Essais

la digne descendante

Les grosses berlines françaises ne parviennent pas à percer dans un segment où les produits germaniques se sont imposés. Il n’en reste pas moins que leur présence sur ce marché est justifiée : sans remonter jusqu’aux années trente où les Delage, Delahaye, Talbot et autres Bugatti faisaient figure de référence, il existait, après-guerre, une marque française qui fit sensation en 1955 avec une grande berline qui sortait tout à fait de l’ordinaire. Il s’agit bien sûr de Citroën et de sa DS. Avec la C6, Citroën espère bien reconquérir un marché qui fut le sien.
  • Piette François
  • 24 juin 2007
  • Citroen
Avantages et inconvénients
      Style Les avis sont très tranchés à ce chapitre, on aime ou pas, mais dans tous les cas, la C6 ne laisse pas indifférent. Personnellement, j’aime ces lignes fluides et élancées, sa lunette arrière incurvée, ses vitres sans encadrement et son allure basse ; en revanche j’émettrai quelques réserves quant au design des feux arrière protubérants. Bien sûr tout le monde n’est certes pas de mon avis, mais on ne peut reprocher à la C6 de manquer de caractère, ni de sombrer dans une banalité stylistique. Motorisation C’est ici que se trouve la nouveauté, avec une nouvelle version d’accès, équipée de l’excellent 2.2 HDi équipé d’une double suralimentation. Un moteur qui fournit 173 chevaux (ou 163 en Belgique sur demande) et un couple de 370 Nm dès 1.500 tours/minute. Version d’accès ne veut pas dire sous-motorisée et ce moteur se révèle ici, pareil à lui-même. D’une remarquable onctuosité, il enroule dès les plus bas régime pour monter dans les tours sans faiblir. Une perle au jour d’aujourd’hui, où la plupart des 4 cylindres turbomazoutés apparaissent creux sous les 2.000 tours. Superbe d’agrément, ce moteur convient parfaitement au caractère de la C6. Les reprises sont convaincantes et si, à vue de nez, on n’a pas l’impression d’être débordé par la puissance, il suffit de jeter un œil au tachymètre pour réaliser que l’écurie sous le capot est bien au complet. A ce moteur, seule une boîte manuelle à 6 rapports est disponible, ce qui est un peu dommage. Une unité automatique aurait, en effet, encore exacerbé la douceur naturelle du vaisseau français. La commande est agréable, mais souffre de débattements assez longs. Rien à redire, en revanche, en ce qui concerne l’étagement, parfaitement adapté au caractère souple et onctueux du moteur. Ce moteur consomme cependant encore un peu trop : notre moyenne de 8,5 litres reste un peu élevée. Tenue de route La marque a toujours été réputée pour ses excellentes liaisons au sol et pour la qualité du comportement routier de ses voitures… pour ceux qui savaient les manier ! Ici, rien de caractériel, même si l’on retrouve un feeling bien Citroën derrière le volant. La direction est directe mais sans excès, offre un bon feeling et reste précise… Mais n’est en aucun cas périlleuse comme pouvait l’être la redoutable Diravi ! Et le comportement routier de suivre une tradition typiquement Citroën : avec son empattement de limousine américaine à ralonges, la C6 est d’une stabilité à toute épreuve dans les longues courbes et révèle même une certaine agilité sur parcours plus sinueux. Bien sûr, elle sera moins à son aise dans les épingles où son rayon de braquage assez important impose une trajectoire nette. Très sereine, la C6 est étonnante d’efficacité et de facilité dans toutes les circonstances. Il reste à aborder le sujet de l’amortissement : à ce titre, même les yeux bandés, on sait que l’on « navigue » dans une Citroën. Les nostalgiques de la DS seront ravis : la C6 avale très souplement les irrégularités de revêtement avec même un petit côté nautique. Cela ne sous-entend nullement une faiblesse dans l’amortissement, seulement une caractéristique de la marque qui prône un confort tout en souplesse. Le toucher de route est donc ici typique du constructeur et n’a rigoureusement rien à voir avec celui, bien plus ferme, des rivales allemandes. Pour ceux qui n’ont pas été bercé dans leur tendre enfance par les sphères des DS et autres CX et que cela pourrait incommoder, il reste la position « sport », qui rend le contact avec la route bien plus… germanique ! Sans briser les vertèbres pour autant, on sent ici que la voiture repose sur une route, absorbant cependant avec tolérance les défauts de surface. Enfin, le freinage est… progressif ! Cela semble anodin mais surprendra les habitués du minuscule champignon de la DS. Il n’en est pas moins puissant et très endurant. Confort Le confort est, on l’a dit, typiquement Citroën. D’une souplesse tout à fait unique, on a peine à croire que ce sont des roues, plutôt qu’un cousin d’air, qui assurent la liaison avec le ruban routier ! Toutefois, signe des temps, la sellerie confortable se montre malgré tout bien plus ferme que celle des DS et autres CX. Heureusement diront certains… L’habitabilité est excellente, aux quatre places, quoiqu’un peut restreinte en ce qui concerne la garde au toit à l’arrière. La présentation intérieure est assez austère, surtout dans l’exécution sombre de notre exemplaire. Un peu décevant, surtout lorsque l’on considère l’originalité du style extérieur. L’insonorisation ne souffre pas la critique, le moteur discret ne parvenant aux oreilles que par un léger grondement sourd. Rien de vraiment dérangeant ou de désagréable. L’ergonomie se situe dans la bonne moyenne et la finition est très correcte, supérieure à celle des autres produits de la marque, sans toutefois atteindre les standards germaniques. Le coffre présente une contenance quelconque, ce qui déçoit un peu pour une auto qui se destine aussi naturellement aux grands départs. Tarifs et équipement L’équipement peut être très complet et peut même comporter l’affichage tête haute ou la commande vocale. En revanche, nulle trace du régulateur de vitesse avec radar de distance. Disponible avec deux puissances différentes (163 pour les habituelles raisons fiscales ou 173 chevaux), la C6 est proposée en trois exécutions différentes avec un prix de base de 40.890 €. Soit 2.000 € de plus qu’une Audi A6 2.7 TDI V6 de 180 chevaux… Gloups ! Certes la C6 constitue une offre décalée et originale mais son tarif l’empêche de se montrer compétitive. Surtout que la valeur de revente est très incertaine, contrairement à celle des rivales d’outre Rhin (encore elles !). Conclusion Sans aucun doute possible, la C6 est une réussite et retrouve les gênes de la marque tout en les améliorant encore, ce qui a pour but de la rendre convaincante auprès d’un plus grand public. Cette motorisation de base s’associe parfaitement au caractère de la C6 et permet d’abaisser quelque peu le prix… Sans pour autant le rendre abordable ! Et c’est sans doute là la grande faiblesse de ce vaisseau, d’autant qu’elle ne peut prétendre à une valeur de revente aussi élevée et à une image de marque aussi forte que celles de ses rivales. À destiner à des Citroënistes nostalgiques ou à des amateurs d’un certain art de vivre et voulant se différencier du parc automobile actuel, un créneau dans lequel la C6 rencontrera certainement toutes les attentes.

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      À propos de l'auteur : Piette François
      Photos ©: François Piette. Source ©: Citroën.

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