Renault nous l'avait promis à Francfort en 2009, le constructeur français exprimait alors sa volonté de devenir leader dans la mobilité durable en proposant une gamme complète électrique pour 2012. Le premier modèle commercialisé sera le Kangoo Z.E., suivi de près par la Fluence Z.E., tandis que la Zoé et le Twizzy nous sont promis pour 2012. Fameux pari pour l'avenir de Renault, qui doit tout inventer: les véhicules, bien entendu, mais aussi (surtout!) la formation du réseau, tant technique que commerciale, les partenariats pour promouvoir le marché électrique et déployer les infrastructures de recharge, autant avec les partenaires commerciaux qu'avec les autorités nationales et régionales des différents pays concernés. Inutile de vous dire que la Belgique ne brille guère dans ce domaine… L'alliance Renault-Nissan a ainsi signé à ce jour plus de cent accords!
L'alliance parie sur une part du marché mondial s'élevant en 2020 à 10% en faveur des véhicules électriques et table sur 1,5 million de véhicules électriques Renault et Nissan sillonnant les routes de la planète d'ici à 2016, des ambitions qui représentent un investissement de quatre milliards d'euros! Cet optimisme se justifie par de nombreuses études attestant que près de 90% des trajets urbains n'excédaient pas 60km par jour, et que des charges quotidiennes peuvent facilement s'opérer au domicile ou sur le lieu de travail, les charges "publiques" ne survenant qu'occasionnellement. Renault préconise pour la recharge l'installation d'une Wall box (675€ hors installation), un boîtier fixé au mur à la manière d'un compteur électrique, et qui sera installé par un électricien agréé: cette borne permet une charge plus rapide (6 à 8 h) et un raccordement sécurisé avec le câble fourni avec la voiture. Pour des recharges occasionnelles, Renault peut fournir un câble se branchant sur une prise domestique (450€), mais avec une durée de charge de 10 à 12 heures!
Les batteries choisies sont de type lithium-ion, nettement plus performantes en termes de capacité et ne souffrant pas d'effet mémoire, ce qui permet de les recharger partiellement sans perte de capacité. L'acheteur d'une Renault Z.E. ne devient propriétaire que du véhicule, Renault restant propriétaire de la batterie qui est louée. Le contrat de location et d'assistance propose une particularité unique: il couvre la "panne sèche"! Si votre batterie tombe à plat lors d'un déplacement, l'assistance viendra remorquer le véhicule jusqu'à une borne de recharge et si le problème est lié à la batterie, elle sera remplacée avec, si nécessaire, la mise à disposition d'un véhicule de remplacement. Dans certains pays (à l'heure actuelle Israël, l'Australie et le Danemark) les véhicules sont équipés d'un système "Quick Drop" permettant d'échanger en cinq minutes la batterie déchargée pour une batterie prête à l'emploi, un système développé en partenariat avec Better Place, dans des stations dédiées.
Nous effectuons nos premiers tours de roues "électriques" en sillonnant Lisbonne et ses environs au volant de la Fluence Z.E., produite en Turquie sur les mêmes lignes que les Fluence thermiques. Peu d'éléments les distinguent: des éléments bleutés spécifiques comme les logos, les phares, les cerclages des feux antibrouillards, la grille de calandre et des feux arrières redessinés. En l'observant mieux, on remarquera aussi un porte-à-faux arrière augmenté de 13 cm, condition sine qua non pour préserver un semblant de coffre, malgré tout limité à 317 litres. Les batteries ont en effet pris place verticalement derrière la banquette arrière, à l'aplomb de l'essieu pour préserver l'équilibre de la voiture qui pèse dorénavant 1605 kg. Quelques détails aérodynamiques et l'absence de sortie d'échappement achèvent de différencier une Z.E. de ses sœurs conventionnelles. Intérieurement, l'habitabilité est entièrement préservée, et seuls les instruments de bord différent; le compte-tours est remplacé par un indicateur de charge, et un économètre apparaît. L'équipement, complet, comprend régulateur de vitesse, climatisation automatique bizone, phares et essuie-glaces automatiques, navigation Carminat TomTom, téléphonie Bluetooth. La sécurité n'est pas oubliée, avec le contrôle de trajectoire, l'ABS et l'aide au freinage d'urgence.
Bon, et alors? Comment roule une voiture électrique en situation réelle, demanderez vous? La réponse fuse, directe: très bien! Au départ, seule l'indication "go" affichée au tableau de bord indique que la Fluence est prête à démarrer. Pas un bruit, pas une vibration, nous sommes dans un autre monde. Pas de boîte de vitesse non plus, la traction électrique se conjugue en mode automatique. La voiture démarre sur un filet de gaz, pardon, sur une légère pression de la pédale de gaz, pardon, de la pédale…euh, de la pédale quoi! Les accélérations, franches, se ressentent un peu dans le volant, le couple maximum de 226 Nm étant immédiatement disponible. Nous prenons vite goût à la conduite de la Fluence Z.E. Fluide, silencieuse, distillant de franches accélérations, il serait malvenu de lui trouver des défauts. Dès que l'horizon s'élargit, elle continue à faire bonne figure, la vitesse maximum plafonnée à 135 km/h ne représente guère un handicap dans les conditions de circulation actuelles et seule se ressent parfois la masse totale du véhicule. De nouveau, en usage courant, ceci ne présente guère d'inconvénients.
Seule la vitesse à laquelle l'indicateur de charge décroît paraît critiquable. Renault avance une autonomie normalisée de 185 km, tout en prévenant toutefois qu'en condition moins favorable, celle-ci peut drastiquement chuter à 80km. Gloups! Nous touchons ici évidemment aux limites du système, mais surtout aux limites de la Fluence Z.E., une voiture réclamée par Israël qui tient absolument à se dégager d'une dépendance aux carburants fossiles et dont les spécificités du marché local réclament ce type de véhicule. Certes la Fluence roule bien (comme une "vraie" serait-on tenté d'écrire), mais son coffre et son autonomie réduits ne répondent en rien aux prestations que nos marchés attendent de cette catégorie de voiture, ce que Renault reconnaît implicitement.
Autrement plus convaincante se montre le Kangoo Z.E. Déjà, la batterie située à plat entre les essieux n'entame en rien les capacités de chargement de ce populaire petit utilitaire, plébiscité par les flottes captives (la Poste, …) et les artisans. 70% des utilisateurs de ce type d'engins ne dépassent guère les 100 km/ jours, l'autonomie du Kangoo Z.E. ne devrait guère poser de problèmes. Par contre, l'utilisateur du Kangoo électrique sera le grand bénéficiaire de ce choix "zéro émission" en terme de confort et d'agrément: transmission automatique, absence de vibrations, niveau sonore fortement réduit, ce sera un vrai bonheur de bosser en Kangoo Z.E.! Nous en avons fait l'expérience autour de Lisbonne et, autant l'offre Fluence Z.E. nous paraît incohérente, autant nous plébiscitons le petit utilitaire qui sera disponible en trois versions: Kangoo Z.E., Kangoo Maxi Z.E. et Kangoo Maxi Z.E. cinq places. Ce concept "tout électrique" trouve ici sa pleine justification.
Renault a choisi, contrairement à Nissan, de vendre ses voitures mais de louer les batteries. Résultat, un prix de vente attractif, puisqu'une Fluence Z.E. est vendue au prix d'une Fluence thermique, soit entre 26.150 € et 27.250€ suivant le niveau d'équipement. Le prix de location de la batterie dépend de la durée du contrat et du nombre de kilomètres parcourus (82€ par mois pour 36 mois et 10.000 km par an), mais inclut le confort d'une assistance qui vous prémunit d'une éventuelle immobilisation batterie plate, ou des pertes de performances de la batterie dans le temps, puisqu'elle sera dès lors remplacée. Une vraie tranquillité d'esprit face au principal handicap de cette motorisation. Le prix du Kangoo oscille de 20.000 € à 22.000 € suivant le modèle et à usage égal, la location de la batterie est à 72 € par mois.
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