Essais

Du caractère, que diable !

Un coupé, c’est d’abord une ligne, fuyante, sensuelle, que l’on caresse d’abord du regard avant que l’envie de pénétrer à bord ne se fasse irrésistible. Que vous preniez un coupé de 1972 ou un autre de 2011, l’approche est la même ! Mais la saveur a fortement évolué…
  • Piette François
  • 03 novembre 2011
  • Triumph
Triumph GT6
  • Confort
  • Ligne superbe
Peugeot RCZ
  • Comportement à appréhender

De la grande série !

Fouillez dans les entrailles de la RCZ et vous y trouverez une Peugeot 308 ! Que ce soit au niveau des moteurs ou des trains roulants, Peugeot est allé pêcher les organes auprès de ses modèles de grande diffusion ! Sacrilège ? Certainement pas ! Car l’enveloppe est suggestive et… parce que les constructeurs ont rarement procédé autrement !

Et de fait, pour la GT6, on trouve une base de Spitfire, ce petit cabriolet 4 cylindres bon marché. Pour en extrapoler un coupé plus copieux, le constructeur britannique a lui aussi, puisé des éléments repris à d’autres modèles, dont la Vitesse ! Cette dernière a fait dont de certains de ses organes, dont le principal est… le moteur !

Un dessin avant tout !

La première chose qui frappe, lorsqu’on les met côte à côte, ce sont les dimensions. Pour peu, on mettrait la Triumph dans la boîte à gants de la RCZ ! J’exagère un tantinet, mais jugez de vous-même : en longueur, la GT6 ne mesure que 3,78 m contre 4,29 à la Peugeot. Elle lui rend également 40 cm en largeur (oui, oui !) et… 17 cm en hauteur ! Et oui, la Triumph culmine au niveau des pâquerettes : 1,19 m de haut !

Michelotti est un as ! Son coup de crayon unique et sa verve transalpine n’ont en rien dénaturé le côté très British de la GT6. Cette dernière a entamé sa carrière en 1966 sous la forme de l’élégante MK I. Cette dernière céda logiquement sa place à la MK II en 1969, qui s’en distinguait par un avant remodelé, un train arrière revu et un moteur plus puissant. En 1970, rebelote, Triumph passe à la MK III, qui revoit les extrémités, le train arrière et révise la puissance moteur à la… baisse. Toutes ont leur charme et celle que vous avez sous les yeux est l’une des dernières, datant de 1972.

La RCZ doit son fabuleux dessin au centre de style Peugeot. Pourtant, ces deux fesses sensuelles qui surplombent le toit font irrémédiablement penser à une œuvre de Zagato… Il n’en est rien ! Equilibrée, la RCZ exprime un dynamisme tout à fait inhabituel pour la marque. Quelle présence ! Et oubliez la 308 de votre voisin, cette RCZ, même si elle repose sur une même base, affiche une présence nettement plus imposante !

Cuir-carbone vs Cuir-bois…

Les yeux bandés, on devine immédiatement dans quelle voiture on vient de poser les fesses ! La Peugeot, il n’y a rien de compliqué : inutile d’avoir suivi des cours d’acrobatie auprès de l’école du cirque pour y pénétrer ! L’ambiance est toute de noir vêtue, avec un revêtement de cuir sur le tableau de bord et une faible surface vitrée. Ambiance cocon, mais avec une pointe de luxe et une larme de dynamisme. C’est grandement réussi ! Mais n’espérez pas caser un adulte à l’arrière sans essuyer de discours sur la traite des êtres humains…

Dans la GT6, on change d’univers et de siècle ! Attention la tête, on y est bas ! Amis contorsionnistes, cette auto est pour vous ! Au volant, je peux vous confirmer que la grande perche que je suis éprouve quelques difficultés à y trouver une position adéquate. On chipote, on tâtonne et dès qu’on trouve, on ne touche plus ! Je peux vous le garantir avec d’autant plus de certitude que cette GT6 est… la mienne ! Mais une fois dedans, l’ambiance est franchement exigüe, ce qui est sympathique si votre passagère l’est également (sympathique)… Bois et cuir à profusion, nous sommes dans une Anglaise et les odeurs parlent pour elles-mêmes : huile, essence, cuir, tout se mélange pour un parfum spécifique et inoubliable… Surtout pour vos vêtements ! Pour les places arrière, le problème est vite réglé : il n’y en a pas !

Doug-doug ou Vrop-vrop ?

Mise en route de la RCZ. C’est silencieux, mais on perçoit malgré tout le « dougdougdoug » mazouté… Signe des temps, notre monture carbure au diesel. La carburant gras qui cogne dans les cylindres et fait chanter le moteur comme un concerto de vieilles gamelles de résistants ! Heureusement, les ingénieurs français ont réussi à atténuer sa sonorité au maximum. Mais le groupe Peugeot a d’autres arguments à offrir : 163 chevaux et 340 Nm ! Pour occuper la main droite, boîte manuelle à 6 rapports au programme !

Du côté de la Triumph, la symphonie est toute autre : le 6 cylindres en ligne gronde sourdement au travers de la ligne d’échappement dans une sonorité façon « Spitfire » de la seconde guerre mondiale ! Un souffle rauque et guttural qui le fait passer pour nettement plus copieux qu’il n’est : ce « straight six » chante comme une diva, mais ne cube que 2 litres ! Question puissance et couple, le bloc Triumph est enfoncé : 104 chevaux et 16 m/kg… Mais avec moins de 900 kg, on ne se traine pas pour autant ! La boîte de vitesses ne compte certes que quatre rapports, mais le joker s’appelle overdrive et démultiplie les deux derniers rapports. En clair, vous aurez ici aussi, six rapports ! Mais attention, sur les GT6, transmission, boîte et pont sont fragiles !

La consommation met en évidence le progrès de ces dernières années : comptez 6,2 l/100 km pour la Peugeot et de 2 à 4 litres de plus pour la Triumph… Qui n’ingurgite que de l’essence 98 ! Et je ne vous parle pas de l’huile…

Calme et tempête…

Mais c’est encore en action, assis au volant, que les différences se font plus nettes ! Là où la Peugeot passe à 120 km/h d’une seule main, la Triumph passe à 70 en donnant de grosses sueurs à son conducteur ! En résumé, la Peugeot est un scalpel, qui file exactement là où vous lui indiquez d’aller. Découpez une fine feuille de papier au laser et vous comprendrez l’ « effet RCZ ». Essayez de découper cette même feuille, mais avec des gants de boxe et un marteau, et vous obtiendrez l’ « effet GT6 »…

La Peugeot est sidérante d’efficacité. La puissance est avalée avec gourmandise par le train avant qui digère et transmet le tout sur la route sans le moindre bobo. Avec la GT6, en bonne propulsion à châssis séparé, on a l’étrange impression de diriger un train avant assez direct, mais un train arrière mou comme un loukoum ! Les routes sinueuses demandent une certaine vigilance et les routes défoncées, une excellente assurance vie ! La chose remue, sautille, vibre, mais au moins, ça vit ! La messe est dite ? Pas sûr… Les amateurs apprécieront : la GT6, vous la conduisez, la pilotez, voire, la domptez. La RCZ, elle vous conduit et se laisse piloter. La nuance est de taille !

Mais le fossé le plus large concerne les freins : la RCZ semble sortir le parachute pour s’arrêter. La GT6, beuh… Apprenez à an-ti-ci-per !

Parfums d’un soir…

Et laissez les s’exprimer sur nationale et l’écart se creuse : l’une se fait douce, aseptisée et incite à jouer avec les différentes commandes de radio, clim’… Dans la GT6, vous n’aurez pas à vous souciez de l’équipement, car il n’y a rien ! Et d’ailleurs, amis très frileux, ne soyez pas inquiets : moteur et boîte transforment vite l’habitacle en étuve ! Vive le toit ouvrant ! Mais assis au ras du sol, les tressaillements de la mécanique trahies au travers du volant, la chaude sonorité du moteur dans les oreilles, le regard rasant l’immense capot « freudien » subtilement galbé et cette délicieuse odeur unique qui envahit l’habitacle suffisent à votre bonheur. Le Nirvana automobile n’est plus très loin ! D’ailleurs, vous y êtes ! Du moins, jusqu’à la prochaine bosse sur la route…

Alors ?

Vous oseriez comparer Grace Kelly à Charlène Wittstock, vous ? A les mettre froidement dos-à-dos, on n’en tire pas grand-chose : l’une possède le charisme et le charme des engins de son époque, l’autre apporte le confort et l’efficacité de l’ère moderne. Mais ce qui est frappant, c’est le côté émotionnel qui transpire au travers de nos deux beautés : l’élégance de leurs courbes et l’agrément distillé au volant constituent toujours les bases d’un coupé. Les ingrédients diffèrent, mais la recette est la même, aujourd’hui comme hier.
 

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: François Piette.

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