Pour être
tout à fait honnête, Kia n’est pas fou de comparer cette Stinger aux marques
premium allemandes. Ces dernières années, les Coréens ont fait leur shopping
auprès des grandes marques allemandes. Le designer Peter Schreyer,
ex-Volkswagen, est à la table à dessin de Kia depuis une décennie, alors qu’il
y a trois ans, c’est Albert Biermann de BMW M qui a été débauché. La Stinger
semble donc née sous les bonnes étoiles…
Cette Stinger a-t-elle quelque chose en commun
avec l’Optima ?
Non. La
Stinger est une version de production du Concept GT apparu en 2011 qui ne devait
normalement pas voir le jour et elle repose sur une toute autre plateforme.
Elle partage en effet cette dernière avec la marque de luxe de Hyundai,
Genesis. Cela signifie également que la Stinger est une voiture mondiale. Elle
a d’ailleurs déjà été introduite en Amérique du Nord, ainsi que sur son marché
domestique, en Corée du Sud. Kia insiste d’ailleurs sur les mots « fastback »
en « Grand Tourisme » pour profiler sa Stinger : il ne s’agit
pas d’une sportive pure et dure, mais d’une confortable et luxueuse dévoreuse
de kilomètres.
Il s’agit donc plus d’une GT que d’une sportive ?
Précisément.
Ce qui se voit, selon Kia, en matière de design : un court porte-à-faux
avant et un long à l’arrière, sur un empattement impressionnant (2.905 mm). La
longueur totale ? 4,83 mètres, ce qui signifie que la Stinger est de 15 à
20 cm plus grande que les concurrentes qu’elle a dans le viseur. Toutefois, ces
grandes dimensions n’ont pas de gros effet sur l’habitacle : si la place à
l’avant est royale, à l’arrière l’espace aux épaules et aux coudes est acceptable.
Mais en revanche, les jambes et les pieds ont nettement moins de place, alors
que la garde au toit souffre de la ligne de toit descendante. Le coffre offre
un volume de 406 à 1.114 litres, selon la position de la banquette arrière qui
une fois rabattue, forme un plancher presque plat.
Comment est l’ambiance à bord ?
Plutôt
luxueuse et confortable : les sièges sont chauffants, voire ventilés à l’avant.
Ceux-ci profitent également d’un réglage électrique. Selon la finition, vous
avez droit à du cuir (éventuellement Nappa), alors que e ciel de toit est
recouvert d’Alcantara. Les matériaux utilisés pour la planche de bord et les
contre-portes sont de qualité et à quelques petits détails près, cette Coréenne
peut parfaitement rivaliser avec les Allemandes sur le plan de la finition.
Que retrouvons-nous sous le capot ?
Trois
options. Un 4 cylindres 2 litres turbo essence de 255 ch et 353 Nm, un V6 turbo
essence 3,3 litres de 370 ch et 510 Nm et pour l’Europe, un 4 cylindres 2,2
litres turbo diesel de 200 ch et 440 Nm. Tous les moteurs sont accouplés à une
boîte automatique à 8 rapports. Le 2.0T envoie sa puissance sur les roues
arrière avec un différentiel autobloquant mécanique. Le V6 3.3 l est doté d’une
transmission intégrale, avec une répartition standard de 60/40 en faveur des
roues arrière. Le transfert peut toutefois atteindre 100 % vers les roues
arrières selon les conditions. Le 2.2 diesel vous laisse le choix entre
propulsion et transmission intégrale.
Qu’est-ce que cela donne comme résultat ?
Nous ne
pouvons pas encore vous répondre au sujet du moteur 4 cylindres turbo essence,
mais nous avons pu essayer les deux autres. La V6 3.3 l avec transmission 4x4 n’a
besoin que de 4,4 secondes pour atteindre les 100 km/h et pointe à 270 km/h. Le
diesel, en propulsion, réclame 7,7 secondes pour le même exercice et atteint
225 km/h.
Nous avons
pu essayer la V6 sur circuit pour approcher les limites du châssis. Le
comportement est sain et prévisible, tout en étant dynamique. Les roues avant
réagissent promptement à l’appel du volant et le train arrière suit sainement
sans tenter de passer devant.
Aux limites
d’adhérence et en cas de freinage costaud, vous ressentez la masse élevée de
cette Stinger. Le 6 cylindres pour sa part, grimpe de manière linéaire dans les
tours et est bien insonorisé. Il ne s’agit pas d’un bombardier allemand, mais
plutôt d’un discret vaisseau asiatique. Nous aurions bien aimé un peu plus d’émotion.
Le dernier point négatif concerne la boîte automatique ZF à 8 rapports. Si elle
est irréprochable sous le capot d’une BMW, elle semble plus lente ici et reste
trop longtemps à hauts régimes. Le logiciel pourrait donc être encore un peu
affiné. Un mode sport ou un mode manuel avec des palettes derrière le volant
serait donc le bienvenu.
Mais si
vous gardez un rythme raisonnable, elle se comporte brillamment. Ce qui est
également le cas pour la diesel. Le moteur à combustion spontanée est plus présent
à l’oreille et est effectivement plus lent en accélérations et en reprises,
mais de par sa masse plus légère sur le train avant et ses seules roues arrière
motrices, il rend les choses plus joyeuses. Kia s’attend à vendre
principalement des diesels dans notre pays. Les acheteurs pourront s’attendre à
un moteur agréable et linéaire.
Et en conduite calme ?
La Stinger
prouve alors qu’elle est une vraie GT. Le confort d’amortissement est toujours
garanti, y compris sur le plus sportif des modes de l’amortissement piloté. Le
roulis de la carrosserie en virage est également sous contrôle. Voilà donc une
vraie GT, capable d’avaler rapidement et en tout confort de nombreux
kilomètres.
Combien coûte-t-elle ?
L'importateur
belge de Kia affiche la Stinger au catalogue à partir de 45.700 €. A ce prix,
vous avez une version 2.0T essence dans sa version GT Line. La 2.2 diesel, également
en GT Line, coûte 46.000 € avec les roues arrière motrices et 2.000 € de plus
pour la version avec quatre roues motrices. La 3.3 V6 GT avec quatre roues
motrices, est quant à elle affichée à partir de 54.000 €. Avec ces prix, Kia est
au niveau de ses concurrents.
Mais elle s’en
distingue par un équipement hyper complet ! Mieux encore : la liste des
options est limitée à la couleur métallisée et au toit ouvrant. Pour le reste,
tout est de série : projecteurs à LED, sièges en cuir électriques chauffants et
ventilés, assistance de maintien de voie, avertissement de fatigue, régulateur
de vitesse adaptatif, avertissement d’angle mort, alerte de trafic arrière
transversal, système audio Harma /Kardon, affichage tête haute et un système de
navigation. Si vous cochez les mêmes éléments dans la liste des options concurrentes,
il faudra débourser 10 000 € supplémentaires.
En conclusion ?
En
débauchant des gens talentueux et en persévérant constamment vers un niveau de
qualité plus élevé à chaque nouvelle génération de modèle, Kia peut pour la
première fois de son histoire, regarder les produits allemands haut de gamme
droit dans les yeux. Oui, la Stinger est un produit réussi, et le mot « outsider
» n'a jamais aussi bien défini une voiture. Il reste à savoir si le client
premium suivra... Kia est heureusement au courant de l'image de son logo, et n’a
pas de grandes ambitions de ventes pour la Stinger. Elle doit être un excellent
exemple de ce que les Coréens sont capables. La mission est réussie. Avec brio.