Essais

La quatrième dimension

Prenez place dans les confortables fauteuils, humez l’odeur du cuir, décapotez et démarrez l’énorme V8 de 6,75 litres de cylindrée. Vous comprendrez que cette voiture-là n’est pas tout à fait comme les autres.
  • Piette François
  • 06 juin 2008
  • Bentley
Avantages et inconvénients
  • Charme du v8
  • Confort
  • Fidélité aux origines
  • Prestige du félin
  • Raffinement
  • Direction
  • Encombrement
  • Manque de mordant des freins
  • Masse élevée

Il est ce ces logiques de groupe qui nous ennuient. Tout simplement parce qu’à force de partager les plates-formes, de puiser dans la même banque d’organes et de faire appel aux mêmes sous-traitants pour la fourniture des habitacles et des commandes, certaines voitures finissent par perdre une grande partie de leur spécificité, et par conséquent de leur personnalité. La Bentley Azure n’est pas de celles-là. Pas plus que l’Arnage d’ailleurs, dont elles est dérivée. Et même si la marque appartient aujourd’hui au géant Volkswagen, son caractère typiquement british est omniprésent. Walter Owen Bentley, qui fonda sa compagnie en 1919, ne doit donc pas se retourner dans sa tombe. Lui qui, douze ans plus tard, accumulait déjà cinq victoires aux Fameuses 24 Heures du Mans. Malheureusement, même son pilote fétiche, Woolf Barnato, fut impuissant à sortir Bentley de ses difficultés financières, et la marque fut reprise par Rolls-Royce en 1931. Jusqu’en 2002, les Bentley furent ainsi des Rolls jouant moins la carte de la noblesse que celle du dynamisme. Aujourd’hui, Rolls-Royce appartient à BMW et Bentley est passé sous le giron de Volkswagen. Et la gamme s’est développée, notamment avec la multiplication des modèles Continental (GT Coupé, GT Speed, GTC et Flying Spur) qui ne peuvent renier leur appartenance au groupe allemand. Ce n’est pas du tout le cas de l’Arnage et de l’Azure, sa version découvrable. Toutes deux conservent en effet des gênes Rolls-Royce, à savoir la plate-forme de la défunte Silver Seraph et le moteur huit cylindres en V « six litres trois quarts » gavés par deux turbos.

Le charme du classicisme

En découvrant l’Azure pour la première fois, on est immédiatement frappé par la fluidité de la ligne. Le charme agit immédiatement, et les 5,4 mètres de long de la voiture ne paraissent pas démesurés tant les proportions sont harmonieuses. Avec son museau de gros félin, ses deux énormes portes et sa longue capote en toile, l’Azure se veut singulière, mais fait preuve de douceur dans sa présentation. Bien élevée, elle rejette le côté ostentatoire auquel elle préfère le charme quelque peu désuet du classicisme. Le responsable de l’importation qui me confiait les clés de la belle était de la même veine, me faisant découvrir l’environnement cossu du poste de conduite. « Au fait, vous avez vu que les jantes étaient griffées » lui lançais-je, rompant ainsi le cérémonial. « Oui, je sais, la voiture est très large » me répondit-il. Certes, l’Azure fait près de deux mètres de large, mais ce sont surtout les jantes à déport (19 pouces tout de même) qui posent problème : elles débordent des pneus et se font donc « rectifier « régulièrement lors des créneaux. Mais il est vrai que les propriétaires de ces voitures font rarement des créneaux. Les clients des Arnage et Azure vivent en effet dans un autre monde, une sorte de quatrième dimension. Ils sont ainsi 30% à posséder un Yacht, détiennent une petite dizaine d’automobiles d’exception, et une frange d’entre eux voyage dans leur jet privé.

Onze vaches à bord

Après avoir décortiqué la carrosserie sous tous les angles, il était temps de prendre place à bord. L’Azure est un cabriolet à quatre places, même si la garde au toit capote fermée est plus limitée à l’arrière et que l’accès n’y est pas aussi aisé que sur une quatre portes. Par contre, l’ambiance est carrément royale. Pas moins de onze vaches sont nécessaires pour recouvrir de cuir tout ce qui doit l’être, et les bois précieux, marquetés ou non, se comptent par mètres carrés. Le métal est présent aussi, avec du chrome et de l’inox poli. Et sous les pieds, c’est de la laine d’agneaux qui fait office de tapis de sol.

Feulement de V8

Avant de tourner la clé de contact, une simple pression sur le bouton de commande hydraulique permet à l’impressionnante capote triple couche de se ranger avec élégance sous le couvre-capote garni de cuir, et ce en moins de 30 secondes. C’est le moment de démarrer. Le gros V8 suralimenté par deux turbocompresseurs à faible inertie se réveille dans un feulement feutré. Au programme : 450 chevaux disponibles au paisible régime de 4.100 tr/min, mais surtout 875 Nm à 1.800 tr/min seulement. De quoi déplacer les 2,7 tonnes de l’Azure sans trop de problème.

Trouver le rythme

Mais même si elle est capable de passer de 0 à 100 km/h en moins de 6 secondes et de pointer à 274 km/h, l’Azure se déguste à un autre rythme. Sur un filet de gaz, la boîte automatique enchaîne les six rapports à son aise pendant que le vent caresse les cheveux. Et lorsqu’il faut dépasser ou s’insérer dans la circulation, un coup de gaz suffit à vous propulser vers l’avant comme le ferait un élastique. Mais inutile de conserver une cadence élevée plus longtemps. Car si les suspensions électrohydrauliques adaptatives contrôlent relativement bien les mouvements de caisse, la direction et le freinage manquent de précision et de mordant. Alors on reprend son rythme de croisière, et on se dit que le luxe a du bon…

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: Manufacturer. Source ©: Bentley.

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