Qui dit facelift, dit modifications cosmétiques ! Avec son regard cinglant celui de la grande XJ, la XF a le regard perçant envers ses concurrentes teutonne... et le mascara scintillant de ses lampes LED diurnes ! Ainsi maquillée, la voilà qui paraît trapue, large et parée à mordre ce bitume trop longtemps usé par ces berlines d’outre-Rhin !
Pour inverser la vapeur, la Jag’ joue aussi sur son élégance. Une classe folle que l’âge ne peut altérer. Une classe folle qui passe par des feux arrière plus fins que jamais, mais aussi par des compromis dont la visibilité se passerait bien : de trois-quart arrière, on ne voit pas grand-chose ! Heureusement, il reste la vue droit devant, au travers du pare-brise, qui donne sur le capot qui ondule élégamment au gré de ses nouveaux reliefs.
L’atmosphère d’une Jaguar, si singulière, est probablement un argument percutant face à un client habitué aux sombres et sérieuses teutonnes. On ne change pas une équipe qui gagne, du moins, pas complètement, et c’est donc par petites touches que Jaguar a opéré pour revisiter son habitacle : les sièges procurent un maintien renforcé (une lacune du modèle précédent), le tableau de bord évolue subtilement et le système audio Bowers & Wilkins propose une puissance de 1200 Watts… Mais empiète le tableau de bord d’un haut-parleur façon pustule et se reflète dans le pare-brise !
Après l’épisode malencontreux de la X-Type, Jaguar tient à son rang et évite les incursions trop hâtives vers des modèles populaires. Descendre en gamme avec la XF, oui, mais pas à n’importe quelle condition ! Le 4 cylindres diesel, pour prétendre à des ventes sur ce marché, c’est inévitable. Alors d’accord pour cette roturière mécanique, mais pour mériter le bondissant félin, ce 4 cylindres devra faire preuve d’une éducation sans pareille ! Sujet de Sa Majesté oblige…
D’une cylindrée de 2.2 l, ce moteur affiche une puissance de 190 chevaux et un couple de 450 Nm. Pour la Belgique, une version dégonflée à 163 chevaux et 400 Nm est également prévue. Ce moteur est d’office accouplé à une boîte automatique à 8 (!) rapports. Question consommation, cette XF se présente comme, ni plus, ni moins, la Jaguar la plus sobre de tous les temps : 5,4 l/100 km et des émissions de CO2 de 149 g/km. Pour arriver à ces valeurs, ce moteur s’équipe d’un Start & Stop, particulièrement prompt à redémarrer et évitant de secouer la carlingue ! Une petite perle ! Eloquent ? Disons que c’est un résultat honorable, mais la concurrence germanique frappe plus fort encore, tant en performances qu’en sobriété… Mais les seuls chiffres ne racontent pas tout… Et c’est là tout l’intérêt d’un essai routier !
En diesel, la gamme est particulièrement étendue : on commence avec ce nouveau 2.2 l diesel (par ailleurs repris, sous d’autres configurations, sous le capot des Land Rover Freelander, du futur Range Evoque, ainsi que des… Peugeot 508 et Citroën C5) décliné en deux variantes de puissance (163 et 190 ch) et on culmine avec le somptueux V6 de 3 litres, qui reste au catalogue, mais perd sa variante fiscale de 211 chevaux. On se retrouve donc avec la variante « classique » de 240 chevaux, et la « S », de 275 chevaux. La boîte automatique à huit rapports, toute nouvelle, est valable pour tout le monde ! Petit indice pour s’y retrouver : 4 cylindres, c’est une seule sortie d’échappements, 6 cylindres, on en compte deux !
En essence, c’est nettement plus simple : V8 exclusivement, 385 chevaux en version atmosphérique et 510 chevaux pour la sulfureuse XFR.
Pour cette première prise en main, commençons avec le nouveau 2.2 l diesel. Certes remarquablement encapsulé, il laisse cependant filtrer une sonorité qui évoque plus le taxi que le noble félin… Déception, mais il ne fallait pas s’attendre à autre chose, architecture mécanique oblige ! Mais si l’on fait abstraction de sa bande-son (bien contenue), on approuve cette nouvelle mécanique : sa souplesse à bas régimes s’accompagne d’un punch largement suffisant, une fois dans les tours. De performances, il en est donc toujours question. De sobriété, il s’agira de le vérifier sur un test plus long, mais ce 4 cylindres semble peu porté sur la boisson !
Mais si c’est d’agrément que l’on cause, alors difficile de ne pas parler du V6, qui apporte une rondeur, une douceur et une sonorité nettement supérieures au 4 cylindres ! Des atouts qu’il fait payer fort cher, notamment en termes de surcoût à l’achat, de taxes, mais aussi de consommation, mais qui acèrent d’autant les canines du félin… Si vous êtes parés à vous offrir les services de ce V6, soyez rassurés, la version 240 chevaux est amplement suffisante ! Quant à la « S », c’est une fusée !
Et cette boîte ? Avec 8 rapports, elle semble plus préoccupée à trouver le bon rapport qu’à laisser agir le couple copieux de ces mécaniques. En clair, il lui arrive d’hésiter et de manquer de répondant. Mais soyons juste : le bilan est cependant brillant, ne serait-ce que par la douceur de ses passages de rapport.
Pour conclure ce tour d’horizon, nous avons pu brièvement prendre le volant de la XFR, armée de 510 chevaux. Une expérience musclée, faite de relances démoniaques ! Pourtant, toute athlétique qu’elle est, cette XFR se la joue main de fer dans un gant de velours : pas de hurlement dévastateur, mais un grondement sourd et contenu, pas de poussées brutales, mais une vigueur virile et continue… En dépit d’un look évoquant le Jaguar paré à bondir sur sa proie, la XFR sait jouer les fauves câlins…
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