Essais

Nécessité fait loi !

Depuis son rachat par Tata, Jaguar a retrouvé une pétulance que l’on ne lui connaissait plus ! Les projets débordent des cartons et, mieux encore, les ventes suivent ! Mais pour que cela continue, Jaguar doit, malgré lui, se contraindre à se mettre en phase avec les enjeux environnementaux. Ainsi, même la Reine XJ, le fer de lance de la marque, se voit amputée de deux cylindres dans sa version essence de base ! Mais il n’y a là, rien de déshonorant…

  • Piette François
  • 24 mai 2013
  • Jaguar
Avantages et inconvénients
  • Dynamisme des trains roulants
  • Intégration réussie
  • Moteur silencieux
  • Performances de haut niveau
  • Gestion de la boîte lors des accélérations
  • Valeurs de consommation et d’émissions de co2 décevantes

Un moteur de Ford Mondeo !

Que ce soit en Europe ou ailleurs, le constat est le même : l’essence coûte cher et les gros moteurs se voient violemment pénalisés par les taxes ! Et si une Jaguar ne se concevait jadis pas avec moins de six cylindres, le contexte actuel change la donne. Ce qui n’est en rien dramatique, car les 4 cylindres ont fait de très grands progrès ! Et pour animer sa noble Lady (ainsi que la XF qui profite du même traitement), Jaguar s’est tourné vers un moteur existant, à savoir le 2 litres turbo équipant les Range Evoque, Land Freelander et autres… Ford Mondeo ! Shocking ?

Dans les chiffres…

Perdu sous le long capot de cette XJ, le 4 cylindres délivre 240 chevaux et un couple de 340 Nm à 2.000 tr/min. De quoi assurer des prestations plus qu’honnêtes face au chrono : 241 km/h et un temps de 7,5 secondes pour atteindre les 100 km/h. En revanche, question émissions de CO2 et consommation, on reste sur sa faim : 216 g/km et 9,3 l/100 km en valeurs annoncées. A titre de comparaison, le tout nouveau V6 S/C essence de 3 litres et 340 chevaux est annoncé à 224 g/km et 9,4 l/100 km sous le capot de la même berline !

Un monde de silence et de raffinement

Si rien ne distingue une XJ 2.0i de ses grandes sœurs, la mise en route de la salle des machines laisse percevoir un bruissement feutré de 4 cylindres plutôt qu’un feulement aseptisé de six cylindres… Mais il s’agit d’avoir l’ouïe très fine ! Toujours aussi somptueuse et chaleureuse dans son habitacle, la XJ reste un monde de silence où les 8 rapports de la boîte sont égrenés imperceptiblement. A ce niveau, l’intégration est parfaite !

Du sport, il en est toujours question !

La nouvelle génération de XJ se veut plus dynamique que jamais. Alors, bousculons la grande dame, voir si elle répond à ses prétentions… Et c’est le cas ! Même avec ce petit moteur, la XJ sait sortir les griffes : les 340 Nm du moteur se jouent de la grande carlingue et ce petit 4 cylindres n’hésite pas à grimper férocement dans les tours. A ce régime, la voix du moteur perce dans l’habitacle mais reste éduquée et même, plutôt sportive ! Quant à la boîte à 8 rapports, elle réagit parfois trop promptement, imprimant une accélération plus violente que souhaitée…

Déception à la pompe…

Si Jaguar annonce plus de 9 l/100 km, nous sommes parvenus à descendre sous la barre des 8 l/100 km en adoptant un rythme souple. Un trajet mixte se soldera toutefois par une moyenne approchant les 10 l/100 km. Un résultat décevant si l’on considère la vocation plus économique de ce moteur.

Près de 80.000 €, tout de même !

Disponible en cinq exécutions, la XJ est proposée à partir de 78.160 €. Et c’est bien là le gros point fort de cette version : elle permet de raboter le prix d’environ 10.000 € face à la version V6 S/C, quasiment aussi gourmande, on l’a vu, mais aussi plus performante. Sachez également que ce nouveau moteur est également disponible avec l’empattement long (87.460 €). Pour les gros rouleurs, le diesel est toujours le bon choix, avec un prix « d’attaque » à 83.260 €.

Conclusion

L’intégration de ce moteur d’origine « plébéienne » sous le capot de cette vénérable limousine est une brillante réussite ! Souple, disposant d’une belle réserve de puissance et toujours silencieux, il sied parfaitement au rang de cette Jaguar. Une seule déception, mais de taille, une consommation encore trop élevée… A nos yeux, le diesel reste donc le maître-achat.

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: Bruno Wouters.

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