Chez Lexus, c’est tout ou rien. D’un côté, vous avez les berlines et SUV premiums tournant quasiment tous avec une motorisation hybride et de l’autre, vous avez de solides sportives au gros moteur atmosphérique ! Après y avoir brièvement goûté dans le sud de l’Espagne, voyons voir comment se comporte cette RC F au quotidien, sur nos routes belges.
Après une IS F pour le moins rageuse, Lexus a remis les pendules à l’heure dans l’univers des supercars avec sa LFA. En dépit d’un tarif proche des 400.000 €, les quelques exemplaires produits furent rapidement vendus ! Le prix et la production limitée vous ont ôté tout espoir ? Lexus revient avec cette RC F, un coupé au design agressif, mû par une noble motorisation V8 atmosphérique et… proposé à moins de 100.000 € !
Dans la rue, la RC F impressionne : sa calandre béante, ses traits torturés mariant lignes acérées et courbes musclées interpellent rapidement les badauds. Lexus a donné un vrai caractère stylistique à sa monture et si elle n’a peut-être pas la sobre élégance des concurrentes allemandes, elle fait tourner bien plus de têtes !
Dans l’habitacle, même constat : l’instrumentation digitale, l’épaisse console centrale à « étages » et les surpiqûres bleues vous plongent dans une ambiance assez exclusive. Certains plastiques et boutons ne sont peut-être pas tout à fait dignes du prix, mais il se dégage une atmosphère unique ! On aime ou on déteste, mais au moins, elle ne s’embarque pas dans un conformisme ennuyeux. Et puis, il y a ce système multimédia à commander via une souris : très complet, il demande pourtant un gros temps d’adaptation… Pas facile de s’y retrouver dans tous ces boutons et autres menus !
Ne tournons pas autour du pot, si vous recherchez une sportive à 4 places, voyez la toute récente GS F ou tournez-vous vers la concurrence. La RC F n’est pas un modèle de fonctionnalité, ni d’habitabilité. Les places arrière sont réduites et ne conviendront qu’à des petits gabarits, alors que le coffre, à l’accès réduit, ne vous sera pas d’une grande aide si vous avez l’âme d’un brocanteur.
Toutefois, pour un week-end, voire une semaine en amoureux, c’est suffisant, car les places arrière peuvent servir d’espace d’appoint. Il n’en reste pas moins qu’une BMW M4, la rivale toute désignée, se montre plus accueillante sur ce point.
Un objet de musée, le moteur atmosphérique ? Il est vrai que la concurrence est déjà à l’ère du turbo : BMW, Mercedes et même Porsche qui va flanquer deux turbos au flat-six de sa 911 ! D’une cylindrée de 5 litres, le V8 Lexus reste pourtant à aspiration libre, ce qui signifie qu’il va chercher ses 477 chevaux tout là-haut, à 7.100 tr/min ! La valeur de couple est aidée par la copieuse cylindrée : 530 Nm. Confirmant la philosophie GT de sa RC F, Lexus ne propose que la seule boîte automatique, à 8 rapports.
Avec près de 500 chevaux sous le pied droit, on s’attend à une poussée foudroyante à la moindre pression sur l’accélérateur ! Et pourtant, ce n’est pas exactement le cas… Accusant près de 1,9 tonne sur la balance, la RCF n’est pas aussi vive qu’attendu : le moteur demande à être poussé dans les tours pour délivrer sa pleine puissance ! Sous 4.000 tr/min, les reprises manquent relativement de poigne et la sonorité très discrète contribue au calme ambiant. Il va donc falloir se retrousser les manches…
Et puis, à 3.800 tr/min environ, le fauve se réveille. Dans une sonorité brusquement rageuse, le V8 entame un ballet enivrant et grimpe à plus de 7.000 tr/min dans un grondement réjouissant, profond et… naturel. La boîte, plutôt paresseuse en mode « automatique », se veut nettement plus vive si vous sélectionnez le mode « manuel » ! La poussée devient graduellement plus forte et le conducteur prend à ce moment, vraiment conscience de la puissance du V8.
Si la masse de l’ensemble calme les ardeurs de la mécanique, elle pénalise aussi le dynamisme du comportement. Face à ses concurrentes teutonnes, la RC F est pénalisée par un train avant plus paresseux et une inertie plus sensible. Non, ce n’est pas une ballerine, mais on se plaît tout de même à enchaîner les virages. D’autant que cette propulsion se laisse aussi guider avec le pied droit et préserve un équilibre facile et progressif à la limite. Enfin, les freins sont largement suffisants sur la route et assurent puissamment leur devoir.
Ce sont vraiment les itinéraires rapides, parsemés de longues courbes, pour lesquels la RC F semble taillée. Calée sur ses appuis, elle affiche alors une stabilité inébranlable. Dans ces conditions, la machine se révèle pleinement, bien plus qu’en l’asticotant brutalement sur des itinéraires très tortueux. Non pas qu’elle n’y affiche aucune efficacité, son cher différentiel actif optionnel préservant une belle motricité, mais la masse, encore et toujours elle, vient se rappeler à votre souvenir.
S’agissant d’une sportive de près de 500 chevaux, on peut considérer le confort comme honorable. Bien entendu, n’en attendez pas le calme d’une limousine LS, mais la RC F ne fatiguera pas vos lombaires et préserve l’habitacle des agressions sonores. Seule la mécanique est audible à hauts régimes ou sur le mode Sport +… Mais difficile, dans ce cas, de parler d’agression sonore tant la musique est agréable !
A 85.910 €, la RC F n’est certes pas donnée, mais son équipement affiche quasiment complet. Toutefois, mieux vaut être « bien dans ses papiers », car à l’usage, la RC F réclame sa petite ration de super : quasiment jamais moins de 12,5 l/100 km et de manière plus réaliste, entre 13,5 et 15 l/100 km. Voire très nettement plus si vous titillez la pédale de droite !
La tentation est grande de comparer la RC F aux sportives germaniques de renom… Plus lourde, quasiment aussi chère et moins forte en couple à bas régimes, cette comparaison ne tournera pas à son avantage. La RC F, nous la considérons plutôt comme une GT avec un charme très exotique. Une GT qui se savoure sur de longs trajets et qui s’adresse aux épicuriens adeptes des gros moteurs atmosphériques. Vue comme telle, il paraît difficile d’y résister !
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