Annonçant l’arrivée d’un gigantesque pack de
batterie capable de stocker 100 kWh, la version haute-performance de la Model
S, la P100D, marie deux moteurs électriques (un par train) surpuissants
développant au total près de 600 ch et plus de 1.000 Nm de couple ! Un
véritable dragster, grâce à son mode « Ludicrous », qui l’aide à
accrocher la barre des 100 km/h en seulement 2,7s. Et surtout faire beaucoup de
bruit sur la toile grâce aux vidéos montrant ce « char d’assaut » de
plus de deux tonnes laisser de nombreuses supercars sur place, lors d’exercices
de départ arrêté que nos amis « ricains » affectionnent tout
particulièrement.
Dorénavant, le pack de batterie de 100 kWh
est néanmoins également proposé avec une version légèrement édulcorée. On
conserve deux moteurs électriques, synonymes de transmission intégrale, mais la
puissance totale descend à 422 ch (660 Nm) grâce à deux machines développant
respectivement 193 kW (262 ch). L’autonomie officielle offerte par les quelques
600 kg ( !) de batterie, selon le cycle NEDC, en profite pour passer à…
632 km !
Prémisse
de conduite autonome
« Vieillissante » a priori, puisque
sa première présentation officielle remonte à 2009, la Model S profite
néanmoins de mises à jour continues lui permettant de rester à page. La Model S
propose ainsi de nombreuses aides électroniques indisponibles lors de son
lancement comme le freinage automatique d’urgence, l’alerte de franchissement
de ligne ou la détection des angles morts. Le conducteur peut, en sus, jouir de
fonctionnalités étendues en commandant le pilotage automatique amélioré
(5.800€) voire le pilotage autonome (encore 3.500€ en plus). On pourra alors,
toujours en veillant à pouvoir reprendre la main en cas de besoin,
progressivement céder la conduite dans les conditions moins amusantes, comme
l’autoroute ou les embouteillages, à sa voiture.
Confort
soigné
Sur cette version, dépassant à la fois la
barre des deux tonnes et des 110.000€ de base, on jouit en série d’un
amortissement pneumatique. En plus d’offrir une assiette à la hauteur variable,
elle assure un toucher de route relativement prévenant. Même si, notre modèle d’essai
étant équipé des plus grandes jantes disponibles (21’’) au catalogue, elle ne
parvient pas toujours à gommer parfaitement les petites irrégularités.
Très bien insonorisée en ville ou lors des
trajets péri-urbains (ses moteurs électriques ne font bien évidemment pas de
bruit…), la Model S laisse percevoir davantage de bruits aérodynamiques aux
vitesses autoroutières. Toujours au rayon confort, on soulignera également que
les sièges de la Californienne pourraient être plus moelleux et offrir un
meilleur maintien.
Décidément
différente des autres
À l’usage, la Tesla demandera également un
petit temps d’adaptation pour se familiariser avec son système d’accès
caractéristique (les poignées s’escamotent, par exemple, à l’approche du conducteur)
ainsi qu’avec le fonctionnement de sa clé dont les boutons sont des surfaces
tactiles non marquées par les traditionnels symboles. Mais on s’y fera assez
rapidement…
Accélérations
époustouflantes !
Même si l’on se contente de la 100D
« non-P », on ne sera pas déçu au moment d’enfoncer la pédale de
droite ! Diable, cette Tesla a le diable au corps et accroche les 100 km/h
en 4,3s ! On se sent propulsé par un élastique géant, sans le moindre
bruit ! Les performances deviennent un peu moins démonstratives au fur et
à mesure que la vitesse augmente. La vitesse maximale est, quant à elle,
limitée officiellement à 250 km/h. Mais on ne se sent pas autant en confiance
qu’à bord d’une Porsche Panamera ou d’une BMW Série 7 au-delà des 180 km/h, sur
les autobahns.
Même constat sur les routes sinueuses : la
Tesla Model S ne rechigne, certes, pas à adopter une allure soutenue sur les
routes secondaires. Mais en laissant, à nouveau, son conducteur moins en
confiance qu’avec une berline « concurrente » d’un blason germanique
de même dimension. Il faudra composer avec une direction trop légère, et des
liaisons au sol affichant plus promptement leurs limites.
Espace
gigantesque !
Par contre, sur le plan pratique, la Tesla
Model S supplante les berlines concurrentes. Trois passagers peuvent
s’installer assez facilement sur la banquette arrière de la Tesla, en l’absence
de tout tunnel de transmission. La banquette arrière (chauffante avec le pack
hiver) de la Model S affiche, par contre, une assise assez courte et impose de
voyager avec les genoux dans le menton en raison de la présence des batteries
dans le soubassement.
Pour les familles nombreuses, signalons tout
de même que la Tesla peut embarquer deux strapontins optionnels (4.600€), dos à
la route, qui s’escamotent depuis le coffre. En parlant coffre, justement, la
Tesla Model S offre un volume de chargement insoupçonné ! Tant sous son
capot arrière (745 litres) que sous son capot avant (150 litres). Les berlines
thermiques concurrentes ne peuvent rivaliser sur ce plan, c’est certain !
Connectée
En s’installant à bord, impossible de ne pas
avoir le regard attiré par la gigantesque tablette verticale caractéristique de
cette voiture élevée dans la « Silicon Valley ». Elle se démarque par
son utilisation intuitive et quelques attentions spécifiques, comme une
connexion Spotify par exemple. Et bien sûr, on peut aussi très facilement
rechercher les fameuses stations de recharge rapide de Tesla, les
« superchargeurs », tout en connaissant à distance la disponibilité
du nombre de points de charge en temps réel.
Par contre, la connexion 3G de
l’info-divertissement perdant parfois le (sans-) fil, on se retrouve à
l’occasion avec une carte de navigation Google
Earth grisée en attendant le rafraichissement de la page… Cela peut être
assez fâcheux quand on arrive dans une zone, moins bien couverte, que l’on ne
connaît pas ! Notons enfin que l’application spécifique pour smartphone
permet de commander/vérifier à distance la recharge, la pré-climatisation, etc.
de son bolide.
400
km, au moins…
En adoptant un style de conduite
« éco », la Tesla Model S peut se contenter de 17 kWh/100km. Ce qui
lui autorise alors un rayon d’action réel d’environ 570 km. À l’inverse, en
conduite sportive, nous avons relevé une consommation moyenne flirtant avec les
35 kWh/100km. Ce qui réduit le rayon d’action réel de la S 100 D à environ 280
km.
Mais pour une utilisation « courante »,
on peut néanmoins plutôt tabler sur une consommation moyenne tournant autour
des 22 à 24 kWh/100 km. La batterie de la Tesla offrira alors au moins 400 km
réels d’autonomie avant de vouloir à nouveau être rassasiée d’électrons. Ce
qui, à l’usage, s’avère largement suffisant pour rapidement faire oublier la
peur de la « panne sèche » caractéristique des autres voitures
électriques. Surtout que le réseau de « superchargers » de Tesla
affiche une efficacité assez impressionnante. Nous avons récupéré en moyenne
+-270 km d’autonomie en 30 minutes lors de nos recharges !
120%
de déductibilité
Voiture 100% électrique, la Tesla Model S jouit
d’une déductibilité fiscale de 120 %. En pratique, cela signifie qu’on pourra
déduire 136.740€ de sa fiche d’impôt après avoir réglé la note de 113.950€ de
la Tesla Model S 100D. Pour ce prix, on jouit d’un équipement de série
relativement complet. Par contre, le niveau de finition et la qualité des
matériaux offerts par Tesla restent inférieurs aux standards dictés par les
blasons allemands pour ce tarif.
Même constat du côté de l’équipement
optionnel proposé. Certes, l’Autopilot est assez moderne et technologique, mais
ne vous attendez pas à pouvoir configurer votre Model S à la carte comme chez
Porsche, Audi, Mercedes ou BMW. Signalons, enfin, que Tesla n’offre plus un
accès illimité à son réseau de « supercharger » mais plutôt un
forfait de 400 kWh/an. La consommation d’électricité supplémentaire sera
ensuite facturée à 0,23€/kWh.
Conclusion
Pour le prix exigé, la Model S 100D ne peut
rivaliser avec les concurrentes thermiques traditionnelles sur le plan de la
finition, de l’équipement ni même de l’agrément dynamique (en-dehors des lignes
droites s’entend !). Par contre, voilà une réelle alternative pour les
clients à la recherche d’une voiture premium sevrée du sans-plomb. Les clients
professionnels profitent en outre d’un niveau de déductibilité fiscal
alléchant, et les particuliers de taxes nulles (en Flandre) voire équivalentes
à celles d’une citadine (à Bruxelles et en Wallonie). Le gigantesque pack de
batterie aide, en outre, à rapidement oublier que l’on roule avec une voiture
électrique. Et, à l’occasion, les deux moteurs électriques peuvent assurer des
prestations dignes de celles d’une super-car multipliant les cylindres sous son
capot moteur !