Essais

211 CV : ticket d'entrée pour un monde sportif

Présentée pour la première fois dans sa version "S" avec près de 300 pur-sang, la Cayman a enchanté la presse par son équilibre et son ensemble moteur/boîte. C'est maintenant au tour de la version dite "normale" de faire son apparition, et de perdre quelque 50 chevaux face à la première citée. Une différence sensible encore aggravée pour la version "fiscale" essayée ici, limitée à 211 chevaux. Une évolution toutefois nécessaire pour qui ne veut pas payer une TMC rédhibitoire… Reste à voir si le reptile ne s'en trouve pas trop bâillonné…
  • Piette François
  • 30 novembre 2006
  • Porsche
Avantages et inconvénients
  • Franchise des commandes
  • Freins
  • Position de conduite
  • Pratique
  • Sonorité moteur
  • Tenue de route
  • Accessibilité moteur
  • Boîte 5 standard
  • Coût des options
  • Equipement de série
  • Petit manque de pêche
Du caractère, mais… Bien plus qu'une Boxster avec un toit, la Cayman se dote d'une personnalité esthétique propre, surtout vu de profil, avec un style immédiatement identifiable. Les courbes de sa carrosserie sont musclées, et on ne se lasse pas de contempler le bossage des ailes avant depuis l'habitacle. Seule la poupe peut être sujette à discussion. En vraie Porsche, la Cayman se dote d'un 6 cylindres à plat, toujours aussi métallique dans sa sonorité et vif dans sa réponse. D'une cylindrée de 2,7 l, ce moteur développe donc 211 chevaux à 6.300 tours/minute et un couple de 273 Nm perchés entre 4.600 et 6.000 tours/minute. D'après Porsche, cela devrait permettre à la Cayman d'accélérer de 0 à 100 km/h en 6,1 secondes et de pointer à 258 km/h. A l'usage, on ne peut réprimer une légère déception. Le caractère y est, avec une sonorité envoûtante et un regain de vigueur très sensible dès 5.000 tours/minute, mais on ne peut s'empêcher de penser qu'avec un tel châssis, les 84 chevaux supplémentaires de la version "S" seraient bienvenus. Sur autoroute, pour dépasser de manière vigoureuse, il vaudra mieux rétrograder d'un, voire de deux rapports pour bénéficier de reprises soutenues. Il faudra donc cravacher et ne pas lésiner sur les changements de rapports pour adopter un rythme digne du blason. Mais si, en termes de performances pures, cette Porsche ne répond pas entièrement aux attentes, il en va tout autrement de l'agrément d'utilisation ! La rage du moteur dans les tours n'est pas une légende et il suffit de le voir (et l'entendre) monter en régime pour se laisser envoûter. Même dans sa plus petite version et même bridé, un moteur Porsche reste un moteur d'exception. Rageur, le "flat-six" sait aussi se montrer sobre en ne consommant que 13 litres aux 100 kilomètres en cycle mixte, voire bien moins si l'on ne se laisse pas tenter de faire les vocalises au moteur. Sur autoroute, à vitesse stabilisée, la consommation peut alors tomber à moins de 9 litres… Un pied droit plus lourd ou une circulation dense peut la faire grimper aux alentours de 15 litres. A l'heure où même les petites berlines diesel sont équipées de boîtes à 6 rapports, Porsche continue de fournir son Cayman avec 5 vitesses. Une boîte à 6 rapports est néanmoins disponible en option (dans le - cher - Pack Sport, avec la suspension PASM) et c'est celle-ci qui était montée sur notre exemplaire. Ferme, rapide et donnant un excellent rendu mécanique, cette boîte se montre la parfaite complice du moteur. L'étagement est sportif, laissant le moteur dans les tours dans les moments "chauds". Comportement routier de référence Prévu pour encaisser les 295 chevaux de la Cayman S, le châssis n'éprouve aucun mal avec les 211 de cette version fiscale. Alors, évidemment, ça s'accroche au bitume et il faut vraiment mettre beaucoup d'enthousiasme pour faire glisser l'arrière. La monte en 18 pouces de notre exemplaire était, sans doute il est vrai, pour quelque chose dans ce tempérament accrocheur. Mais le grip n'est pas tout et la Cayman affiche un équilibre exceptionnel, se montrant à l'aise dans tous les types de virage. La direction, précise et informative, contribue elle aussi à rendre les parcours sinueux particulièrement agréables… Quant aux freins, ils sont signés Porsche, à savoir infaillibles, puissants et progressifs… La suspension sport PASM (Porsche Active Suspension Management) livrée avec notre exemplaire s'est montrée exemplaire, absorbant les bosses et autres irrégularités de terrain avec une tolérance fort appréciable. Mais il suffit d'une pression sur la touche sport pour rendre l'amortissement plus ferme et accroître encore la précision de conduite. A noter que le PASM s'adapte automatiquement en fonction du revêtement et du type de conduite. Confortable et pratique Points forts de la Cayman : son confort et sa capacité à avaler des kilomètres sans amener le conducteur dans un état de fatigue avancé. La suspension filtre efficacement les irrégularités, l'insonorisation se montre convaincante et la position de conduite est tout simplement parfaite. Ajoutez à cela des sièges ergonomiques et on obtient une sportive tout à fait vivable au long-cours. Enfin, pour ne rien gâcher, le volume cumulé des deux coffres (410 litres) se montre largement suffisant pour emmener deux personnes en week-end. Equipement réduit Vendue à 51.546 €, la Cayman se révèle de presque 4.000 € plus chère que la Boxster. Sachant que cette dernière propose la même base mécanique et la possibilité de rouler cheveux au vent, cela commence à faire beaucoup. De plus, la marque allemande persévère dans sa politique assez mesquine des options : le climatiseur automatique est une option à 848 € ; le très attractif pack sport, avec suspension PASM et boîte 6 est affiché à 2.299 € ; l'essuie-glace arrière, à 363 € (!) ; le régulateur de vitesse, à 459,80 € ; le GPS est à 2.904 € et la sellerie cuir, à 2.964 €… Reste que le catalogue des options est réellement impressionnant et les possibilités de personnalisation sont, de fait, quasiment infinies… On notera, par exemple, des sigles Porsche colorés sur les jantes à 169,40 € ! A titre d'exemple, notre voiture d'essai possédait pour plus de 21.000 € d'options ! La concurrence, si elle est moins prestigieuse, propose toutefois des produits généralement plus puissants à des tarifs plus démocratiques : Nissan propose sa 350 Z, avec 300 chevaux, pour 38.700 € ; Mazda vend son originale RX-8, avec 4 places et un moteur rotatif de 231 chevaux pour 38.199 ; et BMW affiche sa Z4 3.0 coupé, au look décalé et fournissant 265 chevaux, contre 41.200 €. Il reste la question de la puissance moteur, sachant que la version 245 chevaux est tarifiée 605 € de moins que la version "fiscale". Celle-ci fait néanmoins économiser 2.500 € en taxe de mise en circulation. Avec la différence, on peut déjà s'offrir quelques belles options comme la sono "Bose" (1.355,20 €) agrémentée de quelques babioles. Au client de voir, selon ses propres envies… Conclusion Porsche de base, avec la Boxster, cette Cayman dispense déjà un fantastique agrément, grâce à sa superbe mécanique, sa boîte parfaite et son comportement équilibré. La perte en performance frustrera sans aucun doute les plus sportifs, mais que les autres se rassurent, la Cayman, même dans cette version bridée, reste une formidable sportive pour tous les jours, pratique et confortable… Un excellent ticket d'entrée dans un club prestigieux…

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À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: Lionel Hermans. Source ©: Porsche.

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