Essais

BMW R nineT Scrambler: Merci, les barbus!

Les hipsters, souvent raillés, ont apporté ceci de positif: un regard neuf - mais non dénué de nostalgie - sur le monde de la moto, et une approche moins technologique et sportive que celle que tentent souvent de nous imposer les constructeurs. Le résultat pratique de leurs élucubrations est parfois intéressant, le plus souvent pathétique, mais le mouvement initié force les fabricants de motos à se pencher sur cette tendance et à y apporter leur propre interprétation, pour notre plus grand bonheur!

  • Wouters Bruno
  • 19 novembre 2016
  • BMW
Avantages et inconvénients

      Tout va très vite aujourd'hui (hormis les vitesses permises sur route ouverte!), la mode n'y échappe pas. S'il était encore de bon ton, il y a peu, de s'inscrire dans la mouvance café-racer, c'est le scrambler qui marque maintenant son grand retour. Quoi de plus logique? La vitesse devient de plus en plus répréhensible, et l'agrément, doublé du sentiment de liberté que véhiculaient les scramblers dans les années '60, dégage une saveur irrésistible: les motards tiennent leur madeleine de Proust! Vous ne pouvez pas ne pas vous rappeler cette splendide jeune femme, complètement nue, au guidon d'une Honda CL350 dans cette scène devenue mythique du film Point Limite Zéro (Vanishing Point, en V.O.)!

      Apparus avant les trail-bikes, les scramblers étaient directement dérivés d'une moto routière. Troquant le guidon pour un modèle renforcé plus haut et plus large, équipé d'un échappement latéral relevé et parfois de pneus plus sculptés, la routière se donnait de petits airs de baroudeuse du meilleur effet. Du "SUV moto" avant l'heure, en fait.

      Liberté chérie

      Ça ne suffisait pas à briller en tout-terrain, mais autorisait à tout le moins de quitter le bitume et d'arpenter les chemins, le grand guidon et le poids modéré des machines de l'époque facilitant le contrôle. Rapidement remplacés par de plus légers trails bike, les scramblers disparurent dans les années '70 avant d'être ressortis de la naphtaline il y a une dizaine d'années, notamment avec la Triumph Bonneville Scrambler.

      La boucle est bouclée et de plus en plus de constructeurs relancent ce type de machines, ô combien sympathiques à l'usage. Certains en font même une marque dans la marque, comme Ducati, avec pas moins de six modèles! BMW, qui y était allé de son presque café racer avec la R nineT en 2014 exploite le filon et nous revient cette année avec une prometteuse nineT Scrambler!

      La recette existe depuis les années '50 et BMW ne l'a guère modifiée. Prenez une nineT, mettez lui un guidon placé plus haut et des échappement latéraux relevés, proposez des pneus mixtes et saupoudrez le tout de quelques touches basiques comme une fourche conventionnelle ou un tableau de bord réduit à sa plus simple expression et vous y êtes, à peu de choses près!

      nineT

      Parmi les autres points de différence avec la nineT, le Scrambler se distingue par ses jantes en alu coulé dont l'avant passe de 17 à 19 pouces, (les roues à rayon de notre exemplaire sont disponibles en option) et un débattement de suspension légèrement augmenté, tout comme l'empattement et l'angle de chasse.

      La selle (plus fine) et la position des repose-pieds (abaissés et reculés) évolue aussi, le réservoir abandonne l'alu pour l'acier (le réservoir alu se retrouvant au catalogue des options). Pour le reste, le Scrambler reste une nineT et donc une machine pensée pour laisser libre cours à la personnalisation, de préférence en piochant parmi les multiples propositions offertes par le constructeur. Marketing, quand tu nous tiens…

      Norme Euro4 exige, le moteur subit quelques évolutions, principalement au niveau du catalyseur, mais aussi de la cartographie, redéfinie pour mieux coller à l'esprit de la machine.

      Un regard distrait ne distinguera sans doute pas immédiatement le Scrambler de sa sœurette. Les différences en effet ne sautent guère aux yeux, certains s'en réjouiront tant la nineT arbore un dessin réussi; d'autres auraient sans doute apprécié un caractère plus marqué "scrambler".

      Cool attitude

      La position de conduite, plus naturelle et facile, privilégie une conduite davantage décontractée, en phase avec l'esprit du produit. Il en va de mêmes avec les autres modifications, orientées vers le même objectif: la géométrie, la roue de 19', la fourche conventionnelle, le freinage moins incisif, et même le compteur minimaliste n'affichant quasiment que le kilométrage, l'heure et la vitesse: tout concourt à recréer avec brio l'esprit même des scramblers: plaisir, facilité et décontraction.

      Nous retrouvons avec satisfaction le boxer à air, tellement attachant dans sa dernière évolution. BMW a eu le bon goût de ne pas monter son boxer "liquid cooled" sur ses iconiques nineT, qui n'auraient du coup pas exhalé la même saveur. Est-ce le passage à l'Euro4 ou la cartographie revue? Il se montre ici moins rageur, plus policé que sur la nineT, ce qui ne l'empêche pas de garder un sacré tempérament quand on le provoque. Et cette sonorité!

      Un bémol pour le confort: la selle est vraiment inconfortable, tant par sa dureté que par son dessin, avec ses arêtes marquées. Point de salut non plus dans l'augmentation des débattements qui n'ont pas apporté un surcroît de souplesse qui eut été bienvenu. Les réactions restent sèches, trop sèches.

      Große filou!

      Le comportement routier approche celui de la nineT, sans l'égaler. Pareil pour le freinage. C'est comme pour le tableau de bord: on peste d'abord de devoir se contenter de si peu, et puis on se dit rapidement: pourquoi faire? Pourquoi crouler sous des infos plus ou moins inutiles, pourquoi vouloir toujours tirer le dernier carat d'une machine, au risque de se mettre au tas? Et on se rend alors vite compte que le basique cadran suffit largement, et que cette machine roule sacrément bien!

      A peine moins efficace que la nineT, le Scrambler se montre plus apaisant et incite moins à hausser le rythme. Le plaisir de rouler, nez au vent, sans doute l'essence même de la moto. Rien que pour nous avoir rappelé ça, on les embrasserait bien, les hipsters!

      Après, il faudra faire ses comptes: un scrambler avec des roues à rayons (logique, non?!?) et un réservoir en alu (c'est beau, non?!?) se paie 13.390 €, auxquels s'ajoutent donc 430 € pour les roues et 970 ou 1.080 € pour le réservoir (avec ou sans soudure), sans oublier 345 € pour l'antipatinage relégué lui aussi au rayon des options, soit un minimum de 15.135 €, à mettre en balance avec les 15.400 € réclamés pour la nineT, équipée d'un train avant et d'un tableau de bord plus sophistiqués. Ils ne se moqueraient pas un peu de nous, les teutons?!?

      BMW

      Lire plus:

      À propos de l'auteur : Wouters Bruno Bruno Wouters collabore avec Vroom depuis 2005. Tant qu’il y a des roues et un moteur, c’est un homme heureux.
      Et s’il apprécie les progrès technologiques, rien ne le lui plaît plus que de parcourir les routes de campagne au volant d’une Morgan ou d’une moto, pour les sensations!
      Photos ©: Bruno Wouters. Source ©: BMW Motorrad.

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