Contre-offensive britannique

Une lettre qui change tout

La XF a réussi une petite percée sur nos routes et sa ligne effilée et sportive continue toujours de plaire. Clairement, l’image de Jaguar a été rajeunie avec ce modèle qui ne s’adresse plus seulement à une clientèle ayant roulé jadis en Type E… Les petites modifications esthétiques pour ce facelift sont minimes mais c’est surtout sous le capot que les changements sont les plus drastiques ! La XF se donne maintenant les moyens de venir piquer les berlines allemandes et ce, sans complexe aucun !

Un fauve jadis trop tendre !

Avec son seul V6 2.7 l comme motorisation diesel, la XF manquait d’ambition pour venir chatouiller les Audi A6, BMW Série 5 et Mercedes Classe E, qui proposent des diesels explosifs ! Si bon était-il, ce V6 ne délivrait jamais que 207 chevaux et 435 Nm. Largement suffisant dans l’absolu, mais pas assez pour séduire… Or c’est bien de cela qu’il s’agit !

Tir rectifié

Ainsi, la cylindrée est passée à 3 litres avec deux variantes de puissance : 240 ou 275 chevaux, si vous retenez la version S. Le couple bondit également : 500 ou 600 Nm ! Pour la Belgique, une version ramenée à 211 chevaux (et 450 Nm) reste disponible. Plus puissant, plus coupleux, ce V6 se dote de deux turbocompresseurs dans sa version S, soufflant en parallèle de manière séquentielle. En clair, jusqu’à 2.800 tr/min, c’est le turbocompresseur principal qui a la charge de la suralimentation. Au-dessus de ce régime, un petit turbo vient en aide pour souffler de manière encore plus forte dans les bronches de ce V6.

« Suffisant »

Avec 600 Nm et 275 chevaux, nul besoin de regretter l’absence d’un V8 diesel : Jaguar annonce 6,4 secondes pour le 0 à 100 km/h et une vitesse de pointe limitée électroniquement à 250 km/h. Largement suffisant… La boîte, automatique et d’origine ZF, compte 6 rapports. A l’usage, le bonheur est réel. La disponibilité de la mécanique est immédiate et par une légère inflexion du pied droit répond une généreuse poussée dans le bas de dos. L’accélération, constante et soutenue, semble ne jamais devoir s’arrêter ! Impressionnant… Vraiment, le fauve semble affamé de grandes berlines teutonnes et cette mécanique lui donne les moyens de batailler ferme ! La boîte est tout simplement superbe. Les rapports s’égrènent en douceur, s’engagent au bon moment et le mode manuel est rapide et bénéfice de palette derrière le volant. Bref, cette nouvelle mécanique place l’agrément de conduite à un tout autre niveau. Face au précédent 2.7 l, la sonorité de ce nouveau moteur est plus typée diesel, plus rocailleuse, mais reste remarquablement étouffée.

Amortissement typiquement Jaguar

Souple et remarquablement filtrant, la qualité de l’amortissement est à citer en exemple ! D’autant que cette capacité de filtrage ne remet nullement en cause le comportement routier. Equilibrée et saine, cette XF accepte sans broncher de se faire rondement mener. Mieux, elle en redemande ! Revoilà donc Jaguar sur les terrains des familiales sportives. Mais pas trop, arriver à l’équerre dans une berline aussi chic semble en effet quelque peu déplacé… Du sport, du dynamisme, cette XF en abonde, et ressuscite ainsi l’esprit des Mk 2 des années 60.

Ambiance feutrée

Dans l’habitacle, le traditionnel bon goût britannique est naturellement de rigueur mais donne également dans le high-tech. Entre le bouton de démarrage imitant les pulsations d’un cœur et les ouïes de ventilation basculantes, cette XF amène une vision moderne du luxe d’outre-Manche. Les matériaux sont naturellement de haute qualité : bois, cuir et touches d’aluminium se marient à merveille, avec beaucoup de finesse. Une fois en route, on ne peut que louer le confort d’amortissement ainsi que le silence à bord. Des défauts ? Oui, malgré tout. Tout d’abord les places arrière : l’habitabilité n’est pas exceptionnelle, surtout pour la garde au toit et le cinquième larron est franchement à plaindre. A l’avant, les sièges manquent de maintien et le cuir glissant de série n’aide pas vraiment… Le coffre, correct, affiche des contours tourmentés et une accessibilité moyenne. Les contraintes du design, sans doute… Enfin, la visibilité arrière et de trois quart arrière est médiocre. Les radars de parking arrière de série sont donc fort utiles ! Mais cela ne satisfait pas à toutes les conditions…

Tarifs et équipement

Affichée à 52.350 € dans sa version de « base » (appelée Luxe) avec 211 ou 240 chevaux, la XF S (avec 275 chevaux) n’est proposée qu’en exécution Premium Luxury ou Portfolio, soit à des prix de 62.300 à 65.900 €. Voilà qui peut vous sembler absolument hors de prix… Et pourtant, à y regarder de plus près, ces tarifs sont plutôt bien situés, si l’on tient compte de l’équipement. La XF S est en effet livrée de série avec l’alarme périmétrique et volumétrique, la direction à démultiplication variable, les boiseries en loupe de noyer, une garantie 3 ans, les sièges électriques, la carte mains libres, le chauffage à combustible auxiliaire, un écran tactile couleur de 7 pouces, la sellerie cuir, un système de radio particulièrement performant, la navigation par DVD,…

La consommation moyenne se situe aux alentours des 9 l/100 km, ce qui apparaît comme tout à fait raisonnable, si l’on tient compte des performances !

Conclusion

Belle, dynamique et flanquée d’un nom légendaire, la XF est désormais équipée d’un diesel très généreusement performant. Une force tranquille, qui ne demande qu’à exploser sous votre pied droit. Le réveil se fera vigoureusement, mais toujours avec cette finesse et cette douceur que l’on attend d’une berline Jaguar. Une main de fer dans un gant de velours. Conquis ? Oui, à la condition de ne pas trop prêter attention à quelques aspects bassement pratiques…