Rock ‘n Roll, baby !

Muscle Car !

Aux Etats-Unis, on assiste à une véritable résurrection des Muscle Cars ! Après les Ford Mustang et Dodge Challenger, c’est la Chevrolet Camaro qui renaît de ses cendres ! La recette est aussi simple que celle d’un hamburger sans salade : une gueule d’enfer dopée aux stéroïdes, un gros V8 et un prix plancher. Histoire de verser complètement dans le stéréotype, Chevrolet a décidé de faire l’impasse sur le V6 existant aux Etats-Unis, pour n’importer qu’un V8 de 6,2 litres emprunté à la Corvette…

T’as le look, coco !

Elle est là, tapie dans le garage… Regard de lion affamé, muscles débordant, une bande rouge sang sur le capot, pas de doute, la Camaro est du genre virile ! Et puis, ce qui saute aux yeux, ce sont les dimensions : la Camaro est taillée pour les cow-boys gavés aux OGM, avec 4,84 m de long et… 1,92 mètre de large !

Clinquant !

Dedans, pas de doute non plus sur les origines de la bête : l’instrumentation est abondante et l’équipement aussi riche qu’un sandwich « King Size » ! Mais le tout respire la même qualité que la montre en toc pas chère, vendue au marché de la gare… Bref, c’est du clinquant, mais ce qui est curieux, c’est la position de conduite : si les dimensions extérieures impressionnent, au volant, on se sent assez confiné ! La faute à une garde au toit réduite, qui impose aux grands gabarits de tomber le Stetson ou… de commander le cabriolet !

Nostalgie !

Fébrilement, je dois bien l’avouer, je tourne la clé de contact. L’antique V8 se réveille dans un grondement contenu, un peu saccadé. Face à ce V8, les moteurs sportifs européens semblent développés à la Nasa ! Rien de sophistiqué dans ce gros cube donc, qui provient en droite ligne du paléolithique automobile… Un seul arbre à cames, deux soupapes par cylindre et des valeurs spécifiques dignes d’une Toyota Aygo ! Heureusement, la cylindrée copieuse rattrape tout : 432 chevaux à 5.900 tr/min et 569 Nm à 4.600 tr/min.

Je n’ai rien compris !

Comme d’habitude, j’essaye de trouver une position de conduite « à la pilote de rallye », avec un dossier fortement relevé, assis au plus bas et avec un volant droit pas trop éloigné… Mission impossible ! Plutôt que de me caler dans le siège, je comprends qu’ici, il va falloir se laisser tomber dans le fauteuil… Pas de grand soutien latéral, un cuir bien lisse et un dossier incliné pour ne pas percuter le pavillon, bref, la mise en bouche n'est pas terrible…

Dieu que c’est dur !

Mes mollets doivent certainement manquer de protéines… Les premiers mètres sont plutôt laborieux, avec une pédale d’embrayage dure comme une selle de Mustang et un levier de vitesses aussi léger qu’un steak T-Bone ! Combinez à cela, une visibilité étriquée et vous comprendrez rapidement pourquoi la Camaro n’est pas l’engin idéal pour une séance d’emplettes en centre urbain…

Conduite européenne

Petite route sinueuse, visibilité dégagée, c’est parti ! Et à vouloir exploiter la Camaro comme une sportive européenne, on se rend vite compte que là, n’est pas sa vocation première ! La direction pourrait être plus directe, la masse importante crée une inertie assez handicapante et les dimensions ne lui confèrent pas une prodigieuse agilité… Mais le comportement reste homogène et stable ! A ce niveau, la Camaro est nettement supérieure à ses rivales Mustang et Challenger. Les amateurs de drift remarqueront l’autobloquant mécanique et le contrôle de stabilité complètement débrayable.

Quant au moteur, là, on est déçu : les rapports sont aussi longs qu’une traversée pédestre du Grand Canyon, ce qui asphyxie le V8. Pourtant, avec 432 chevaux, on s’attend à une poussée de missile, mais non, rien d’explosif à signaler… De la réserve, il en a, mais ce fichu levier aussi rétif qu’un taureau lors qu’une séance de rodéo castre son exploitation… Pourtant, on le sent prêt à taquiner la zone rouge, si seulement le rapport de pont était plus court ! Quant à la bande son, elle est forcément typée, mais on l’aurait préférée plus présente !

Conduite américaine…

On se dit alors que c’est peut-être dans l’utilisation que quelque cloche… Je me repasse une bonne vieille Série B américaine et… c’est le déclic ! Sans attendre, je grimpe à nouveau dans la Camaro, incline le siège, sélectionne quelques morceaux de Blues et de Country, laisse barboter le V8 à bas régimes et là, c’est le bonheur ! La suspension ondule gentiment, efface les bosses, alors que je savoure le glouglou reposant du gros moteur… La vue sur l’immense capot, ces innombrables petites aiguilles qui s’agitent, la largeur de l’habitacle… Bienvenue aux States !

Côté pratique…

Bon, en dépit de dimensions dignes d’un Ranch texan, la Camaro n’est pas la familiale idéale, loin de là. Si, à l’arrière, on n’est pas trop mal installé, l’accès y est franchement acrobatique. Quant au coffre, son volume de 384 litres paraît certes correct, mais il est aussi accessible que la réserve d’or de Fort Knox !

V8 bradé !

Scandaleusement bon marché de l’autre côté de l’Atlantique, la Camaro débarque en Europe avec un prix relevé, mais toujours attrayant… Il s’agit du V8 le moins cher du marché ! Aves 38.500 € en poche, vous repartirez avec l’un de ces jolis joujoux ! La bonne nouvelle, c’est que le détour par la case options ne grèvera pas le budget : on n’en compte que sept !

L’équipement de série est donc assez bien fourni : garantie 3 ans, régulateur de vitesse, air conditionné (uniquement manuel), jantes de 20 pouces, phares au Xénon, caméra de recul, stéréo à 9 haut-parleurs, affichage tête haute (Head-up Display, comme on dit là-bas…)… Chevrolet propose également un cabriolet et une boîte automatique (avec une puissance réduite de 30 chevaux).

Soiffarde ?

Côté consommation, on vous rassure, c’est moins pire que prévu ! La Camaro est un gouffre, mais pas aussi spectaculaire que prévu : le constructeur annonce une moyenne de 14,1 l/100 km, ce qui est copieux, mais pour ma part, en utilisation courante sur route et autoroute, je me suis contenté d’un litre de moins. En revanche, côté CO2, il y a de quoi effrayer les écolos : 329 g/km ! Yeeeepeeeee !

Conclusion

Le politiquement correct vous agasse ? Le soir, vous regardez « Bullit » en boucle, avec un seau de pop corn ? Pour vous, l’automobile passe forcément par un gros V8, même si vous préférez conduire coude à la portière, avec de la musique Folk en fond sonore ? Foncez ! En revanche, si vous cherchez une alternative bon marché à une sportive européenne… Fuyez ! Dans tous les cas, on est heureux de voir la Camaro parmi nous : quel caractère !