La famille Quandt peut se réjouir! Il ne se passe quasiment pas un mois sans que les communiqués tombent, réglés comme du papier à musique, sur les résultats financiers de la marque à l'hélice qui pulvérisent à chaque fois tous leurs records. Les marchés émergeants ne sont pas étrangers à l'affaire, et particulièrement l'Empire du Milieu, friand de belles limousines allemandes! C'est pour satisfaire celui-ci que BMW leur a réservé une Serie 3 à châssis long, un modèle indisponible en Europe, en tous cas sur cette forme, car la Serie 3 GranTurismo présentée à Genève est bâtie sur la même plateforme, mêlant astucieusement les genres. Plus tout-à-fait une berline, pas vraiment un break, ni un coupé, ni un SUV ou un SAV, mais un peu tout ça à la fois…
Le constructeur allemand n'a pas peur de mélanger les genres, que ce soit sous le logo BMW ou sous le label Mini, avec des modèles spectaculaires comme le X6, ou surprenants comme le Mini Countryman (et maintenant le Paceman!). BMW nous avait déjà joué la partition en 2009 avec la Serie 5 GT, qui ne marquera pas les esprits par son esthétique, que nous qualifierons pudiquement de "discutable", mais qui s'avère un véritable régal à vivre pour ses occupants, particulièrement choyés dans cet habitacle accueillant et lumineux.
L'argumentation marketing mise en avant lors de la présentation de la GT met l'accent sur l'évolution des goûts et des exigences de la clientèle, désireuse de préserver le plaisir de conduite attaché à la marque, mais avec un surcroît de fonctionnalité et d'espace, sans tomber dans le travers "utilitaire" que peut connoter une déclinaison break comme une Serie 3 Touring. Le "papy boom" aidant, une clientèle vieillissante peut aussi apprécier la facilité d'accès d'une assise surélevée.
Les fans de BMW apprécieront, les autres ne pourront s'empêcher de penser que l'originalité du profil se paie par une lourdeur certaine, même si nous sommes heureusement loin de la silhouette "panzer" de la 5 GT. Les portes à vitres sans cadre, la ligne de toit en pente douce vers l'arrière, les extracteurs d'air intégrés aux ailes avant, l'aileron arrière actif soulignent le positionnement exclusif que veut donner BMW à cette troisième déclinaison de la "3". C'est ainsi que l'empattement rallongé de la plateforme de la Serie 3 Limousine de nos amis chinois donne naissance à une coque rehaussée de 8 cm, rallongée de 17 cm, élargie de 17 mm, avec pour corollaire un espace aux jambes pour les passagers arrières rallongés de 72 mm face à une Serie 3 Touring.
Le profil rehaussé profite aussi à l'assise, 59 mm plus haute, tandis que l'espace dévolu aux bagages progresse aussi, atteignant maintenant 520 litres, soit 25 de plus que la Touring (1600 litres dossiers rabattus), un espace à la finition soignée. Eclairage Led, plage arrière en deux parties pouvant se ranger sous le plancher, œillets et crochets d'arrimage, banquette arrière fractionnable 40/20/40 depuis le compartiment arrière, rien ne manque! La petite (grande!) dernière sacrifie à son tour au jeu des finitions Sport, Luxury et Modern, des packages reprenant quelques éléments exclusifs différenciant ceux-ci des modèles standard, moyennant un surcoût de 1935 €. Un pack Sport M, plutôt réussi, sera disponible dès juillet.
Pour ses débuts, la Gran Turismo dispose de cinq moteurs, trois "essence" et deux "diesel". En essence, la 320i et la 328i reprennent le bloc deux litres quatre cylindres à technologie TwinPower Turbo à injection directe, développant respectivement 184 et 245 ch (couple: 270 et 350 Nm), tandis que le sommet de la gamme, la 335i a droit au six cylindres en ligne de trois litres, à la puissance respectable de 306 ch, avec un couple de 400 Nm. En diesel, nous aurons droit au quatre cylindres de deux litres TwinPower, en 143 et 184 ch (320 et 380 Nm de couple). Les cinq mécaniques sont accouplées à la boîte manuelle à six rapports, mais l'excellente boîte auto à huit rapports est disponible en option sur tous les modèles. Pas de miracle toutefois: malgré une aérodynamisme particulièrement soignée, les chiffres annoncés de consommation et de rejets de C02 sont moins favorables que ceux de la berline ou du break…
Les moteurs sont les même que sur les autres Serie 3, le châssis et les technologies embarquées aussi. On retrouve les mêmes trains roulants, la même direction, les mêmes prestations "EfficientDynamics" particulièrement efficaces pour contenir la consommation. Comme de coutume chez le constructeur allemand, une pléthore d'équipement de confort ou de sécurité est proposée à la carte sur une quinzaine de pages, de quoi se donner une solide migraine ou l'envie d'aller voir chez un concurrent qui ne propose pour toutes options que la peinture métal et le toit ouvrant! Tout est donc possible, depuis l'affichage tête haute au Surround View, en passant par le tuner TV ou la préparation internet. Mais tout dépendra de la facilité avec laquelle vous ouvrirez votre portefeuille!
La prise en mains de la GT ne déroutera pas l'habitué de la marque. Les ingénieurs ont effectué un travail remarquable pour rendre la conduite de celle-ci aussi réjouissante que celle des autres "3", l'empattement allongé et le centre de gravité plus haut ne se ressentent pas, tandis que l'assise surélevée et l'espace intérieur moins confiné rendent la vie à bord plus agréable. BMW n'a pas vendu son âme au diable avec cette version au châssis équilibré. Le poids est d'ailleurs réparti à parts égales sur les essieux, chaussés de série en 17" (16" sur la berline et la Touring). Alors, la bonne affaire?
Le choix du lieu de la présentation, la Sicile, éveille en nous le souvenir d'une réplique culte, tenue par Don Corleone dans Le Parrain: "Je vais lui faire une offre qu'il ne pourra pas refuser". Une Serie 3, avec toutes ses qualités dynamiques, l'espace et la fonctionnalité en prime, comment refuser une telle offre? En se penchant sur la liste de prix: 4.000 € de plus qu'une berline, 2.000 € de plus qu'une Touring, cher payé pour 11 cm de plus, une ouverture du hayon électrique et des jantes de 17"! Le prix d'une certaine exclusivité?
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