Tora ! Tora ! Tora !

Un mythe, vraiment ?

Non, ce n’est pas la plus belle. Son regard peut sembler assez fade, alors que sa hauteur la fait plus tutoyer les berlines que les traditionnels coupés sportifs. Son moteur n’est pas non plus, le plus exubérant : quand la concurrence multiplie les cylindres, voire part à la conquête des régimes himalayens, la GT-R se contente d’un « banal » V6 biturbo. Le prix n’a rien de stratosphérique non plus, avec un tarif de base tournant à moins de 100.000 € environ… Alors, où se cache donc cette légende ?

Sophistication extrême…

Et pourtant, il n’y a qu’à la regarder pour comprendre que sa plastique bodybuildée n’est pas que poudre aux yeux. Chaque détail semble traité avec un soin extrême, un souci de performance absolue. Les dimensions peuvent la faire passer pour un coupé bourgeois, mais la quadruple sortie d’échappement et les jantes forgées donnent un autre avis… Jolie ? Non, mais impressionnante !

Play Station

Risquons-nous à bord… La poignée, finement encastrée dans la porte, témoigne du souci d’aérodynamisme. Une fois à bord, les habitués de console de jeu seront à la fête ! Outre la multitude de boutons et de commandes, on relève un écran multimédia donnant une kyrielle d’informations, allant de la température de l’huile de transmission au nombre de G encaissé… Quant aux sièges baquet, ils procurent un maintien optimal… On se régale déjà !

Presque pour quatre !

Continuons notre tour du propriétaire… La GT-R n’est en rien hypocrite lorsqu’elle se présente comme une 2+2. On sait réellement embarquer des êtres humains aux places arrière, à la condition qu’ils ne soient pas taillés comme des joueurs de basket-ball… Et que les passagers avant fassent preuve de tolérance en avançant leur siège ! Le coffre, lui, étonne par sa profondeur, mais est handicapé par un seuil assez haut…

Sous le capot…

Après tout ça, on serait presque tenté d’oublier le monstre embusqué sous le capot. Remanié pour offrir un meilleur répondant à moyens et hauts régimes, le V6 biturbo de 3,8 litres délivre 550 chevaux sur les quatre roues. Celles-ci profitent d’une suspension revue et d’une coque plus rigide, de manière à optimaliser la stabilité et… le confort !

En route !

Avec sa boîte à double embrayage automatisée, on pourrait croire que la GT-R ferait une parfaite citadine… Mais non ! La transmission grogne, souffre lorsque l’on manœuvre, les réactions de la boîte sont un brin trop brutales et la visibilité est franchement médiocre. Pire : la suspension percute dans les ornières et on aborde avec mille précautions les casses-vitesses.

Banzaï !

Suspension, antipatinage et transmission en mode « R », on enfonce les freins et l’accélérateur, le régime se cale près des 4.000 tr/min, on relâche la pédale du milieu et… on tente de respirer ! Bloqué, enfoui, expédié au fin fond de son siège, le conducteur assiste, incrédule, à une violente démonstration du savoir-faire nippon ! Les 100 km/h sont avalés en 2,7 secondes et la poussée ne se calme jamais vraiment ! Le V6 miaule et les turbos soufflent leur rage, les rapports s’enchainent à la vitesse de l’éclair et cette aiguille de compteur n’en finit pas de grimper sauvagement !

Et ça tourne !

En tentant de reprendre connaissance, le conducteur apercevra sans doute qu’un virage serré s’encadre rapidement dans son pare-brise. Coup de frein et la GT-R largue les amarres ! La direction, ultra vive, permet de pointer le museau au micro millimètre alors qu’à la manière d’une propulsion qu’elle n’est pas (transmission intégrale), on peut enrouler le virage en usant et abusant des gaz. Jouissif, facile et… démoniaque ! A chaque virage, on se surprend d’avoir pêché par pessimisme ! Quelle machine !

Avec un peu de recul…

On calme le jeu, histoire d’analyser tout ça. Si sophistiquée soit-elle, la GT-R retransmet des informations étonnement mécaniques. Le comportement devient aisément survireur, mais avec substance, sans que cela n’effraie le novice. Le confort, lui, se bonifie avec la vitesse. Quant au V6, il profite de réserves colossales à tous les régimes et ne demande qu’à partir à l’assaut des hautes rotations ! Sa sonorité n’émerveillera toutefois pas le mélomane qui préfèrera la complainte métallique d’un flat-six Porsche.

Budget

A 92.100 €, la GT-R peut objectivement être qualifiée de « bon marché ». Dingue, non ? Essayez de trouver un autre engin, aussi efficace et polyvalent, de 550 chevaux, à ce prix ! Promis, c’est imbattable. Et en outre, vous profitez d’une technologie de très haute volée, d’un engin construit avec beaucoup de soin et d’un moteur assemblé à la main et signé. La consommation est évidemment un problème accessoire, mais on relève une moyenne tournant aux alentours de 14,5 l/100 km… Sans trop forcer ! Appuyez et ça s’envole !

Conclusion

Je dois l’avouer, j’ai toujours considéré la GT-R comme une machine d’exception, mais un peu froide, dénuée de l’âme de certaines sportives européennes. Pourtant, au volant, j’ai découvert une voiture dotée d’une véritable personnalité ! On la sent vivre, vibrer et rugir lorsque le conducteur lui lâche la bride ; mais on la sent aussi un peu rugueuse, lorsque les trajets urbains font grogner sa transmission et percuter sa suspension… Charismatique, la GT-R est un vrai mythe conçu avec l’arithmétique, mais désiré avec le cœur. Une machine extraordinaire, incroyablement aboutie et performante, mais dont le plus grand malheur est de ne pouvoir s’exprimer qu’en de trop rares occasions.