Essais

Pour deux cylindres de moins…

La limousine siglée Porsche a été maintes fois saluée pour son côté sportif (Panamera S), voire explosif (Panamera Turbo et Turbo S), ou encore dynamique et économique (Panamera S Hybrid). Mais, en attendant l’arrivée du controversé diesel, qu’en est-il du ticket d’entrée, à savoir le V6 essence de 3.6 l ?
  • Piette François
  • 25 mai 2011
  • Porsche
Avantages et inconvénients
  • Blason évocateur
  • Boîte pdk réussie
  • Confort royal
  • Finition et présentation de l’habitacle
  • Tenue de route imperturbable
  • V6 agréable
  • Equipement de série mesquin
  • Manque d’aisance à bas régimes
  • Options nombreuses et onéreuses
  • Tarif exorbitant

Ayez l’œil aiguisé !

Face à ses sœurs plus « velues », la petite V6 se distingue par ses deux grandes sorties d’échappement (au lieu de quatre petites) et à son sigle, dénué de « S »… Voilà, autant dire qu’il s’agit d’avoir l’œil aiguisé ! Ou une oreille avertie, qui percevra un roucoulement de V6, plutôt qu’un trémolo de V8 !

Tout nouveau, tout beau !

Ce V6, c’est un véritable moteur Porsche : il s’agit en effet, du V8 des Panamera S, mais amputé de deux cylindres. Si les aficionados auraient probablement préféré voir un six cylindres à plat sous ce long capot, ne faisons pas la fine bouche, car ce moteur possède des caractéristiques intéressantes : 300 chevaux et un couple de 400 Nm à 3.750 tr/min. De quoi avancer une vitesse de pointe de 257 km/h (chez Porsche, on ne bride pas les produits) et un 0 à 100 km/h en 6,1 secondes !

Intéressant, mais… démodé !

J’entends déjà les ayatollahs crier au scandale et préparer mon bûcher, mais force est de reconnaître qu’à l’heure du downsizing, ce moteur atmosphérique fait petit joueur face aux dernières réalisations en date ! Jugez plutôt : chez Audi, la marque pourtant cousine, on nous sert un V6 de 3 litres, suralimenté et développant 300 chevaux et 440 Nm à 2.900 tr/min. Ne parlons même pas de BMW et… Volvo, tous deux maîtres du 6 cylindres en ligne de 3 litres, biturbo et au couple plus imposant et disponible quasiment dès le ralenti ! Ces moteurs, sobres et sportifs, donnent donc un véritable coup de vieux aux gros cubes atmosphériques ! Sur le papier, du moins… Qu’en est-il sur la route ?

Pas léger, léger, tout de même…

Un petit détour par la fiche technique nous apprend également que la belle affiche un copieux (quoique très correct pour la catégorie) 1.820 kg sur la balance, du moins pour notre version Panamera 4, à quatre roues motrices. Cette dernière est, par ailleurs, d’office flanquée de la boîte robotisée PDK à 7 rapports. En propulsion, le choix est donné entre cette dernière et une classique boîte manuelle à 6 rapports.

Bienvenue chez Porsche !

Dans l’habitacle, l’habitué de la maison ne sera pas perdu : le compte-tours est toujours au centre, tandis que le contact se fait à gauche du volant. L’instrumentation, l’ergonomie, voire la position de conduite relativement basse, tout cela fait irrémédiablement penser à la 911. L’univers Porsche, c’est aussi une finition exceptionnelle, une clarté évidente des différents menus et… quelques défauts irritants, comme ce chronomètre à l’allure de minuterie de cuisine, planté au sommet du tableau de bord et se reflétant dans ce dernier ! D’autant que les chances de limer la piste avec pareil bateau sont minces, autant faire une croix sur cette option ! Autre détail surprenant : notre modèle d’essai était dépourvu du rétroviseur intérieur jour-nuit automatique, en dépit d’un prix final avoisinant les 120.000 € ! Glubs…

Que l’on se rassure, pour le reste, c’est Byzance : habitabilité royale, coffre immense, confort assuré, insonorisation impeccable… Porsche connaît son affaire !

Contact… En route !

On tourne la clé à la main gauche et… petite déception. Pas de raclement métallique au programme, comme sur une 911, mais plutôt un chuintement discret, pas forcément mélodieux. Peu importe, de toutes manières, car le Start & Stop lui coupe la parole au ralenti. En ville, cette Panamera amputée n’est en rien frustrante face à ses grandes sœurs à V8. Les ressources sont suffisantes et la chose se manipule toujours comme un vélo, en dépit d’une longueur approchant les 5 mètres. La boîte, à quelques hésitations près, se montre douce et réactive. Bon pour nous !

Manque de couple ?

Il faudrait jouer les incorrigibles blasés pour prétendre que cette Panamera V6 manque de punch… Alors, pour ne pas me faire fustiger, j’apporterai une certaine nuance : elle manque d’aisance. Non que plus de puissance soit une nécessité absolue, mais le gros agrément des versions plus pêchues, réside justement dans leur faculté à tout enrouler sur le couple, sans devoir aller titiller les hauts régimes. Comprenez que sur routes sinueuses ou en côte sur autoroute, nul besoin de rétrograder, le V8 et son couple de tracteur se charge de tirer la carlingue.

Avec le V6, on sent que les réserves sont plus ténues. En clair, la boîte de vitesses joue les valseuses et relance la mécanique dans les tours, quand on aimerait plutôt se contenter des ressources à bas régimes. Cette sensation de sollicitation entache le panache mécanique. D’autant que le châssis, prévu pour encaisser nettement plus de puissance, semble absolument imperturbable.

Et pourtant…

D’agrément, il en est pourtant bel et bien question. Le V6 chante juste entre 4.000 et 6.000 tr/min, la boîte réagit vite et bien, et la précision du châssis fait honneur à la légende de la maison. Sur routes sinueuses, on se retrouve donc vite à des vitesses très hautement inavouables ! Le V6 a une hargne suffisante que pour donner des ailes à votre permis !

Et la consommation ?

Avec une moyenne de 11 l/100 km, le V6 ne consomme pas beaucoup moins que le V8, qui m’a gratifié d’une moyenne de 12,4 l/100 km. Tout cela reste élevé dans l’absolu, mais au vu des performances, c’est acceptable, surtout pour le V8 !

Mais le prix !

A 78.408 €, la Panamera de base n’est certes pas donnée… Rajoutez-lui deux roues motrices (et la boîte PDK qui va avec), et vous voilà à 86.757 €. Un prix à considérer comme un minimum, car un détour par la liste d’options semble inévitable : ne serait-ce que pour la peinture métallisée (1.246 €), les sièges avant chauffants (484 €), la suspension active (PASM) qui apporte une certaine efficacité (1.694 €), doublée de la suspension pneumatique pour un confort royal (3.799 €), les phares Bi-Xénon (1.150 €, voire 1.876 € si vous les voulez directionnels)… Bref, pour une Panamera équipée comme elle doit l’être, comptez au grand minimum 10.000 € d’options… Et plus probablement, entre 20 et 30 milles euros.

Au vu du tarif final, au diable l’avarice, pourquoi ne pas s’orienter vers une V8, dont le prix de base est de… 97.405 € ?

Conclusion

Loin d’être frustrante, cette version V6 n’apporte toutefois pas la suffisance et la sensation de réserve inépuisable des V8. Pour avancer, la boîte ira titiller le V6 plus haut dans les tours, plutôt que de le laisser barboter gentiment. Au final, on en vient à se demander si le V6 turbo de la Panamera S Hybrid, plus fort en couple, ne serait pas mieux à son affaire… Je pinaille, c’est vrai, car dans l’ensemble, cette version de base réussit malgré tout, à donner un incomparable sourire à son conducteur : confort, comportement routier, performances, finition, habitabilité, musique même, cette Panamera V6 n’a rien d’une Porsche au rabais. Il suffit, pour s’en convaincre, de reluquer les tarifs !
 

Lire plus:

À propos de l'auteur : Piette François
Photos ©: François Piette. Source ©: Porsche.

Essais recommandés pour vous

Plus d'essais
3,7 /5 Essai : Skoda Kodiaq 2024, aucune crise du logement à bord !

Essai : Skoda Kodiaq 2024, aucune crise du logement à bord !

La deuxième génération du Skoda Kodiaq enfonce encore le clou par rapport à son prédécesseur, en offrant davantage d'espace ! En outre, il offre quelques fonctionnalités bien pratiques, ainsi qu’une motorisation hybride rechargeable. Peut-on encore lui reprocher quelque chose ?

3,3 /5 Essai : Volkswagen Polo, toujours pas une mini-Golf…

Essai : Volkswagen Polo, toujours pas une mini-Golf…

La 6e génération de la Volkswagen Polo est-elle suffisamment armée grâce à son facelift pour sortir de l’ombre de sa grande sœur, l’iconique et légendaire Golf ?

3,5 /5 Essai : Audi A3, surélevée par son facelift

Essai : Audi A3, surélevée par son facelift

Après les Sportback et berline, l’Audi A3 gagne une nouvelle variante allstreet à l’occasion de son récent facelift. Mais cette carrosserie est-elle le seul ajout intéressant au sein du catalogue de la compacte allemande ?

4,0 /5 Essai : Porsche Macan, l’électricité lui va-t-elle bien ?

Essai : Porsche Macan, l’électricité lui va-t-elle bien ?

Pour sa nouvelle génération, le Macan passe au tout électrique. Voyons si ce SUV sans échappement, carburant exclusivement au courant, conserve un agrément de conduite enthousiasmant.

Voitures neuves recommandées pour vous

Plus de voitures neuves

Diesel, Manuelle

32 584 €

Essence, Manuelle

23 748 €

Essence, Manuelle

21 500 €

Essence, Automatique

27 547 €

Voitures d'occasion recommandées pour vous

Plus de voitures d'occasion

Diesel, Automatique

52 900 €
2021
1 500 km

Essence, Automatique

28 995 €
2011
65 000 km

Essence, Automatique

23 500 €
2020
30 212 km
52 990 €
2019
105 433 km