Essais

le félin sort ses griffes !

Lors de la présentation du coupé XK, la presse fut unanime : le félin est sublime. Superbe, mais manquant d’ambition avec ses 300 chevaux… C’était sans compter la traditionnelle version R, qui apporte un compresseur et quelque 120 chevaux supplémentaires. Abriter cette mécanique dans un cabriolet ne fait que magnifier des sensations déjà grandioses.
  • Piette François
  • 16 avril 2007
  • Jaguar
Avantages et inconvénients
  • Ambiance délicieuse
  • Boîte efficace
  • Comportement homogène
  • Douceur d’ensemble
  • Moteur onctueux
  • Sonorité envoûtante
  • Antenne disgracieuse et bruyante
  • Boîte automatique imposée
  • Coffre restreint
  • Places arrière inutilisables
Superbe Quelque soit l’angle sous lequel on le contemple, ce cabriolet est un pur régal pour les yeux. Harmonieuses et lisses, ses courbes sont délicates mais laissent suggérer une musculature athlétique. Une réussite incontestable ! Même si l’on ne pourra s’empêcher de trouver la coupé encore plus beau… Si le dessin fait l’unanimité, on ne peut s’empêcher de regretter quelques petits détails qui n’entachent toutefois pas l’enthousiasme général : les phares avant manquent de caractère, l’antenne télescopique d’un autre âge est vraiment disgracieuse et semble provenir en droite ligne d’une Ford Taunus et enfin, on ne peut s’empêcher de la comparer avec l’Aston Martin V8 Vantage, l’ex-sœur jumelle. Si la comparaison est flatteuse, on ne peut s’empêcher de penser que la XK aurait gagné en caractère et en personnalité si elle s’était affirmée à travers un dessin plus clairement démarqué. Une histoire de vieilles marmites… Il paraîtrait que c’est dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures soupes. Et de fait, cela se confirme avec cette Jaguar, son moteur étant repris quasiment tel quel de l’ancienne version, avec toutefois de nouveaux injecteurs, une admission repensée et… des marmites, justement, d’échappement plus électrisantes ! Les valeurs de puissance et de performances sont donc assez nettement en retrait de ce que propose la concurrence, généralement teutonne. Entre Mercedes et BMW, cela tient de la guerre des étoiles, avec des puissances stratosphériques, obtenues à l’aide de compresseurs étourdissants, de régimes himalayens voire de cylindrées démesurées. Bref, tout est bon pour frapper plus fort que le voisin… Jaguar se tient prudemment à l’écart de ses deux colosses, où les 500 chevaux sont un minimum syndical. La puissance du félin n’évolue quasiment pas face à la version précédente, stagnant à 420 chevaux. Il s’agit donc toujours du classique V8 de 4,2 l, compressé donc, « R » oblige, et délivrant un couple confortable de 560 Nm. Pour gagner en performances, Jaguar a joué sur la légèreté du véhicule en employant massivement l’aluminium, contenant la masse à une valeur encore humaine (1.715 kg), bien loin des quasi deux tonnes de la concurrence. Au niveau de la transmission, un seul choix possible, une boîte automatique à 6 rapports, entièrement nouvelle, elle, avec une commande séquentielle actionnable depuis les palettes situées derrière le volant, et un mode sport. Sur la route Il suffit d’effectuer quelques mètres pour comprendre immédiatement pourquoi ce moteur est aussi à l’aise sous le capot des grosses berlines de la marque : parfaitement plein, il répond promptement à l’appel du pied droit avec une linéarité et une force qui imposent le respect. Policé, ce V8 propulse la Jaguar avec une énergie impressionnante, mais pas débordante pour autant. Amateurs de coups de pied aux fesses ou de montées en régimes de folie, passez votre chemin, ce félin raffiné vous propulsera avec vigueur sans vous étourdir pour autant. Une puissance maîtrisée, toujours omniprésente quelque soit le régime, mais jamais brutale. Jaguar semble avoir tenu compte des critiques qui visaient la sonorité trop timide de l’ancienne XKR. La nouvelle se libère franchement via un échappement actif jouissif ! Oui, les jappements qui sortent des deux doubles sorties sont étudiés, de même que les détonations à la décélération, mais peu importe ce côté artificiel : le résultat est épatant ! Bercé par le doux ronron du moteur à régime stabilisé, le fauve se déchaîne dans un grondement sourd orchestré par le hululement lancinant du compresseur et le tonnerre des échappements dès lors que le pied droit se fait plus lourd. Pour profiter de cette symphonie, rien de tel qu’un cabriolet et un tunnel bien résonant ! Effet garanti… A noter que le moteur se cache sous un vilain plastique phonique, qui limite le chuintement du compresseur, mais ne l’étouffe pas pour autant ! Une juste question de dosage… La boîte de vitesses automatique propose trois mode différents : normal, sport et séquentiel. Dans tous les cas, elle fait preuve d’intelligence, de rapidité et de douceur. Le mode séquentiel se montre même réjouissant, ponctuant les rétrogradages de coup de gaz bien dosés. Une réussite, qui se montre aussi rapide qu’une boîte manuelle robotisée, la brutalité en moins. Comportement routier Clairement orientée « Grand Tourisme », la Jaguar fait preuve d’un superbe comportement routier, stable et très prévenant. Le châssis est équilibré et progressif, facilitant la prise en main. La Jaguar file droit, absorbant avec tact les irrégularités et se montre très saine en virage, réagissant logiquement aux gestes du conducteur. Alors, bien sûr, avec 420 chevaux sur les seules roues arrière, il est toujours possible de faire quelques figures, mais là n’est pas la vocation de cette superbe machine. En toute logique, la circonspection reste de mise lorsque la chaussée est humide. Agile, la Jag’ se montre toujours très rassurante, même sur des petites routes sinueuses au revêtement inégal. De toute manière, l’ESP, déconnectable, veille au grain. Grand Tourisme, oui ; mais pas sportive pure et dure ! Ce qui est confirmé par un ESP qui se réactive si le conducteur se montre d’une humeur très joueuse, et une absence d’autobloquant, ce qui pénalise un peu l’efficacité sur parcours tourmenté. Un manque pallié par un système électronique, jugé moins brutal et plus facile dans ses réactions. Le système de freinage donne toute satisfaction, se montrant progressif, puissant et endurant. Confort Là encore, la philosophie très « GT » de ce coupé refait surface. Les ingénieurs britanniques ne se sont pas loupés sur l’amortissement ! La voiture préserve les vertèbres des passagers, se montrant même d’un confort étonnant pour la catégorie, mais garantit un comportement efficace en courbe, avec un roulis quasi inexistant. Même sur terrains bosselés, la XKR ne pompe pas, ce qui favorise non seulement le confort à bord, mais également l’efficacité du comportement. Jaguar affirme que la XK progresse sensiblement au niveau de l’habitabilité, tant à l’avant qu’à l’arrière. Soyons clairs : si à l’avant, caser deux basketteurs américains nourris au coca et aux pizzas géantes ne posera aucun problème, il en va quelque peu différemment à l’arrière, où les sièges sont purement symboliques. Au niveau de l’insonorisation, elle est remarquable , les remous de vent étant bien contenus et la capote isolant bien l’habitacle. Seules la mécanique en charge et… l’antenne se font entendre. Si la première distille une partition des plus agréable, l’antenne siffle désagréablement dans les oreilles des occupants, capote baissée. Enfin, la capacité du coffre est vraiment restreinte mais pourra embarquer un sac de golf, ce qui ravira la clientèle américaine… Les sœurs ennemies Facturée à 110.000 €, la Jaguar ne semble pas spécialement bradée au premier coup d’œil… Mais à y regardez de plus, force est de constater qu’elle propose des prestations de premier plan à un prix très… « correct » ! De série, on trouve la navigation par GPS, l’intérieur cuir, la radio CD avec chargeur, les phares au xénon (directionnels en option), l’aide au stationnement arrière, le système Bluetooth,… Bref une liste pléthorique. La concurrence est, on l’a dit, principalement germanique, avec la BMW M6 cabriolet affichée à 120.900 € et la Mercedes SL 55 AMG vendue 146.894 €. Des tarifs assez nettement plus élevés, qui ne s’accompagnent pas vraiment d’un équipement plus complet. Au contraire… En revanche, la fiche technique des teutonnes est franchement plus explosive avec des puissances de respectivement 507 et 517 chevaux… Reste que la grande rivale de cette Jaguar XKR est sa sœur de lait, l’Aston Martin V8 Vantage. Disposant du même bloc que la Jag’, mais sans compresseur et sérieusement retravaillé, l’Aston fait preuve d’un caractère plus authentiquement sportif avec seulement deux places, un autobloquant, une boîte manuelle (robotisée en option) et un moteur atmosphérique allant chercher ses 385 chevaux au-delà des 7.000 tr/min. Si l’Aston est moins puissante, un peu plus chère (le tarif de la version cabriolet n’est pas encore connus, mais devrait avoisiner les 120.000 €) et moins bien équipée, elle a pour elle un badge prestigieux, une ligne sans doute encore plus suggestive et un tempérament plus rageur. Bref, comme on dit, « c’est vous qui voyez »… Conclusion Superbe, cette XKR se profile comme une parfaite Grand Tourisme, apte à envoûter les conducteurs les plus blasés. Procurant un remarquable agrément de conduite, grâce entre autres, à un châssis réussi et à une mécanique enthousiasmante, elle distille une saveur bien à elle, savoureuse quel que soit le plat que l’on déguste : dynamique et enjoué ou calme et reposant. Passionnante, on lui pardonnera volontiers ses quelques imperfections. Quoique cette antenne ressemble vraiment à une verrue plantée au milieu d’un visage angélique…

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: Lionel Hermans. Source ©: Jaguar.

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