Essais

Le mélange de l’élégance et de la raison

Jaguar a osé : proposer un moteur Diesel sur une traction. Double hérésie ? En tout cas, à bord, on est bien dans une Jaguar.
  • Piette François
  • 08 décembre 2003
  • Jaguar
Avantages et inconvénients
      Dès que vous vous installez au volant de la X-Type, il est là… Ses crocs bien en vue, il vous regarde et vous rappelle que les apparences sont trompeuses. La tête de Jaguar sur le volant incite le respect. Certes, la ligne classique, l’habillage british et le décor cuir cachent en fait une bête à la fois douce et féroce. Déjà les premiers soupçons se portent sur le levier de vitesse. Vraiment magnifique, sans forfanterie aucune, il vous invite à une conduite de prestige. Mais, damned ! À l’allumage, le bruit de moteur est celui d’un Diesel… Du gazole dans une Jaguar ? Non seulement, la motorisation est incongrue, à première vue, mais le félin est aussi une traction… La fin d’un mythe ou un pari réussi ? Jaguar, sous la tutelle de Ford, voyait ses ventes diminuer de manière dramatique, surtout en Europe. Il fallait réagir. Une des solutions était d’offrir une motorisation Diesel, fort populaire dans ce segment. Détourné de la Ford Mondeo, ce moteur 2 litres a été spécialement adapté à la X-Type. Le 4 cylindres suralimenté 16 soupapes à injection à rampe commune développe 130 chevaux (96 kW) pour un couple loin d’être ridicule : 330 Nm. De plus, pour justifier la bête aux crocs sur le volant, le moteur est équipé de la fonction « overboost ». Un surcroît de couple qui permet à la voiture d’atteindre 350 Nm pour les dépassements… ou les accélérations plus poussées. Le moteur, onctueux, ne décollera pas le bitume, certes, mais il offre des performances dignes d’un félin sauvage et agile. Raisons économiques Si une étude de marché a motivé le développement de cette auto, c’est aussi une opportunité offerte à tous d’entrer dans l’univers Jaguar. La finesse et l’authenticité sont accessibles pour près de 30.000 euros. Et avec une consommation aux alentours de 6 litres, c’est vraiment une bonne affaire tant du point de vue mécanique que de prestige. En effet, vous avez une Jaguar avec ses inserts en bois, sa suspension dure mais pas trop ferme privilégiant le confort et le mode de vie british. La souplesse du moteur ne ternit en rien l’image de prestige de la marque. Atteignant une vitesse de 201 km/h tout en silence et sans véritable effort, la X-Type atteint le 100 km/h en 9,9 s ! Performance honorable mais vite pardonnée au volant. Sur autoroute, le couple permet à la voiture de répondre aux sollicitations. Jonathan Carling, ingénieur en chef du programme X-Type explique que « le moteur Diesel 2 litres développe sa puissance sans effort répondant ainsi aux exigences de Jaguar. Avec un tel moteur, qui offre une très grande souplesse et un raffinement de fonctionnement, il est possible de couvrir de longues distances dans le meilleur confort, ce qui le rend particulièrement attractif ». Jaguar y a mis les moyens : un moteur léger (195 kg) et compact. Il comporte deux arbres à came en tête entraînés par une chaîne duplex qui entraîne également la pompe injection haute pression. Ils commandent quatre soupapes par cylindres (deux d’admission et deux d’échappement) grâce à des basculeurs à galets de grand diamètre. Ce qui a pour avantage de réduire les frottements et d’augmenter leur espérance de vie. Le circuit d’alimentation associe une injection directe à rampe commune haute pression à un turbocompresseur à géométrie variable et un échangeur de température de suralimentation. Ce dispositif a été ajouté par les ingénieurs de Jaguar pour permettre des réactions instantanées du moteur. Même si une faible « inertie » a été ressentie lors de fortes accélérations sur autoroute. Mais rien de bien méchant. La technologie au service de l’efficacité L’insonorisation est également remarquable. Outre les protections sonores et antivibration, le niveau de bruit du moteur a été diminué grâce à l’ECM. Véritable cerveau du système, il contrôle à la fois la pompe et les injecteurs. Ces derniers, à commande électronique, peuvent injecter deux volumes précis de gazole sur chaque temps moteur. Le très faible volume de l’injection pilote est injecté au début du temps, il est suivi par le volume plus important de carburant injecté de l’injection principale, qui produit la puissance. La vaporisation ultrafine du Diesel, les deux phases d’injection et leur dosage ainsi que le calage de l’injection ont permis d’obtenir un processus de combustion plus progressif et plus efficace. De plus, un capteur de bruit de combustion (CNS) détecte et réduit le bruit de combustion sur chaque temps moteur. Ce qui permet au moteur de tourner plus régulièrement et plus silencieusement. Le MDP, une adaptation permanente de l’impulsion d’entraînement minimum, permet, enfin, au moteur « d’apprendre » à devenir plus silencieux au fil des kilomètres ! Tout en offrant plus de puissance à consommation réduite. Jaguar, en adaptant le moteur Ford, a démontré son savoir-faire mécanique et technologique. Signe rassurant de vivacité… La boîte de vitesses Getrag à cinq rapports fonctionne par câble. Bien isolé des vibrations grâce à un volant à double masse, le passage de vitesse se fait en douceur mais demande une certaine franchise. Pas question de passer ses vitesses avec deux doigts, il faut bien prendre en main le pommeau. La course de pédale d’embrayage ne préserve pas des calages à froid, surtout en marche arrière. C’est bien là le seul point agaçant de cette voiture. La direction est précise et souple. La suspension bénéficie de réglages particuliers des ressorts, amortisseurs et barre antiroulis pour réduire les différences de confort et de tenue de route entre les modèles essence et Diesel. Le freinage est mordant et efficace. Et, enfin, le confort à bord est conforme aux attentes. Le bon goût est présent et les petites touches traditionnelles se marient à merveille avec les nouvelles technologies. Cette X-Type, qui existe maintenant en version break, est un pari réussi. En effet, les ventes de la marque britannique ont grimpé de manière exceptionnelle cette année, notamment grâce à un renouvellement de la gamme et à l’arrivée du moteur Diesel. Avec le coup de pouce des nouvelles technologies et des performances des motorisations suralimentées et à rampe commune, Jaguar a pu se permettre de devenir infidèle à l’essence et d’offrir un véhicule réussi qui a su garder les valeurs essentielles du constructeur. © Olivier Duquesne

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      À propos de l'auteur : Piette François
      Source ©: Jaguar.

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