Essais

Le loup dans la bergerie...

On la croirait presque gentille… Sous sa robe argentée classique, cette E63 ne semble pas franchement différente des autres Classe E. Et puis, en s’approchant, on note quelques badges explicites et quatre sorties d’échappement, d’où s’échappe un grondement tonitruant ! Monstrueusement puissante, cette Classe E pourrait bien être la dernière d’un genre…
  • Piette François
  • 01 avril 2010
  • Mercedes-Benz
Avantages et inconvénients
  • Boîte d’enfer
  • Châssis parfait !
  • Confort préservé
  • Disponible en break
  • Moteur d’enfer
  • Sonorité fabuleuse
  • Style discret
  • Autobloquant en option
  • Consommationé
  • Freins un peu limites
  • Note très salée
  • Options nombreuses et onéreuses

Le dernier des Mohicans ?

Le département AMG semble être le dernier gardien du gros moteur atmosphérique, ses rivaux (Audi avec la RS6 et BMW avec les X5/X6 M) étant désormais convertis à la suralimentation. Profitons-en avant qu’AMG ne s’y mette lui aussi et généralise son nouveau V8 bi-turbo à toute la gamme… Face à un moteur suralimenté (turbo), un moteur atmo présente une réponse plus immédiate, un caractère plus attachant et une sonorité encore plus envoûtante. Certes, voilà qui est bien subjectif et les derniers progrès ont réussi à rendre les moteurs turbos quasi aussi performants sur ces points, mais rien ne remplacera sans doute la présence et le caractère d’un bon vieux atmo… Mais normes de pollution et consommation quasi indécente obligent, ces derniers sont sur le point de disparaître…

Un moteur comme on n’en fera plus !

Penchons-nous, justement, sur ce V8. S’il est indiqué 6.3 sur les badges, ce moteur cube, en fait, 6,2 l… La puissance est annoncée à 525 ch à 6.800 tr/min et le couple, à 630 Nm ! La boîte est reprise de la SL63 AMG : il s’agit de la toute nouvelle MCT à 7 rapports et embrayages secs. Les performances annoncées ont de quoi faire frémir les meilleures sportives : 4,5 secondes au 0 à 100 km/h et 250 km/h en pointe. Voire beaucoup plus si vous lui lâchez la bride électronique ! Banzai !

Des grondements terrassants !

La simple mise en route de ce moteur met déjà en émoi : la sonorité caverneuse du V8 emplit vos oreilles de bonheur ! Sur la route, une pichenette sur la pédale de droite permet de se débarrasser d’à peu près tous les objets roulants rencontrés. Mais insistez sur cette même pédale et là, c’est un déferlement de sauvagerie qui s’abat sur les pneumatiques arrière ! Le monstre hurle, rugit férocement à travers la tubulure d’échappement et expédie les près de 2 tonnes vers l’horizon avec une force quasi démentielle ! La force herculéenne de ce moteur et sa clameur de V8 musclé donnent des frissons dans le dos… Peu importe le régime, la puissance disponible est tout bonnement colossale ! Mais franchissez le mur des 4.000 tr/min, et vous obtenez un véritable moteur de compétition sous le pied droit, qui expédie l’aiguille du compte-tours dans la boîte à gant et vocifère à admission déployée ! Croyez-moi, en esthète automobile, vous y trouverez là un grand moment de bonheur, surtout dans les tunnels… Bon, tout cela n’est pas très politiquement correct, mais qu’est-ce que c’est bon ! Et je ne vous ai même pas parlé des « blop-blop-blop » à l’échappement au lever de pied…

Une boîte d’enfer

La boîte de vitesses automatique se règle selon pas moins de quatre modes différents. On commence avec le mode confort, qui est le plus approprié en conduite normale… Si tant est que l’on peut rouler normalement avec pareil engin ! Le mode Sport rajoute une dose de réactivité et le mode Sport +, y additionne encore une grosse louche ! A éviter en zone paisible et/ou urbaine… Quant au mode manuel, il s’utilise via les palettes au volant et fait trembler le voisinage à chaque changement de rapport, avec un pet tonitruant à l’échappement ! Vous vouliez de la discrétion ? La rapidité de la boîte est impressionnante, même si les dernières boîtes à double embrayage nous ont habitués à des changements quasi instantanés !

Un châssis équilibré mais… où sont les freins ?

Un moteur qui pousse très fort ne fait pas tout… Il faut également que toute cette furie passe sur la route ! Et force est de reconnaître que les ingénieurs responsables ont réussi à entretenir cette osmose. Ainsi donc, la Classe E AMG tient le pavé ! Et même fort bien ! Le comportement est remarquablement équilibré et la grosse masse sur le train avant ne se fait pas trop ressentir. Si la voiture sous-vire, il vous suffit d’effleurer l’accélérateur pour donner une attitude plus neutre, voire de l’enfoncer pour entretenir une belle glissade du postérieure. Car, en bonne propulsion surpuissante, il conviendra de mesurer votre action sur l’accélérateur, surtout par temps humide ! D’accord, l’ESP (réglable en trois positions) veille au grain, mais il est inutile de tenter le diable ! La suspension est réglable selon trois modes, d’une fermeté croissante. Sachez également qu’un autobloquant est disponible en option, ce qui est plus que recommandable, en dépit d’un prix exorbitant ! Le petit volant donne un bon ressenti du train avant et ne semble pas être atteint du même grief que les autres Mercedes, à savoir un certain flou autour du point zéro. En résumé, le châssis est aussi réussi que le moteur, ce qui est une performance ! Seule doléance : les freins ! L’attaque à la pédale ne donne pas entière satisfaction et l’endurance est plutôt suspecte ! Voilà qui ne met pas franchement en confiance lorsque l’on a plus d’un demi-millier de chevaux sous le pied… A sa décharge, notre exemplaire n’était pas à son premier essai et nul doute que mes honorables confrères qui m’ont précédé n’auront pas été de main (pied) morte !

Confortable avec ça !

Forcément, face à une Classe E plus classique, cette variante ultrasportive secoue un peu plus. Mais le filtrage reste d’un excellent niveau et cette E63 est probablement la voiture de plus de 500 chevaux la plus confortable du moment. Le moteur est également plus audible, mais son ronflement sourd et saccadé ne gênera que les oreilles les moins réceptives à ce type de mélodie. Pour le reste, il s’agit d’une Classe E, avec ses excellents sièges dynamiques à coussins gonflants (en option…), sa garde au toit limitée si vous optez pour le toit ouvrant, son coffre gigantesque, sa bonne fonctionnalité et ses espaces de rangement pas follement spacieux, mais bien étudiés.

Budget

Alors, là, on continue dans le délire ! Après le moteur colossal, la note colossale ! 114.829 € en prix de base ! Non, vous ne rêvez pas… Mais il est vrai que les prestations justifient – en partie – ce prix stratosphérique… Ce qui est moins explicable, c’est la liste des options, qui donne le tournis : même la banquette rabattable est en option (537 € !). De série, on relève le rétroviseur électrochrome, les sièges avant chauffants, les vitres athermiques, le contrôle de pression des pneus (pour l’avoir dans chaque pneu, rajoutez 376 €), les phares bi-Xénon, le capteur de collision, le régulateur de vitesse, le système Comand pour l’info-divertissement, ainsi que tous les équipements habituels à ce type de berline.

En option, n’oubliez pas le ciel de toit en Alcantara (très chic) à 432 €, le pack AMG extérieur en carbone (pas obligatoire) à 5.554 € (!), le volant à trois branches (494 €), la stéréo Harmann Kardon (superbe) à 975 €, l’alarme VV2 (obligatoire pour les assurances) à 537 €, le différentiel autobloquant (quasi indispensable) à 3.086 €, les sièges avant Multicontours à 641 €,…

La consommation est « logique »… Ben oui, un énorme V8, une carlingue de près de 2 tonnes et une puissance de plus de 500 chevaux, ça a besoin de sa petite ration de Super ! Comptez 13,5 l/100 km en conduite normale. Mais si vous abusez de la pédale de droite ou circulez souvent en ville (un non-sens…), cette valeur peut s’envoler à 18, voire 20 l/100 km ! Ce qui réduit l’autonomie à une peau de chagrin…

Conclusion

Véritable voiture schizophrène, la E63 AMG réunit le caractère bouillonnant des versions AMG (poussées démoniaques, rugissements furieux et châssis aux petits oignons à la clé), avec le caractère de grande routière d’une Classe E classique. Un excellent cru, capable de donner des cauchemars aux propriétaires de supercars !
 

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: Manufacturer. Source ©: Mercedes.

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