Fiat 124 Spider: Tout pour elle, la belle italienne!

Fiat joue sur du velours avec sa nouvelle 124 Spider. Et en lançant sa petite dernière juste cinquante ans après la naissance de la Fiat 124 Spider première du nom, Fiat annonce tout de suite la couleur et nous refait le coup de la Fiat 500: une recette qui joue sur la nostalgie, relevée d'un trait de "dolce vita"! Et, nous vous l'affirmons après cette rapide prise en mains dans les environs du lac de Garde, ça va marcher!

La référence actuelle en matière de spider, et depuis pas mal d'années, nous vient du japon. La Mazda MX-5 s'est forgée en quatre générations successives une carrière enviable sans rencontrer de réelle concurrence. Ce n'est pas Fiat qui pourra prétendre le contraire: les 57.000 exemplaires de la Barchetta font pâle figure face au million de MX-5 produites!

Est-ce pour cette raison? Toujours est-il que le retour du géant italien sur ce marché de niche, mais porteur en termes d'image, passe cette fois-ci par une collaboration avec Mazda. La Fiat 124 partage donc beaucoup avec la quatrième génération de la MX-5, baptisée ND.

Alfa? Non, Fiat!

Celle qui devait naître à l'origine sous le label Alfa-Romeo deviendra finalement Fiat. Le projet initial, annoncé en 2012, de concevoir conjointement par Alfa Romeo et Mazda une plateforme commune aux deux marques fut abandonné en 2014. Mazda développa donc seul sa nouvelle MX-5, Fiat reprenant à son compte la plateforme pour sa 124 Spider, d'ailleurs produite sur les lignes de Mazda, à Hiroshima.

Alors, la Fiat, un clone de la Mazda? Un espresso au goût de saké? Détrompez-vous, Fiat joue sa propre partition! Et tout d'abord, exit le design Kodo cher à Mazda, mais bien éloigné des courbes latines, exit aussi les moteurs atmosphériques Skyactiv propres au constructeur japonais! Les bureaux de style Fiat ont dessiné une nouvelle ligne, librement inspirée de l'emblématique Fiat 124 spider de 1966.

1966 - 2016

Celle-ci, dessinée par Tom Tjaarda pour la carrosserie Pininfarina. Relativement sobre et peu spectaculaire, le coup de crayon de Tjaarda permit pourtant à la 124 Spider de traverser avec élégance deux décennies sans grandes modifications, preuve s'il en est de la justesse de ses traits, une chance que n'eut pas le Spider Alfa, parfois bien maladroitement remis au goût du jour… La Fiat ne partage donc pas un embouti avec la Mazda, et si l'empattement reste bien entendu identique, la longueur hors tout atteint dorénavant 405 cm, soit près de 15 cm de plus que la Mazda.

Quelques "gimmicks" plantent le décor, comme le double bossage dans le capot, un clin d'œil à la 124 de deuxième génération, lorsqu'elle hérita d'un 1600cc en 1969, tout comme le nid d'abeille de la calandre et sa forme hexagonale, les feux arrières étirés qui encadrent la plaque d'immatriculation, le mouvement du pli de carrosserie à hauteur des poignées de portes: la filiation saute aux yeux, et c'est très bien ainsi!

Cachez cette MX-5 que je ne saurais voir

Ce n'est plus la même musique pour l'habitacle, scrupuleusement calqué sur celui de la donneuse. Rien ou si peu, ne le différencie de celui de la Mazda, hormis peut-être la qualité de certains plastiques, ou le choix de certains cuirs, comme le havane qui recouvrait les sièges et le bandeau du tableau de bord de notre macchina…

On en viendrait presque à regretter l'absence des inserts couleur carrosserie dans le haut des portes, un détail "so vintage" qui collerait mieux à l'esprit de la 124 qu'à celui de la MX-5. Même le système d'infodivertissement est récupéré! Ceci dit, ne boudons pas notre plaisir: s'il ne se démarque pas de celui de la japonaise, le cockpit de la Fiat ne manque pas d'allure et s'avère agréable à vivre, sauf pour les rangements, rares et peu pratiques.

Hormis par sa plastique très latine, la 124 Spider se démarque encore de sa sœur japonaise par sa mécanique. Fiat n'a pas repris les moteurs Skyactiv chers à Mazda, et leur a préféré le 1.4 L MultiAir qui fait le bonheur de nombreuses voitures du groupe FCA. Il développe ici 140 ch, avec un couple de 240 Nm, et se révèle parfaitement adapté à l'esprit de la voiture.

Andiamo!

Sans doute un poil moins incisive que la japonaise, la Fiat fait preuve d'un réel confort en toutes circonstances et reste aussi agréable à mener en mode promenade qu'en mode "vaffanculooooo!!!". Les réglages de suspensions privilégient le confort mais ne pénalisent guère le comportement, qui reste sain et plaisant.

La boîte six d'origine Mazda ne mérite que des éloges, et tout au plus regrettera-t-on une deuxième un peu trop longue pour pouvoir s'arracher d'une sortie d'épingle dans le bon régime: le bloc compressé ne s'exprime guère sous les 2.500 – 3.000 trs/min, et le passage par la case "première" sera parfois nécessaire. Excepté ce cas de figure un peu particulier, le 1.4 L offre d'excellentes prestations, avec évidemment de vigoureuses relances dans les mi régimes et un niveau sonore bien contenu, de quoi envisager de longues étapes sans fatigue.

Abarth

Lors de cette présentation, nous avons brièvement pu prendre en mains l'Abarth 124 Spider, à la présentation nettement plus (trop?) tapageuse. Le moteur développe ici 170 ch, qui s'expriment via l'échappement "Record Monza" et l'équipement s'enrichit d'un différentiel autobloquant mécanique et d'amortisseurs Bilstein.

L'habillage bascule dans le spectaculaire avec des boucliers spécifiques, une généreuse couche de noir mat sur le capot et le couvercle de malle, sans oublier les inévitables touches de rouge vif distribuées de ci de là (rétros, spoiler, habitacle).

Autant la Fiat nous a complètement séduit par son agrément et la justesse de sa proposition, autant ces exemplaires de présérie de l'Abarth ne nous ont guère convaincus. L'échappement est tout bonnement assourdissant, et le comportement de la voiture n'est pas transfiguré, avec des mouvements de caisse trop peu freinés, alors qu'on attendait un comportement particulièrement incisif.

Dolce vita

Pour ce qui est de l'esthétique, chacun jugera, mais ici encore notre préférence va à la simple élégance de la Fiat. Attendons toutefois de porter un jugement définitif sur une voiture en phase de mise au point et dont le comportement pourrait encore évoluer avant sa mise en production.

Carton plein en tous cas pour la Fiat, qui arrive avec une proposition nettement différenciée de la Mazda. Ceux qui n'adhèrent pas au style de la MX-5 se voient proposer une alternative, les nostalgiques des sixties et autres amateurs de dolce vita trouveront chaussure à leur pied et les habitués du couple généreux à mi-régime aussi: tout le monde n'adhère pas aux hauts régimes privilégiés par les moteurs atmosphériques! La Fiat 124 a de beaux jours devant elle!