Cette Maserati sort de l’ombre pour la première fois en 20 ans

La question revient régulièrement : “qu’achètent donc les personnes qui ont déjà tout ?”. La réponse vient du Shah d’Iran. En 1958, ce dernier va voir Maserati avec une requête pour le moins particulière : séduit par la 3500 GT, il ne pouvait se résoudre à acheter une voiture si « commune » et souhaitait remplacer le 6 cylindres de 3,5 litres par un moteur de compétition issu des 450 S, les célèbres voitures de courses. Maserati trouve l’idée séduisante, d’autant que la firme au trident possède quelques voitures de course accidentées au moteur intact.

Moteur de compétition !

Le V8, une fois calmé pour un usage routier, se voit ainsi chargé d’animer la nouvelle voiture de la marque, la nouvelle 5000 GT. Une voiture de très haut de gamme, dont seuls 34 exemplaires furent produits. Il va sans dire que tous profiteront d’une finition et d’une carrosserie répondant au plus près des désirs de leurs clients. Ces derniers comptent évidemment parmi les plus grosses fortunes de la planète : on y voit Gianni Agnelli, l’Aga Khan et le pilote de course américain Briggs Cunningham, dont la soif de vitesse était à la hauteur de sa fortune.

Une voiture de vrai pilote !

Et c’est précisément la voiture personnelle de Briggs Cunningham que RM Sotheby’s proposera aux enchères, les 18 et 19 août à Monterey, aux Etats-Unis. Le pilote a exigé que sa voiture ressemble autant que faire se peut à la 450S dont elle est dérivée. Bien évidemment, les choses ne se sont pas exactement passées de la sorte, mais le résultat n’en est pas moins exquis ! Dessinés par Michelotti, le dessin garde quelques éléments de la 450S, mais se veut surtout, remarquablement moderne pour l’époque avec sa grande surface vitrée, ses ouïes de ventilation, ses « paupières » de phares et ses arches de roues arrière travaillées. Admirez également les collecteurs d’échappement circulant dans les arches de roues avant.

Aérodynamique

Si cette voiture ne ressemblait pas tout-à-fait à une voiture de competition directement issue du Mans, elle n’en est pas moins un exemple d’efficacité pour l’époque. Etudiée dans la soufflerie de l’Université de Turin, sa ligne était remarquablement aérodynamique et, à en croire les experts, cette 5000 GT est donc la plus rapide de cette série. Briggs Cunningham a d’ailleurs exigé de tester sa voiture avant la livraison, histoire de s’assurer que les performances étaient bien au niveau de ses exigences ! Et c’était effectivement le cas. Le pilote américain se servait de cette voiture pour se déplacer entre les divers circuits européens où il courrait.

Historique complet

La voiture fût rapatriée au domicile de Cunningham, en Californie, en 1968, soit 4 ans plus tard. Elle fût par la suite revendue en Virginie avant d’être à nouveau revendue en 1988. Au début des années 1990, la voiture subit une restauration complète en Pologne, avant d’être acquise par Alfredo Brener, un immense amateur de 5000 GT qui en a possédé plus que n’importe qui. En 2003, lors de la revente au propriétaire actuel, il indiquait que « c’est la plus rapide des 5000 GT que nous avons ». Son moteur poussé et sa fine aérodynamique en étant les principales raisons.

A restaurer

Cela fait plus de 25 ans que la voiture a été restaurée et elle présente donc une patine certaine. La maison de vente aux enchères indique que la voiture profiterait grandement d’un rafraichissement cosmétique. L’intérieur, en revanche, est en bon état et semble authentique. Le numéro de moteur correspond à la carrosserie, ce qui est une grosse plus-value pour la vente.

Estimée à plus d’un million d’euros (1,4 million de dollars américains), cette voiture est sans aucun doute une pièce unique. Comptant parmi les plus rapides, les plus chères et les plus rares voitures de son époque, cette 5000 GT ajoute en plus un historique particulier et des performances spectaculaires. Sans doute la GT la plus proche d’une voiture de course que Maserati n’ait jamais produit et sans doute… l’une des plus importantes Maserati de route, pourtant restée dans l’ombre durant quasiment deux décennies.