Jaguar XF 2.0D et 3.0D : L’outsider de choix

Jamais Jaguar ne s’est aussi bien porté ! Et cela se remarque au niveau de la gamme : XE, XF et SUV F-Pace furent toutes les trois présentées en 2015. Toutes les trois profitent d’une structure en aluminium, un gage de légèreté, ainsi que de l’expertise de la marque en matière de liaisons au sol. Le Britannique n’a voulu faire aucun compromis pour chasser les berlines teutonnes, tant en matière de comportement, que de confort et d’équipement.

Toute nouvelle, vraiment ?

Racée et élégante, la XF ne risque toutefois pas d’attirer vers elle tous les regards. Trop proche de la petite XE diront certains, pas assez différente de l’ancienne version diront d’autres, la XF préfère la sagesse du conservatisme… Quitte à ne pas trop se faire remarquer ! Sous cette robe relativement discrète, se cache donc une nouvelle structure en aluminium qui permet de gagner jusqu’à 190 kg sur la balance, tout en garantissant une rigidité supérieure. Bref, tout est bon dans le briton ?

Une grande berline

Avec une longueur frôlant les 5 mètres, la XF se doit de se montrer logeable. Et elle l’est ! Caser quatre adultes bien bâtis n’est qu’une simple formalité. Et le conducteur, lui, il se régale : la position de conduite peut être basse à souhait, de manière à bien ressentir les réactions du châssis. Perfect ! Les passagers, quant à eux, profiteront d’une ambiance sympa, tendue de cuir. Toutefois, ne rêvez pas non plus du cocon cosy des Jaguar des années 60 : l’ambiance manque de ce petit côté chaleureux généralement propre aux véhicules britanniques.

Finition ?

Longtemps, Jaguar a traîné une image assez sulfureuse en matière de fiabilité et de finition. Les dernières études tendent à prouver que les efforts consentis par la marque payent : les voitures frappées du félin ne tombent plus en morceaux après quelques kilomètres. Au point de chatouiller le niveau des Allemandes ? Pas tout à fait… Quelques détails auraient mérité plus d’attention, surtout au niveau du coffre (confortable, ceci dit, avec ses 540 litres) dépourvu de toute garniture supérieure ! Blimey !

Equipement

Au niveau de l’équipement, Jaguar a mis les bouchées doubles pour rattraper son retard. Certes, il n’est toujours pas question d’assistant de conduite dans les embouteillages et le système multimédia marque le pas face aux concurrents allemands, notamment d’un point de vue graphique (navigation) et au niveau des applications reprises du smartphone via le « InControl Apps ». Il reste toutefois un sacré éventail disponible : alerte de trafic transversal, régulateur de vitesse adaptatif, assistant au maintien de voie…

Train avant exceptionnel

Si pour vous, l’agrément de conduite d’une voiture est plus important que les gadgets qui y sont présents, alors ce qui suit devrait vous intéresser : la XF est une véritable dévoreuse de virage ! Son train avant affiche un tranchant ahurissant, digne d’une voiture de sport… La direction bien calibrée, le châssis rigide, l’équilibre de l’ensemble et la qualité de l’amortissement adaptatif transforment chaque voyage en une partie de plaisir. La XF se régale des virolos sinueux comme aucune autre berline, d’autant que les freins répondent « présents » !

2.0D suffisant, mais…

Disons-le tout de go, le 2.0 D n’est pas notre moteur préféré pour ce châssis. Certes, ses 180 chevaux et surtout, ses 430 Nm de couple sont largement suffisants, d’autant que l’ensemble se marie plutôt bien avec la transmission automatique optionnelle à 8 rapports. Les performances sont suffisantes, avec une vitesse de pointe de 229 km/h et un 0 à 100 km/h avalé en 8,1 secondes. De plus, sa consommation moyenne s’est avérée assez modérée, avec 6,5 l/100 km en conduite souple. Respectable, sans être brillant. Alors, qu’est-ce qui cloche ? Le bruit, principalement : sonore et très peu mélodieux, il distille un agrément peu « Jaguar » lors des reprises.

3.0D enthousiasmant !

Avec le 3.0D, un V6 biturbo de 3 litres affichant fièrement 300 chevaux et surtout, un couple pharaonique de 700 Nm, le voyage est évidemment tout autre. Certes, il y a les performances dignes d’une vraie sportive, avec une vitesse maxi de 250 km/h et un 0 à 100 km/h exécuté en 6,2 secondes. Mais ce qui épate surtout, c’est la douceur. D’une grande onctuosité, ce bloc se fait également oublier à l’oreille et distille une sympathique sonorité de V6 lorsqu’on le brusque. Et encore, il faut la tendre, l’oreille !

Mais surtout, quel coffre ! L’étagement nettement plus long de la boîte ne l’endort absolument pas : titillez la pédale de droite et pas grand-chose de roulant ne peut vous suivre ! Avec une telle machine, on peut pleinement profiter de l’équilibre du châssis. Et la cerise sur le gâteau : nous n’avons consommé que 7,2 l/100 km, ce qui, toutes proportions gardées, est plus impressionnant que notre moyenne avec le 2.0D !

Et le confort ?

Un tel comportement routier pourrait faire craindre une suspension taillée comme un bout de bois. Il n’en est rien : grâce à l’amortissement adaptatif, Jaguar a su préserver le confort de sa berline qui reste très prévenante sur chaussée déformée. Quelques bruits aérodynamiques se sont fait entendre sur notre 3.0D, probablement dus à un joint défectueux. Rien de bien grave, d’autant que l’insonorisation générale semble très bien maîtrisée. Hormis pour les claquements un peu sinistres du 2.0D qui perturbent les reprises.

Budget

Disponible à partir de 40.350 € diesel (2.0D Pure – 163 ch – boîte manuelle), la XF ne semble pas exactement bon marché ! Mais c’est oublier son équipement de base, parfaitement décent et… les tarifs pratiqués par la concurrence ! Autre bonne nouvelle, ce modèle est annoncé à 104 g CO2/km. A l’autre bout de l’échelle, une version 3.0D en finition « Portfolio » réclame plus de 65.000 €. Attention aux options : pas données et assez nombreuses. Jaguar copierait-il la politique des Allemands, en ce domaine ?

Conclusion

Certes, sur quelques détails comme la finition et le graphisme de la navigation, la XF n’arrive pas tout à fait au niveau des meilleures allemandes. Mais elle a d’autres atouts dans sa manche, comme un comportement routier qui met tout le monde d’accord et qui réjouira les amateurs de « voitures à conduire ». Avec elle, on prend un immense plaisir à exécuter les trajets du quotidien. Pour cette raison, elle a sa place parmi les meilleures Jaguar produites à ce jour. Enfin, un petit mot sur les moteurs : le 2.0D fait son boulot mais n’enchante pas vraiment, quand le 3.0D, lui, donne des lettres de noblesse au diesel !