Ruine à l’usage : Mercedes 600, le palace des dictateurs

Le récent restylage de la Mercedes Classe S nous a incités à nous replonger dans l’histoire de la marque. Et question paquebots routiers, la marque en connaît un rayon ! Mais le modèle le plus emblématique, c’est certainement cette Mercedes 600, ou W100…

  • Piette François
  • 27 juillet 2017

A sa sortie en 1964, la Mercedes 600 était un flamboyant exemple de technologie et de savoir-faire allemands. La marque destinait ce modèle aux plus hauts dirigeants de la planète et pour eux, rien n’était trop beau. Outre son luxe débordant et son style indémodable, la voiture se distinguait également par ses performances. La première super-limousine au monde ? Pas tout-à-fait. La 600 était et est toujours, dans une classe à part.

Immense !

Baptisée « W100 » en interne, la 600 était disponible en deux longueurs : 5,54 m ou 6,24 m, selon l’empattement. Diverses carrosseries étaient proposées : 4 portes, 6 portes, Pullman et même une délirante version Landaulet avec toit amovible au-dessus des passagers arrière. En dépit d’une carrière étalée entre 1964 et 1981, la voiture n’a connu aucune modification de style. Ce qui prouve la justesse du coup de crayon du designer français, Paul Bracq.

Technologie

C’est au rayon technologique que la 600 estomaquait toute forme de concurrence. Aujourd’hui encore, plus de 50 ans après sa présentation, la lecture de sa fiche technique impressionne. A une époque où la majorité des voitures avaient pour seuls équipements une vieille dynamo et des vitres manuelles, la 600 proposait un alternateur, la climatisation et une invraisemblable centrale hydraulique gérant l’assistance de direction et de freinage, de même que les vitres, le coffre, les sièges et même… l’ouverture et la fermeture des portes !Pour garantir un confort parfait, Mercedes avait prévu une suspension pneumatique. Enfin, relevons également un verrouillage central, un dispositif parfaitement inconnu il y a cinquante ans.

Moteur

La palette des motorisations de Mercedes de l’époque avait pour sommet, un 6 cylindres essence issu de la berline 300. Une belle mécanique, mais trop faible pour animer un engin frisant les 2,5 tonnes et flanqué d’une invraisemblable kyrielle d’équipements. Mercedes a donc développé une toute nouvelle mécanique, à savoir un V8 en alliage léger, de 6,3 litres de cylindrée et commandé par une boîte automatique à 4 rapports.

Peu poussé, ce moteur développait 250 chevaux au régime modeste de 4.000 tr/min, mais surtout, un couple « camionesque » de 51 mkg ! Ainsi paré, la 600 pouvait dépasser les 200 km/h et atteindre les 100 km/h en moins de 10 secondes. Des performances qui rappellent quelques sportives réputées de l’époque !

Production

Entre 1964 et 1981, la 600 fût produite à 2.677 exemplaires. Un résultat qui peut paraître maigrichon face aux années de production mais qui s’explique par le tarif astronomique et la crise du pétrole du début des années 1970. La liste des propriétaires compte des célébrités aussi disparates que Jeremy Clarkson, le Roi Baudouin, Elizabeth Taylor, Saddam Hussein, Coco Chanel, Mireille Mathieu, Rowan Atkinson (Mr Bean), Pol Pot, ainsi que quasiment tous les dictateurs des pays en voie de développement ! La rumeur raconte également qu’Elvis en acheta six pour après, les distribuer aux passants qu’il croisait !

Aujourd’hui

Un véhicule classique d’une telle importance et d’une telle rareté ne peut se négocier à un tarif au ras des pâquerettes. Pourtant, les 600 ne sont pas rares sur le marché de la collection et s’échangent à partir de 75.000 €. Une somme presque raisonnable eu égard au pedigree. Un modèle Landaulet ou Pullman se négocie nettement plus, mais la rareté de ces derniers nous empêche d’établir une cote. Tout dépend également, de l’historique de la voiture et de ses précédents propriétaires.

Entretenir une 600 entraîne des coûts pharaoniques. Bien entendu, la première concession Mercedes venue n’est pas à même d’effectuer des travaux. Toutefois, certains centres classiques de la marque peuvent parfaitement chérir et soigner les maux de votre vaisseau… Le constructeur possède également une fantastique politique en matière de véhicules de collection, continuant à assurer la refabrication des pièces. Mais cela a un coût et ce dernier est exorbitant ! Quelques exemples : comptez environ 5.000 € pour un échappement. Un allume-cigare ? 170 €. Une calandre ? Près de 2.000 €. Une réfection du système hydraulique ? 15.000 € grand minimum…

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À propos de l'auteur : Piette François

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