Essais

American Muscle !

Gueule racoleuse, sonorité affolante de gros V8 yankee, dimensions hors-normes et accélérations tonitruantes : voilà les caractéristiques indispensables à toute « American Muscle Car » ! Un genre bien particulier, pas encore très répandu en Europe, mais qui (re)connaît un succès foudroyant outre-Atlantique ! Et cette Dodge, dans le genre Bad Boy, n’est certainement pas la dernière !
  • Piette François
  • 11 juin 2010
  • Dodge
Avantages et inconvénients
  • Boîte douce
  • Confort étonnant
  • Habitabilité pour 4
  • Ligne évocatrice
  • Moteur plein de caractère
  • Rapport prix/performance imbattable
  • Sonorité d’enfer
  • Agilité et freins discutables
  • Consommationé
  • Discrétion
  • Encombrement
  • Manœuvres de créneau pénibles
  • Manque de raffinement
  • Pas de capteurs de parking

Présentation

Il fût un temps où les voitures de sport américaines n’étaient pas considérées très au sérieux de ce côté-ci de l’Atlantique. Les préjugés volaient dans tous les sens : ces bateaux de la route étaient certes capables d’accélérations dantesques en ligne droite et affichaient une très fière allure, mais lorsqu’il s’agissait d’arpenter les petites routes sinueuses bien de chez nous, elles étaient aussi à l’aise qu’un hippopotame sur un exercice de funambule ! Bref, une bien mauvaise réputation (parfois très fondée !) qui réservait ces voitures aux nouveaux riches en manque de reconnaissance… Les temps ont bien changé et les Américains ont compris que les voitures de sport devaient également être capables de négocier un virage ! La leçon a été tellement bien retenue que quelques sportives « yankee » se sont même permises de défier (et parfois, battre !) les voitures européennes : Chevrolet Corvette (principalement), Dodge Viper, Ford GT…

Evoquant sa célèbre muscle car des 60’s, Dodge ressuscite donc la Challenger en surfant sur la vague néo-rétro actuelle ! Après la Mustang et juste avant la Camaro, Dodge s’incruste donc dans cette brèche avec une certaine légitimité. Basée sur une plateforme de Chrysler 300 C, cette Dodge a donc les dessous européens : l’origine provient de l’ancienne Mercedes Classe E ! Voilà un certain gage de qualité ! Ce qui fait que, contrairement à la Mustang, la Challenger a droit à une suspension moderne, à 4 roues indépendantes ! Sous le capot, Dodge propose un choix de trois moteurs, tous essence bien entendu : un V6 de 3.5 l de 250 chevaux, un V8 Hemi de 5.7 l de 370 chevaux et un V8 SRT-8 de 6.1 l et 425 chevaux ! Les boîtes de vitesses sont automatiques ou manuelle.

Allure !

Immanquablement, cette Challenger est un véritable aimant à regards ! Petits et grands, hommes et femmes, se retournent sur son passage, alertés par le bruit caverneux et surpris par l’allure agressive du bolide ! Si notre monture arborait un noir commun, il est néanmoins possible de la commander dans une couleur autrement plus évocatrice, comme ce rouge-orange bien typé 70’s ! Autre sujet d’étonnement : les dimensions ! Cette voiture est un véritable paquebot, complètement dans la philosophie américaine, qui dépasse les 5 mètres en longueur et frôle les 2 mètres en largeur ! N’oubliez donc pas de mesurer votre garage avant de passer commande ! Quant aux manœuvres de parking, elles ne sont franchement pas évidentes, handicapées par la piètre visibilité arrière et l’absence de capteurs de parking.

Moteur

Sous le capot de notre exemplaire trônait fièrement le tout-puissant V8 SRT-8 ! Rien de bien sophistiqué toutefois : ne rêvez pas d’arbres à cames en tête, de déphaseur de distribution, d’admission variable ou autres, ce V8 recourt à un arbre à cames central et à 2 soupapes par cylindres ! Pas de festival technique donc, mais comme tout gros cube qui se respecte, il affiche une puissance colossale : 425 chevaux à 6.200 tr/min et un couple de 569 Nm à 4.800 tr/min. En termes de puissance et de couple spécifiques, ce moteur est largement dépassé. Mais comme le gros rouge qui tache a parfois des vertus auxquelles ne peuvent prétendre les grands crus, ce moteur affiche un caractère entier et… explosif !

Sa simple mise en route est un vrai bonheur : après avoir aboyé au travers de la ligne d’échappement bien permissive, ce moteur fait remuer la caisse et donne des frissons dans le dos. Un petit coup de gaz, juste pour voir, et c’est le quartier entier qui frémit ! Costaud, ce moteur entame sa montée en régimes par un vrombissement contenu, mais évocateur. Puis, à 4.000 tr/min, il hurle violemment, dans une clameur typique de V8 américain, pousse à n’en plus finir et expulse l’aiguille du compte-tours droit dans la boîte à gants ! A peine passé les 6.000 tr/min, la boîte change de rapports et le même schéma se reproduit ! Voilà un comportement tout à fait hors du temps, qui fera trembler les écolos, mais qui donnera des moments émouvants à qui garde une certaine nostalgie de la flamboyante époque des 60’s !

Transmission

De série, la SRT-8 est équipée d’une boîte automatique à 5 rapports, transmettant la puissance aux roues arrière. Assez douce et dotée d’une gestion relativement intelligente, cette boîte réfute tout mode sport ou hiver. Si on y trouve bien un mode manuel (assez lent), ne rêvez pas de palettes derrière le volant ! Bref, à l’image de la voiture, cette boîte ne fait pas dans une complexité excessive, loin de là, mais permet des évolutions douces et ouatées en ville. Un bon point ! Quant au kick-down, il est très impressionnant : le museau se cabre, le moteur vocifère de sa voix rauque et les occupants sont plaqués contre leurs sièges !

Pour plus de sensations, il est possible de commander une boîte manuelle à 6 rapports en option. Cette dernière s’accompagne d’un package sport complet, qui comprend le différentiel à glissement limité, l’ESP complètement désactivable, la direction revue,…

Comportement routier

Contrairement à la Mustang qui s’en remet à des solutions archaïques, la Challenger, on l’a dit, repose sur une base de Classe E. Voilà qui est un gage de sérieux et de qualité. Et de fait, la voiture affiche un comportement honorable sur routes, avec un excellent filtrage des suspensions et une bonne stabilité. En courbe, les mouvements de caisse sont assez bien contenus (évitez tout de même d'en faire trop sur routes bosselées...), mais l’agilité est pénalisée par la masse de l’engin : 1,9 tonne, ça compte ! Le volant, énorme, commande un train avant assez sûr, mais très lourd, et le pied droit dirige le train arrière. Sur le sec, pas de soucis, ça manque certes de classe et de raffinement, mais ça passe ! Sur le mouillé, redoublez de vigilance ! Heureusement, l’ESP veille au grain ! L’agilité n’est donc pas le point fort de la Challenger, la masse importante et les dimensions imposantes l’en empêchent. Quant au freinage, j'avoue humblement ne pas avoir osé le pousser dans ses ultimes retranchements, mais il n'inspire pas une grande confiance en conduite dynamique.

Confort

Cruise control sur 120 km/h, une main posée nonchalamment sur le volant, le moteur barbote gentiment et les suspensions se chargent de faire oublier les défauts de revêtement. La Challenger est un formidable vaisseau à voyager, même à quatre ! Si l’on oublie les contraintes de consommation du moins… L’habitabilité est taillée pour les gabarits sevrés aux Giant Burger, la stéréo est excellente (comme toute Américaine qui se respecte) et la climatisation se charge de souffler un vent glacial (comme toute Américaine qui se respecte – bis). Le coffre manque toutefois de volume pour les grandes escapades. La Challenger, et au vu de son prix, cela n’a rien d’anormal, se passe également des derniers gadgets high-tech (pas de climatisation automatique ou de cruise control adaptatif, voire de système de navigation dernier cri). La finition est très bonne, comparée aux précédents produits américains, mais marque le pas face à la concurrence européenne. Néanmoins, on peut se féliciter des progrès accomplis !

Equipement et prix

De série, la Challenger fournit l’air conditionné manuel, le cruise control, la boîte automatique, les sièges chauffants et électrique pour celui réservé au conducteur, la radio MP3, les jantes alliage de 20 pouces,… Au rayon des options, on note la boîte manuelle avec autobloquant, le démarrage (!) à distance via la télécommande (sic, le détail qui tue pour impressionner le quidam !), la stéréo évoluée avec chargeur 6 CD, l’alarme, le rétroviseur électrochromatique,…

La Challenger, si elle n’est pas officiellement importée, est disponible sur demande spécifique auprès de certains concessionnaires, au prix de 51.900 € ! Pour la version SRT-8 ! Oui, oui, un coupé 4 vraies places, de plus de 5 mètres, motorisé par un V8 de plus de 400 chevaux pour à peine plus de 50.000 € !

Bien évidemment, il faudra tabler sur une consommation importante : s’il est possible de ne faire ingurgiter au V8 que 13 à 14 litres aux cent, c’est au prix d’une conduite calme à rythme constant. Pour un style plus « fantaisiste » ou en conduite urbaine, la valeur s’envole à près de 20 litres ! Et je ne vous parle pas du prix des pneus !

Conclusion

On a connu plus raffiné. On a expérimenté plus subtil. On a testé plus performant, plus efficace, voire mieux équipé. Mais la Challenger est une voiture qui donne le coup de cœur : sa ligne racoleuse, son timbre de voix inimitable et son ambiance tellement typée yankee en font une voiture terriblement attachante, qui échappe à toute logique, y compris celle du politiquement correct !
 

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: François Piette. Source ©: Dodge.

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