Essais

Ducati Multistrada Granturismo: Madame Plus!

Dévoilée sur nos routes en 2010, la Multistrada 1200 a immédiatement marqué sa différence. Bien loin des canons érigés par BMW, la marque italienne s'est forgé un nouveau créneau, le trail de "compète"! Pas question ici d'une quelconque polyvalence off-road, la Multistrada n'est pas faite pour ça. Par contre, "avionner" sur n'importe quel type de route en toute confiance et en toute efficacité, voilà sa tasse de ristretto! Cette année, elle nous revient en mode voyage avec la Granturismo parée pour le long cours.

  • Wouters Bruno
  • 08 janvier 2014
  • None
Avantages et inconvénients

      Et il faut bien admettre que la mutation ne passe pas inaperçue: la Granturismo se promène dorénavant un cul qui tient plus de la mama que de la ragazza, la faute à des valises à la capacité d'emport largement revue à la hausse: 73 litres au lieu de 58! Et pour bien enfoncer le clou, si je puis me permettre cette image un peu osée en parlant de cul, l'ensemble est couronné d'un vaste top-case de 48 litres! De quoi voir venir, même pour un voyage de trois mois au Pôle Nord sans passer par la laverie!

      Visuellement, la Granturismo se démarque encore de ses sœurs par sa teinte unique et exclusive, un gris mat souligné de noir, qu'on retrouve aussi sur le cadre. Sobre et classieux, mais pas vraiment joyeux. Les flancs sont protégés par de petites protections tubulaires à la mode "Adventure". Dans le même registre, notons les petits feux à longue portée, la béquille centrale, la bulle réglable plus protectrice, le guidon rehaussé de 20 mm, et la selle spécifique. Ca, c'est pour ce qui se voit.

      Testastretta DS

      Cachées dans les entrailles, de nombreuses modifications sont apparues cette année. Dans le moteur, tout d'abord. Le Testastretta 11° DS (Dual Spark) reçoit deux bougies par cylindres, ce qui a été rendu possible par un déplacement des injecteurs. L'apport d'air secondaire conçu pour la Panigale a été introduit, améliorant les conditions de combustion. Si la puissance reste identique à 150 ch, le couple culmine maintenant à 125 Nm. Les avancées techniques réalisées à tous les niveaux permettent au constructeur transalpin de rallonger les intervalles d'entretien à 24.000 km.

      La Granturismo conserve le concept moto 4-en-1 avec quatre modes préétablis, obtenus par la conjonction de différentes technologies. Le choix est offert entre les modes Sport, Touring, Urbain et Enduro. Les deux premiers exploitent la puissance totale de la machine (150 ch), les deux autres se contentant de 100 ch. Le mode Sport lâche toute la cavalerie sans grand ménagement, avec une poignée de gaz très réactive et des réglages d'antipatinage, d'ABS et de suspensions plus virils. Le mode Touring lisse davantage la distribution de la puissance, avec un ABS et un antipatinage plus intrusif et des suspensions plus confortables, des caractéristiques encore amplifiées pour le mode Urbain limité à 100 ch. Citons pour l'anecdote le mode Enduro avec ses réglages d'antipatinage et d'ABS spécifiques au off-road, que peu d'entre nous utiliseront.

      Skyhook

      Arrêtons nous un instant sur les suspensions, "la" nouveauté des dernières Multistrada. Confiées à Sachs et baptisées "Ducati Skyhook Suspensions", celles-ci sont réglables électroniquement. En plus des quatre Riding Modes, Sport, Touring, Urbain et Enduro, il y a quatre options de modification rapide de réglage de suspensions: pilote seul, pilote avec bagages, pilote et passager, pilote et passager avec bagages.

      A partir de là, le "DSS" offre un réglage de suspension semi-active qui réajuste l'amortissement en continu en fonction des données recueillies par différents capteurs suspendus et non suspendus mesurant les mouvements de la moto. Les capteurs du DTC et de l'ABS interviennent aussi pour limiter les effets de plongée ou de délestage.

      Sachez enfin que tant le DTC que l'ABS (de dernière génération) sont entièrement paramétrables, sur huit positions pour le DTC, sur trois pour l'ABS, indépendamment des niveaux établis en fonction des modes de conduite prédéfinis. Vous suivez? C'est ici qu'on touche un peu aux limites du système, tant il y a matière à se perdre dans tous les réglages, d'autant que l'intuitivité n'est pas toujours au rendez-vous!

      Il est loin, le temps du kick!

      Un bouton de clignoteurs qui sert, en plus du Warning, à sélectionner un mode de conduite, un bouton de démarreur qui sert à régler les poignées chauffantes, et là, on n'est pas encore rentré dans les menus paramétrables! Il y a des jours où en en viendrait à regretter le bon vieux kick!

      Mais ne boudons pas notre plaisir: ça marche, et bien, en plus. Pas besoin de se masser avec les réglages: contentez vous de définir votre précharge (seul, à deux, avec ou sans bagages…) et le tempo que vous désirez pratiquer (sport, urbain…) et la Multistrada fait le reste!

      Gréée pour les traversées au long cours, la Multistrada impressionne, presque autant qu'une Béhème Adventure. Heureusement, la selle non réglable reste à une altitude accessible. Bienvenue au XXIème siècle, la clé reste en poche et, une fois assimilées les manips des interrupteurs de coupe-circuit et démarreur, la belle italienne s'ébroue.

      Du Superbike au grand tourisme

      Certainement plus civilisé et exploitable au quotidien que son prédécesseur, le Testastretta DS garde encore assez de caractère pour justifier ses origines, et si il pousse plus poliment, il en a toujours autant sous le coude. Nous on aime bien, mais on ne nous empêchera pas de penser que c'est un peu "too much"!

      La preuve en mettant en mode "100 ch": il en reste bien assez pour s'amuser! Mais bon, il paraît que les agités lassés des Superbikes se sont rabattus sur les maxi-trails, il faut leur en donner en rapport!

      Le châssis, déjà excellent, se montre encore plus performant avec les nouvelles suspensions. Le gain en confort est perceptible. Ca reste dur et rigoureux, efficacité oblige, mais confortable à la longue, d'autant que la selle confort et le guidon rehaussé jouent la même partition. Inutile de dire que la Granturismo permet un tourisme particulièrement rapide, s'adaptant sans difficulté à différents contextes.

      Bref, on s'amuse au guidon de la Ducati et, si on peste toujours contre la modestie des garde-boue, on peut imaginer sans crainte les grandes épopées routières: le plaisir est garanti à tous les instants, mais à quel prix: 21.290€!

      Lire plus:

      À propos de l'auteur : Wouters Bruno Bruno Wouters collabore avec Vroom depuis 2005. Tant qu’il y a des roues et un moteur, c’est un homme heureux.
      Et s’il apprécie les progrès technologiques, rien ne le lui plaît plus que de parcourir les routes de campagne au volant d’une Morgan ou d’une moto, pour les sensations!
      Photos ©: Bruno Wouters. Source ©: Ducati.

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