Essais

BMW i8 : Pour que la passion perdure

Le politiquement correct peut-il être sexy ? Une sportive peut-elle répondre à des impératifs de consommation et d’émissions ? Une voiture hybride peut-elle donner du plaisir ? Voilà toutes des questions auxquelles la BMW i8 répond avec panache…

  • Piette François
  • 10 mars 2015
  • BMW
2,5
score VROOM
  • 4,0
    Performance
  • 0
    Tenue de route
  • 3,0
    Confort
  • 5,0
    Équipement
  • 0
    Sécurité
  • 3,0
    Prix/Qualité
  • 0
    Consommation
  • 5,0
    Global
Avantages et inconvénients
  • Allure extraordinaire
  • Connectivité
  • Consommationé
  • Légèreté/châssis très équilibré
  • Performances
  • Sportive responsable
  • Accès à bord
  • Autonomie du mode électrique en léger retrait
  • Coffre réduit/aspects pratiques
  • Places arrière inutilisables
  • Tarif costaud
  • Visibilité périphérique

Les McLaren P1, Porsche 918 Spyder et autres Ferrari LaFerrari ont déjà prouvé qu’une voiture hybride pouvait développer d’extraordinaires qualités sportives. Mais il s’agit là de rêve, d’exception et de voitures que même les portefeuilles très nantis ne peuvent qu’admirer ! BMW s’attaque pour sa part à un segment plus « accessible » où l’on retrouve principalement des dinosaures : Porsche 911, Jaguar F-Type, Corvette C7… Un monde où l’on compte encore les cylindres pour se comparer aux voisins. Des sportives grondantes, très efficaces, mais à la technique encore très (trop ?) classique.

De l’allure…

Comment BMW peut-il concurrencer ces ténors établis sur le marché depuis un demi-siècle ? D’abord, avec de l’allure. Torturée, atypique et bardée de lignes agressives, l’i8 ne laisse personne indifférent. On peut détester cette débauche de traits compliqués, mais honnêtement, je n’en connais pas beaucoup… Difficile de ne pas lui trouver du charisme, d’autant qu’à bien des égards, elle rappelle la fabuleuse M1 de la fin des années 70. Et puis, il y a ces portes à ouverture en élytre, qui rajoutent au spectacle !

De la technique…

Mais le clou du spectacle, il est sous le capot. Quand le 6 ou le 8 cylindres devient la norme pour les sportives de cette classe, BMW réplique avec… un petit 3 cylindres turbo ! Oui, vous m’avez bien lu ! D’une cylindrée de 1,5 litre, il est gavé par un gros turbo qui lui donne 231 chevaux. A l’avant de la voiture, on retrouve un moteur électrique qui rajoute l’équivalent de 131 chevaux. Faites le compte, l’i8 offre 362 chevaux pour un couple de 570 Nm.

4 roues motrices !

Avec un moteur électrique s’occupant exclusivement du train avant et un moteur thermique agitant les seules roues arrière, l’i8 peut devenir traction, propulsion ou 4x4 selon les circonstances et le mode de conduite sélectionné. A ce titre, on en relève trois : électrique, confort (hybride) et sport, qui a la particularité de faire constamment tourner le 3 cylindres et donc… de recharger les batteries !

Quelques chiffres…

Hybride de type « plug-in », l’i8 demande 3 heures pour une recharge complète de ses batteries sur prise classique ou moins de 2 heures via la « wall-box » de la marque. Toujours est-il que l’autonomie en mode électrique est annoncée à 35 km, ce qu’il faut traduire par environ 25 à 30 km dans la vie réelle. Pour être franc, nous espérions mieux à ce niveau… Sur le mode hybride, l’autonomie globale est comprise entre 400 et 450 km environ.

Cette i8 profite de sa légère structure en plastique renforcé à la fibre de carbone (PRFC) qui n’accuse que 1485 kg sur la balance pour afficher des prestations de premier ordre. Les 362 chevaux s’en donnent à cœur joie, avec un 0 à 100 km/h annoncé à 4,4 secondes et une vitesse de pointe limitée à 250 km/h.

Le tour du propriétaire

Agressive, l’i8 ne l’est pas qu’un peu ! Une vraie bombe qui accroche tous les regards et dévisse toutes les têtes… Et histoire d’en rajouter une louche, l’accès à bord se fait via les spectaculaires portières à ouverture en élytre ! C’est alors que les problèmes commencent : l’accessibilité à bord est assez « problématique », ce qui est d’autant plus gênant que tout le monde vous regarde… Une fois à bord, on savoure la position de conduite surbaissée, mais l’ambiance est moins délurée qu’on ne pourrait le penser… Dommage ?

Si on retrouve bel et bien 2 sièges supplémentaires, sachez qu’il faut y voir un espace pour les bagages, garni de ceintures et non un endroit pour y installer des êtres humains ! Ce qui tombe bien car les espaces de rangement sont comptés et le coffre, situé derrière le moteur, est non seulement chaud, mais également ridicule. Le style a ses raisons que la fonctionnalité ignore… Il faut bien quelques concessions !

Parfaite pour la ville ?

Avec son soyeux moteur électrique et sa boîte automatique, on pourrait croire que l’i8 savoure les milieux urbains. Elle, peut-être… Le conducteur, en revanche, nettement moins : la visibilité arrière et de trois quart avant est des plus limitées et la suspension percute un peu trop fermement au goût de mes vertèbres ! Quittons cette jungle inhospitalière pour partir à l’assaut des petites routes dégagées. L’i8 y dévoile là, sa vraie nature.

Une sportive ?

Une fois habitué à la direction un brin trop artificielle, c’est du bonheur 100 % pur sucre, cette i8 ! Calée sur le mode sport, elle répond en grondant de ses 3 cylindres, avec une sonorité rauque pas déplaisante. On est loin du cri métallique d’une 911 ou de la mélopée grisante d’une F-Type, mais ça fait tout de même son petit effet. La poussée, du genre virile, n’attend pas le sommet du compte-tours pour se manifester, le moteur électrique se mettant à l’ouvrage dès les bas régimes. Et croyez-moi, il y a de la ressource !

Bon sang que c’est bon !

Et puis, il y a cette partie châssis, absolument fantastique d’équilibre. L’i8 se révèle lorsque le rythme s’enhardit, avec un comportement étonnement facile pour une voiture à moteur central. Pensez simplement à soigner vos entrées en courbe, facilitées par le freinage costaud, ce qui permet au châssis de se placer idéalement. Selon l’apesanteur du pied droit, il est aisé de moduler la position du train arrière. Simple et redoutablement efficace pour afficher une large banane ! Au final, le mot qui reste en tête, c’est légèreté. Cette structure en PRFC fait vraiment des miracles.

L’amortissement piloté propose deux lois : confort ou sport. La différence entre les deux ne saute pas immédiatement à votre colonne, mais on retient surtout qu’au plus ça va vite, au mieux ça amortit ! Plutôt sèche à allure citadine, l’i8 affiche un confort fort honorable sur autoroute… Du moins si l’on excepte quelques bruits de vent (spécifiques à notre exemplaire, sans doute ?), qui gâchent un peu le plaisir.

Tarif

Une structure faisant abondamment appel à la fibre de carbone et une technologie hybride plug-in : tout cela se ressent forcément sur la facture. Et à 141.000 €, l’i8 est bien plus chère que les Jaguar F-Type, Corvette C7 et autres Porsche 911 Carrera. Heureusement, l’équipement est du genre complet, ce qui limite déjà la casse.

La consommation dépend essentiellement de votre style de conduite et… de votre profil d’utilisateur ! La règle d’or est bien entendu de recharger aussi souvent que possible et, pour les petits trajets, d’utiliser au maximum le moteur électrique. Dans ce cas, la consommation frisera le zéro absolu. A l’inverse, sur longue distance et sans recharge régulière, l’appétit de la bête approchera les 10 l/100 km. A titre indicatif, nous avons obtenu une moyenne de 7,3 l/100 km, en rechargeant régulièrement.

Conclusion

Plus qu’une sportive avant-gardiste, BMW nous présente une nouvelle vision de l’automobile sportive. Une vision responsable, politiquement correcte, mais qui n’exclut pas une bonne dose de plaisir « à l’ancienne ». Voilà une preuve tangible que même les sportives ont un bel avenir devant elles. Parfaite, cette i8 ne saurait l’être. Mais en dépit d’une technologie très pointue, elle réussit le pari de se révéler attachante à l’usage, ce qui est probablement le plus beau compliment que l’on puisse lui faire.

BMW

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: François Piette. Vidéo ©: François Piette.

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