Essais

Aston Martin DB6 1965 : Fin de race

La DB6, ce n’est pas qu’un style qui évoque la classe à l’état pur. C’est aussi une fantastique machine issue d’une époque qui paraît bien révolue et un puissant 6 cylindres qui résonne encore dans ma tête… Séquence émotions !

  • Piette François
  • 25 avril 2017
  • Aston Martin
2,8
score VROOM
  • 3,5
    Performance
  • 3,5
    Tenue de route
  • 3,0
    Confort
  • 1,0
    Équipement
  • 0,5
    Sécurité
  • 2,5
    Prix/Qualité
  • 3,0
    Consommation
  • 5,0
    Global
Avantages et inconvénients
  • Charisme
  • Moteur charismatique
  • Sonorité enivrante
  • élégance de l'habitacle
  • Entretien astronomique
  • Physique à conduire
  • Tarif élevé

En 1958, Aston Martin est loin d’avoir la même réputation qu’aujourd’hui. James Bond n’est pas encore venu mythifier l’image de marque et la DB2/4 souffre d’un style suranné et de performances de second plan… David Brown, alors à la tête de l’entreprise, lance toutes ses forces dans un nouveau produit : la DB4. Toute nouvelle, dotée d’une carrosserie en aluminium magistralement dessinée par Touring et motorisée par un nouveau et puissant 6 cylindres signé Tadek Marek, la DB4 donnera ses lettres de noblesse à la marque.

Non, ce n’est pas celle de James Bond !

En 1963, Aston Martin fait évoluer son modèle : la DB5 entre sur scène, à la fois plus luxueuse et plus puissante. Et grâce à un certain James Bond, celle-ci accède instantanément au statut d’icône ! La promotion est alors assurée pour les 50 années à venir… Pourtant, ce modèle ne restera pas longtemps au catalogue : deux ans plus tard, en 1965, la DB6 la remplace. Reposant sur un empattement rallongé, elle promet deux belles places à l’arrière. Plus confortable et souvent commandée avec une boîte automatique, la DB6 incarne aux yeux de nombreux puristes, la fin d’un règne. En 1969, Aston Martin tente un ultime relooking de la DB6, avant de la remplacer définitivement en 1970 par la DBS.

Quelques chiffres…

En dépit d’un empattement rallongé de 9 cm et d’une longueur totale de 4,62 m, la DB6 n’accuse que 8 petits kilogrammes supplémentaires face à la DB5. Mécaniquement, rien ne bouge : le long capot avant s’ouvre toujours sur un magnifique 6 cylindres en ligne de 4 litres de cylindrée, tout en alliage et doté de deux arbres à cames en tête. Une magnifique pièce d’ingénierie qui aura d’ailleurs remporté les 24 heures du Mans en 1959. Dans sa version standard, soit alimenté par 3 carburateurs SU, il développe 286 chevaux. Aston Martin proposait également une version Vantage à 3 carburateurs Weber de 325 chevaux.

Un style charmeur à souhait

Certes, on peut ne pas trop apprécier la partie arrière, avec l’aileron intégré à la malle arrière et les feux de Triumph TR4. Mais il n’empêche : l’ensemble dégage un charme, un charisme et une noblesse absolument incomparables. Touring s’est pourtant bien gardé de sombrer dans les artifices, en préservant une grande pureté de lignes. Impossible de ne pas se sentir impressionné et… charmé !

Un parfum authentique

Pénétrer dans l’habitacle ne se fait pas sans émotions non plus : dès l’ouverture de la porte, l’odeur de cuir et d’huile chaude forme un parfum unique. S’installer à bord n’est en rien compliqué, d’autant que la position de conduite est idéale : vous êtes suffisamment bas pour vous rappeler que vous êtes à bord d’une sportive mais pas trop, que vous vous souveniez du noble pedigree. Les commandes tombent bien en mains et sous les yeux, le spectacle continue…

Au diable les stéréotypes !

Le tableau de bord, dont la forme originale rappelle la calandre en « chapeau de Napoléon », n’est pas un modèle de lisibilité, mais la présentation vous fait oublier ce défaut secondaire… Quant aux stéréotypes sur les tableaux de bord des Anglaises nécessitant l’ablation totale de la forêt amazonienne, ils volent en éclats : ici, tout est noir. Mais chez les Anglais, le noir ça fait sport, contrairement aux Allemands où ça fait terne. En effet, outre la forme du tableau de bord, les cadrans chromés et la superbe jante bois du volant donnent une touche de luxe bien ajustée.

Une familiale

Quand Aston Martin annonce 4 vraies places pour sa DB6, il ne se paye pas la tête du client, à l’instar de quelques constructeurs actuels… Il est effectivement possible d’embarquer 4 adultes : les places arrière sont généreuses au niveau de la garde aux jambes et réclament juste aux plus grand de courber l’échine. Quant au coffre, il engloutira sans problème tous les bagages…

En route !

C’est évidemment dans un état d’une grande fébrilité que votre serviteur s’installe au volant. Au démarrage, le 6 cylindres résonne sourdement, dans un fantastique grondement à faire trembler les murs ! Quel bruit ! Le pédalier demande un minimum d’appréhension : face aux sportives actuelles, la DB6 demande une vraie implication du conducteur. Comprenez qu’à la moindre caresse sur l’accélérateur, le moteur répond très vivement, grimpant dans les tours comme s’il n’avait aucune inertie.

Première engagée, je relâche prudemment l’embrayage et la DB6 démarre docilement. Celle que j’imaginais être un camion, rétive à la conduite et lourde dans les enchaînements, se révèle finalement douce et facile. Certes, les commandes ne sont pas légères, notamment la direction, mais tout répond avec précision : si elle n’est pas très directe, la direction (à crémaillère) permet de placer la voiture exactement où vous le désirez.

Un tonnerre d’échappement

Longue, mais assez étroite (1,68 m), la DB6 se laisse facilement conduire. Mais comment ne pas résister à l’appel des sirènes de ce gros moteur situé juste là devant vous, sous ce capot magnifiquement galbé ? Une pression sur l’accélérateur et le 6 cylindres entonne une sublime partition, à mille lieux des bruits « trafiqués » d’aujourd’hui : un tonnerre d’échappement rauque qui s’accompagne d’accents métalliques dès 3.500 tr/min ! J’en ai les poils hérissés sur les avant-bras…

Gaz à tous les étages !

Très souple, le moteur trouve une seconde vigueur à 3.000 tr/min et pousse très fort jusqu’à la lisière de la zone rouge, à 5.500 tr/min. L’excellente boîte ZF à 5 rapports permet un changement facile et le moteur repart de plus belle à chaque nouveau rapport, avec en fond sonore, cette bande-son héroïque qui rappelle les plus belles heures du sport automobile… Bien sûr, les freins (4 disques) sont honnêtes mais d’époque, le châssis, tout équilibré soit-il, manque de vivacité et l’adhérence n’a rien de comparable avec celle d’une petite berline diesel actuelle. Mais peu importe les chronos : le charme a opéré sur ma pauvre petite personne…

Aujourd’hui…

Si elle reste dans l’ombre de ses aînées DB4 et DB5, la DB6 a néanmoins profité de l’envolée des cotes de ces dernières : comptez environ 350.000 € pour un exemplaire en très bel état ou à l’historique limpide. Un modèle « concours » peut se négocier dans une tranche de 30 à 50 % supérieure. Les modèles dotés d’une boîte automatique sont nettement moins désirables et sont donc affichés à une valeur inférieure : environ 280.000 €. Mais si vous recherchez l’exclusivité, vous pouvez toujours lorgnez sur une puissante version Vantage (450.000 € minimum) ou mieux encore, le cabriolet Volante (600.000 € minimum). Produite à 1.715 exemplaires, dont 1.327 « MK I », la DB6 est relativement courante dans les annonces internationales.

A l’entretien, il y a de bonnes et de mauvaises nouvelles. Commençons par les points négatifs : bête de race, la DB6 demande un entretien minutieux et des mains expertes. Une réfection du moteur vous délestera d’un minimum de 20.000 € ! Une restauration de la structure Superleggera (châssis tubulaire en acier avec des panneaux en aluminium) entraine une note donnant le tournis. Toutefois, des spécialistes existent, y compris en Belgique et sachez également que la refabrication des pièces est assurée par quelques ateliers anglais. Tout est d’ailleurs possible : boîte à 6 rapports, direction assistée, climatisation, moteur porté à 4,2 voire à 4,7 litres… Enfin, si la DB6 hérite d’un très noble pedigree, elle n’en est pas moins robuste.

Conclusion

En plus de dix ans de carrière, votre serviteur a eu l’occasion d’essayer quelques monstres sacrés. Mais aucune de ces machines de race ne m’aura laissé un souvenir aussi poignant que cette Aston Martin. Oubliez les chronos et les performances absolues, il est ici question de quelque-chose de bien plus parlant pour les vrais amateurs : les émotions. La DB6 dégage un charme fou et comme beaucoup de voitures de son époque, elle distille des sensations à toutes les vitesses. Des sensations qui parlent la langue de vos sens : entre les effluves de cuir et d’huile chaude, la sonorité grave du 6 cylindres, la vue sur le capot et les tressaillements de la mécanique au travers la direction et les sièges, la belle Anglaise envoûte…

Si cette Aston Martin DB6 vous intéresse, sachez que ce modèle (le huitième produit !) est actuellement à vendre. Contactez la rédaction (press@vroom.be) qui transmettra.

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: François Piette. Vidéo ©: François Piette.

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