Essais

Supercharged et superlative...

La nationale est longue, rectiligne et les platanes qui la bordent me renvoient par saccades la lumière tamisée et scintillante d’un soleil à son crépuscule. Le compteur affiche un paisible 90 km/h alors que le compte-tours ne dépasse pas les 2.000 tr/min. A ce rythme, on aimerait ne jamais devoir s’arrêter, les reflets mordorés du capot, les effluves de cuir et le ronronnement apaisé du fauve flattant les sens. Mais il suffit d’une inflexion sur la pédale de droite pour que le fauve se réveille, rugisse à échappement déployé et bondisse violemment sur le tarmac. Bienvenue à bord d’un félin de haute lignée, à l’héritage prestigieux.
  • Piette François
  • 08 octobre 2009
  • Jaguar
Avantages et inconvénients
  • Boîte douce
  • Comportement routier
  • Confort de haut niveau
  • Esprit gt conservé
  • Ligne superbe
  • Moteur fabuleux
  • Prestige du félin
  • Sonorité divine
  • Consommation vite extravagante
  • Manque de consistance des commandes
  • Places arrière ridicules
  • Visibilité arrière
http://vimeo.com/16608733

Un illustre pedigree

Sur les ailes musclées de la XKR repose un lourd héritage. De la bondissante XK 120 et à la féline Type E, ces sportives classiques sont marquées grands crus classés. Les XJS et XK8 qui ont suivi, ont souffert d’un embourgeoisement forcé et le luxueux gavage a malheureusement déteint sur la pure sportivité. Les troubles internes d’une industrie britannique malade au cœur des années 70 a, de plus, salement terni une réputation de haute volée. Mais le vent a tourné et cette XK nouvelle génération entend renouer avec un esprit sportif.

A la loupe

Depuis la reprise par l’Indien Tata, la XK a connu un facelift mineur. Esthétiquement, rien de bien transcendant, seuls les fins amateurs y verront une différence. La tendance est au LED, comme le prouvent les clignotants et les feux arrière. On note quelques subtilités également, comme des extracteurs d’air latéraux revus ou encore, les inévitables modifications apportées aux boucliers. Mais le plus important était finalement de conserver cette folle élégance, doublée d’une musculature ferme et bien mise en évidence. Mais pas trop : Daniel Craig n’est jamais aussi séduisant qu’en costard, aux dires de mon ineffable voisine ! L’interminable capot muselé par une calandre mythique a toutefois le regard coréen d’un coupé low-cost… Peut mieux faire ! Où sont donc les délicieuses bulles abritant les phares d’une Type E ?

Luxe et volupté

Dans l’habitacle, le charme agit, encore et toujours. Les petites incrustations de bois se marient toujours aussi bien avec le cuir clair de notre exemplaire. Pourtant, tout n’est pas parfait. Les sièges ? De larges fauteuils pensés pour des gabarits sevrés aux hamburgers. Ce n’est pas là que se cache la sportivité. Ni même dans cette nouvelle console, inspirée de la XF et à l’interface trop bling-bling pour être réellement convaincante. Ce levier de vitesse émergeant de la console lors de la mise à feu ou ce bouton de contact palpitant de rouge, singeant les battements d’un cœur, ne sont, à mon sens, qu’une mise en scène secondaire. Tout comme cet écran tactile, fort intuitif au demeurant, mais proposant plusieurs fonds d’écran, présentant tous une touche britannique accentuée, bariolés qu’ils sont de l’Union Jack qui n’en demandait pas tant. Jaguar a-t-il voulu rendre son coupé plus British que de nature ? Mais, heureusement, quelques détails relèvent cette saveur trop gadgétisée. Comme ces poignées de portes finement chromée, ce cuir épais d’excellente facture du tableau de bord ou encore, ce jaguar prêt à mordre symbolisé sur le volant. Les sièges arrière ? Bien trop étriqués que pour être réellement utilisables. A moins que votre teckel n’ait rien contre les félins… Avec 350 litres, le coffre pourra accueillir les bagages d’un couple pour le week-end.

Mise à feu et jaguar bondissant

La main fébrile, et heureusement, sinon autant changer de métier, l’index appuie sur le bouton commandant la mise à feu des 8 cylindres. L’explosion est immédiate et le grondement guttural emplit l’atmosphère. Grandiose ! Moteur froid, le régime plus élevé secoue les tripes. Je sais, l’échappement actif est doté de clapets manipulant les oreilles avec une sonorité finement travaillée. Mais le résultat est spectaculaire. Les acousticiens ont réussi à jongler avec les normes anti-bruit avec une rare dextérité… Voilà qui paraît prometteur pour la suite !

Grondante !

Ce nouveau V8 ingurgite le carburant de manière contrôlée, car il le distribue directement dans les chambres de combustion. Avec huit gamelles cubant 5 litres au total et sur-gavée par un compresseur, la puissance atteint 510 chevaux. Soit 90 unités de plus que la version précédente. Et ces canassons-ci sont de véritables purs-sangs, croyez-moi ! Avec 625 Nm, le couple terrifiant impose une certaine retenue de la semelle droite. La boîte comporte 6 vitesses et est forcément automatique. Que le sportif se rassure, il est possible de jongler avec les palettes situées derrière le volant pour faire vroom-vroom.

Pour grands garçons responsables

Les premiers tours de roue se font forcément à un train de sénateur, le temps que le dompteur apprivoise le fauve. Ce dernier se montre étonnement docile, ronronnant sagement de feux rouges en feux rouges. Mais attention aux ronds-points à la surface précaire où l’élégant postérieur se donnera des envies d’indépendance, harponné qu’il est par les 510 canassons ! La boîte auto est… parfaite ! La direction douce et les commandes faciles donnent alors l’impression de conduire une banale citadine. Quoiqu’une Daewoo Matiz ne détourne pas autant de têtes et que la visibilité arrière est bien meilleure sur cette dernière !

Rugir de plaisir

Quittons ces banlieues trop fréquentées et sans intérêt, vues depuis une telle GT. Les vallées campagnardes aux nationales bucoliques et enjouées paraissent autrement plus réjouissantes ! La XKR y dévoile alors sa vraie nature de grande GT, filtrant les aspérités et vous maintenant dans les meilleures conditions de confort. Climatisation bizone, sièges climatisés, la panoplie est complète pour vous aider à garder la tête froide. La charge des huit cylindres est lyrique, instantanée et d’une redoutable gourmandise. L’aiguille du compte-tours s’agite comme jamais, les rapports s’enchaînent sans temps mort et le grondement rauque fait place à un rugissement féroce. La poussée, elle, est constante, d’une force herculéenne mais en aucun cas sauvage. Oui, le fauve n’est jamais vraiment repu et lorsqu’il sonne la charge, il vous envoie dans le fin fond de votre siège. Mais jamais il ne vous brutalisera. La puissance est linéaire, peu importe le chiffre indiqué par cette insignifiante aiguille du compte-tours, la puissance, le couple, toutes ces données théoriques sont balayées par la griserie que suscite un tel engin. Bigre, quelle monture ! L’horizon, si loin il y a quelques instants, semble à portée d’index. Et puis, ce son… Qui me fait regretter de ne pas profiter d’un cabriolet pour l’écouter en stéréo. Le chant du compresseur apparaît effacé pour faire place à ce bruit caverneux, cette mélopée enivrante qui envoûta encore quelques unes de mes nuits… On ne peut lui reprocher en conduite dynamique qu’une trop grande légèreté des commandes. A très haute vitesse sur autoroute moldave, la suspension devient assez ferme, relevant de manière méticuleuse le profil topographique des lieux.

Confortable comme il se doit

Le retour se fait à rythme plus paisible, la stéréo distillant quelques CD à la musicalité suave, les sièges réfrigérant votre séant et la suspension s’occupant alors de niveler le terrain. Le cruise control s’active à détecter les voitures vous précédant, vous calant confortablement derrière ces dernières.

Chère ? Non, finalement…

Le coupé est annoncé à 105.100 €. Mais peu importe les tarifs, ou même l’équipement de base, somptueusement pléthorique, ce qui est rare, même à ce niveau de prix ! Ce qu’il faut savoir, c’est que la XKR avance un tarif alléchant, compte tenu des performances, de l’agrément et de l’équipement. Chez Aston Martin, le prestigieux rival d’en face, vous aurez une DB9 pour 60.000 € de plus, avec certes un badge encore plus évocateur, mais avec une grosse poignée de chevaux et de gadgets en moins…

Conclusion

Certes, on ne refait pas une Type E. Si cette dernière affichait, dans ses premières versions, une sportivité à fleur de carrosserie, la XKR se veut plus Grand Tourisme dans l’esprit. Une grande GT, aux performances inavouables et au potentiel inexploitable, mais distillant ses saveurs de manière raffinée et au travers un confort digne du blason. Tant que Jaguar continue sur cette lancée, les griffes du fauve nous paraîtront toujours plus acérées.
 

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: Manufacturer. Vidéo ©: François Piette. Source ©: Jaguar.

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