Modèle oublié : Opel RAK 2, la voiture… à réaction !

Afin de commémorer les 90 ans du record établi par le petit-fils, Fritz von Opel, de son fondateur, le constructeur au blitz rappelle l’épopée de « Rocket Fritz ». Un homme qui a eu le courage d’allumer les 24 fusées à poudre destinées à propulser son prototype RAK2 à plus de 235 km/h devant une foule de plus de 3.000 personnes, en mai 1928.

Trio infernal

Cette surprenante histoire remonte à l’automne 1927. Fritz von Opel décide alors de s’impliquer activement dans les recherches sur le « moteur-fusée » après avoir rencontré Max Valier, un autrichien passionné d’astronomie. Ils demandent alors à Friedrich Sander, dont l’entreprise fabrique des fusées de détresse à poudre, de se joindre à leur projet commun de créer un moteur-fusée.

100 km/h

La coopération entre Valier, Sander et von Opel commence à porter ses fruits dès mars 1928. Les premiers prototypes de véhicules-fusée sont lancés, en secret, sur la piste d’essai d’Opel situé à Rüsselsheim. Le 11 avril, l’Opel RAK 1 avec à son volant Kurt Volkhart, ingénieur et pilote de course Opel, atteint la barre des 100 km/h en seulement 8 s. Pour y arriver, cet engin est équipé de douze fusées « Sander » contenant environ 40 kg d’explosifs.

Cap sur Berlin

Si ce premier test s’est montré concluant, l’équipe souhaite maintenant atteindre des vitesses plus élevées. Mais la piste d’essai de Rüsselsheim de l’époque ne convient pas pour de réaliser des essais plus rapides. L’équipe se dirige alors vers le circuit de l’Avus, à Berlin, qui présente deux longues lignes droites.

560 kg et pas de moteur !

L’équipe s’ingénie alors à améliorer le premier prototype dans tous les domaines et élabore le RAK 2. Il est plus long que son prédécesseur (4,88 m), son aérodynamisme a été retravaillé, ses ailerons latéraux sont plus importants pour augmenter sa stabilité. Mais, surtout, le RAK 2 est équipé de 24 fusées à poudre ! Elles développent alors au total 6 tonnes de poussée alors que l’engin, lui, ne pèse pas plus de 560 kg !

Spectacle !

Cette fois, Fritz von Opel décide de conduire en personne l’engin ! Et pour marquer les esprits, il organise un véritable « show » pour la tentative de record organisée fin mai 1928 à Berlin. Il va jusqu’à convier environ 3.000 personnes : journalistes, célébrités, athlètes et hommes politiques ! « J’appuie sur la pédale d’allumage et les fusées se mettent à hurler dans mon dos, tout en me donnant une formidable impulsion en avant… Alors j’appuie encore sur la pédale, et encore – une sorte de frénésie s’empare de moi – jusqu’à la quatrième fois. À mes côtés, tout disparaît... L’accélération déclenche chez moi une montée d’adrénaline. Je cesse de penser. J’agis juste par instinct, alors qu’une puissance incontrôlable se déchaîne dans mon dos » se souvient, d’après les propos rapportés par Opel, celui qui allait devenir « Rocket Fritz ».

Ère de la propulsion à réaction

Le verdict tombe rapidement : avec sa voiture-fusée, von Opel a atteint une vitesse de 238 km/h ! En une nuit, tout le monde connaît son nom en Allemagne et l’ère de la propulsion à réaction est officiellement ouverte. L’équipe constituée autour de von Opel continuera ensuite à développer ce type de propulsion sur différents supports (draisine, moto, avion) jusqu’à la crise économique de 1929.