas à droite ; en bas à droite… » Non, il ne s’agit pas d’une consigne pour masseuse, mais bien d’une petite phrase qui a trotté non-stop dans ma tête et qui concerne l’emplacement du premier rapport de la boîte de vitesses ! Une grille joyeusement farfelue et qui enchaîne sur une deuxième en haut… à gauche et une troisième juste en dessous ! Pour le quatrième rapport, voyez l’overdrive ! Pendant ce temps, le gros 4 cylindres (2,7 litres de cylindrée pour 90 chevaux !) ronfle puissamment dans les graves mais ne parvient pas à couvrir le gazouillis trépidant de nos estomacs affamés…

Flap, flap, flap

Paysages vallonnés, plein soleil, roadster enivrant, le nirvana ne semble plus très loin… D’autant que je finis par m’habituer à cette improbable boîte de vitesses et à ce comportement routier très… vintage ! Disons que les freins demandent une certaine dose de patience et que le comportement remue gaiement dans les brancards ! Au moins, on sent que ça vit… Surtout maintenant, où l’arrière semble chasser plus que de raison. Oreilles aux aguets et… banco : le « flap flap flap » annonciateur d’un programme comprenant cric-roue de secours-maillet se fait entendre !

Mécène sans freins

D’ailleurs, dans un geste supposé salvateur, un honorable usager de la route nous dépasse et se gare devant nous pour nous signaler la chose. Un geste élégant, mais qui aurait pu être accompagné de celui qui sert le frein à main… Promis juré, à peine avait-il exécuté quelques pas en notre direction que sa belle Audi break s’en alla bécoter le fossé… Un tracteur plus tard, le voilà heureusement sorti d’affaire, sans bobo !

Saleté de papillon !

Pour ma part, aussi confiant qu’un politicien en période électorale, j’énumère les avantages des splendides roues à rayons à notre distinguée photographe, parmi lesquels figure la facilité de démontage. Une petite démonstration se valant généralement plus explicite qu’un long discours, j’empoigne le maillet et m’apprête à dévisser cet élégant papillon de fixation…

Résultat : 4 litres de sueur, 37 jurons vociférés     et quelques cloches plus tard, le papillon n’avait pas bougé d’un poil… Il ne me reste plus qu’à faire appel au pire ennemi du voyageur en panne : le service dépannage ! Une tradition de lenteur encore confirmée en cette belle journée… Le soleil tape dur et alors que notre artiste surchauffée semble cuite à point, nous arrive un samaritain en Fiat Panda bringuebalante ! Navré de ne pouvoir nous venir en aide, il ne tarda pas à se repointer, armé de sandwichs et d’une bouteille d’eau fraîche… Une telle démonstration de solidarité regonfle le moral… mais pas le pneu !

Zorro est arrivé ! Sans se presser…

Arrivant tel Zorro au secours de la veuve et de l’orphelin, le dépanneur tente un dépannage sur place, mais sans succès. Ce qui me rassure quant à mes capacités, mais m’inquiète quant au déroulement de la suite de nos aventures… Tout d’abord, il va falloir faire grimper l’Austin sur le plateau. Et avec un échappement renâclant le sol, pas évident ! Une jolie pelletée de cales en bois plus tard, formant un pittoresque escalier, la voilà sur la dépanneuse… C’est la journée des grandes premières pour notre artiste, qui après avoir expérimenté en grande première une crevaison, connaît les joies du dépannage ! Arrivés au garage, notre mécano fait preuve d’un inflexible sang froid et finit par dévisser ce papillon récalcitrant au prix de moult tentatives infructueuses…

On est reparti !

Nous revoici sur la route ! Cette fois, la Healey glisse littéralement sur la route, les vibrations se font nettement moins denses mais… notre planning a du plomb dans l’aile ! Nous finissons par bifurquer sur la route touristique du Champagne et grimpons la Montagne de Reims. Ne rêvez pas de sommets enneigés, surtout en cette journée estivale, mais si le breuvage éponyme vous titille les papilles, n’hésitez pas une seconde ! Les innombrables producteurs se succèdent à un rythme hallucinant et le tout est entrecoupé de majestueux champs de vignes. Séance photo obligatoire, le temps de me mettre aux ordres de notre protagoniste de la gâchette ! Sacy, Villers-Allerand, Rilly-La-Montagne et bien d’autres, autant de petits bourgs qui méritent assurément le détour, pour une séance de dégustation bien sûr, mais aussi pour la beauté des lieux et le caractère des villages.

Le retour ne fût qu’une formalité, les 250 kilomètres étant avalés avec gourmandise par l’Austin Healey. A bord, l’ambiance tombe d’un cran, fatigue physique et morale ayant eu raison de nos joviaux échanges… Mais quelle journée ! Promis, votre duo préféré vous concocte une suite, via l’incontournable circuit de Gueux !

Nos remerciements au classic club pour le prêt de cette très belle Austin Healey 100/4.
 

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À propos de l'auteur : Piette François

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