Honda Africa Twin: La Reine du Désert de retour!

Et le plus beau, c'est que Honda réussit ce coup de maître sans tomber dans la surenchère qui semble habituellement motiver les challengers, bien au contraire! Avec 95 ch et pour seule avancée électronique un antipatinage, l'Africa Twin se démarque de la démesure qu'affichent des machines comme la Ducati Multistrada ou la KTM Super Adventure, avec leurs 160 ch et leur électronique omniprésente, du choix de mapping moteur aux suspensions semi-actives! Et vous savez quoi? Ca fait du bien!

Rétroactes: Le rallye Paris-Dakar connaît sans doute ses plus grandes heures de gloire dans les années 80. Il faut se rappeler qu'à cette époque l'épreuve faisait la une de tous les journaux, et monopolisait l'antenne sur les petits écrans, difficilement imaginable aujourd'hui… Mais du coup à l'époque, tout le monde rêvait d'aventure et les "Paris-Dakar" Replica se vendaient comme des petits pains.

Dakar

Le gracile petit trail comme la Yamaha 500XT s'était transformé en Ténéré, affublée d'un énorme réservoir de trente litres et de peintures de guerre inspirées des livrées des machines d'usine qui fonçaient à travers le désert. En 1986, Honda met le paquet sur la course avec de nouvelles machines bicylindres qui gagneront quatre années de suite.

Bien évidemment Honda exploita ses exploits et commercialisa en 88 la XRV 650, baptisée Africa Twin. La légende était née! La cylindrée passe à 750cc dès 1990 et l'Africa Twin restera au catalogue jusqu'en 2003, trois générations se succédant, avant de disparaître, laissant alors un boulevard à la BMW 1200GS présentée en 2004.

Annoncée depuis un moment, la nouvelle Africa Twin a immédiatement suscité l'intérêt par sa démarche. Beaucoup d'amateurs de trails ne se retrouvent en effet pas du tout dans les machines proposées, qui n'ont plus de trail que le nom. Les puissances se sont inutilement envolées, les technologies sophistiquées proposées par l'électronique sont devenues omniprésentes.

Trop est parfois te veel

A l'ABS s'est rapidement adjoint l'antipatinage, mais aussi le choix des modes de conduites. Bien entendu, la liste des équipements s'allonge, du cruise-control à la surveillance de la pression des pneumatiques, du quickshifter à la centrale inertielle qui mesure les angles de la machine. Résultat, de véritables monstres, impayables pour le commun des mortels, et bien en peine de partir à l'aventure hors des sentiers battus! Honda avait une carte à jouer et a visiblement visé juste avec son Africa Twin qui a tout pour plaire.

Pas de révolution hormis pour la boîte DCT, absente sur notre moto d'essai, mais une recette éprouvée, avec des ingrédients bien choisis et bien dosés. Le moteur, un bicylindre vertical face à la route de 1.000cc, se contente de donner 95 ch: une puissance raisonnable qui ne réclame pas de sur-dimensionner de nombreux composants.

La silhouette donne immédiatement le ton et rappelle les grandes heures des trails polyvalents et faciles à vivre. Les roues à rayons (et chambres à air!) font respectivement 21" et 18" à l'avant et à l'arrière, en 90/90 et 150/70.Les débattements sont à l'avenant, avec 230mm à l'avant et 220 à l'arrière, mais pas question de suspensions semi-actives. Selle relativement fine, réglable à 850 et 870 mm: de quoi mettre pied à terre aisément et trouver aisément sa place, assis ou debout.

Une moto qui met en confiance, avec un gabarit qui a su rester humain et une position de conduite on ne peut plus naturelle. Le poids reste raisonnable, grâce tout d'abord à un moteur extrêmement compact qui exploite quelques choix techniques innovants: carters scindés verticalement, pompe à eau logée dans le carter d'embrayage, lubrification par carter demi-sec, distribution Unicam à simple arbre à cames héritée des CRF250 et 450, vilebrequin calé à 270° pour obtenir un ressenti proche d'un V-twin.

Rafraîchissant

L'agrément offert par l'Africa Twin doit beaucoup à ce bicylindre: avec ses courbes de puissance et de couple très linéaires, la Honda réagit avec facilité mais sans violence inutile sur toute la plage de régimes, reprenant depuis 2.500 trs/min sur le dernier rapport, et montant sans rechigner dans les tours jusqu'à la zone rouge. Les 95 ch bien vivants sont largement suffisants pour rendre la conduite aussi amusante que dynamique, sans agressivité inutile.

Avec son poids relativement contenu, son gabarit mesuré et son moteur conciliant mais volontaire, la Honda brille en ville. Agile mais précise, l'Africa Twin se montre aussi efficace sur la route. Le compromis confort tenue de route obtenu par ses suspensions classiques convainc en toutes circonstances, une fois (ré)assimilé l'effet de plongée des suspensions à grand débattement lors des freinages.

Intuitif et plaisant à conduire, ce trail permet toutes les improvisations et sa conduite se résume sans doute en un mot: facile. Et pas de souci pour bouffer de la borne sur autoroute: avec une vitesse de pointe au-delà des 200 km/h, il y a de quoi voir venir, d'autant que même à ces vitesses-là, la reine africaine garde son cap sans jamais se désunir. Simplicité et polyvalence sont les maîtres mots qui définissent sans doute le mieux l'Africa Twin, à contretemps des tendances actuelles: rafraîchissant!