Essais

Roadster viril !

Retroussez les manches, vissez la casquette en tweed sur la tête et sortez les gants de conduite : on vous emmène faire un tour dans une machine sortant tout droit d’une époque révolue ! Oubliez les antipatinages, commandes de climatisation et autres hifi évoluées, cette fois, il est question d’une machine virile, sans aide aucune et tout juste destinée à vous donner le sourire ! La TR6, c’est un truc de mecs !
  • Piette François
  • 03 août 2011
  • Triumph
Avantages et inconvénients
  • Capote facile à manipuler
  • Look viril
  • Moteur vigoureux
  • Pièces abondamment disponibles
  • Robustesse
  • Sensations garanties
  • Sonorité divine
  • Attention sous la pluie !
  • Finition désinvolte
  • Injection délicate à régler
  • Quelques pépins électriques
  • Salop*** de rouille !

Trop féminine, la ligne ? Appelez un teuton !

Après les ultra radicales TR2 et TR3, Triumph se résout à aseptiser ses modèles en passant à la TR4. Avec le designer italien Micholetti au pinceau, la Triumph se retrouve féminisée… Presque trop, d’ailleurs ! Résultat, en 1968 chez Triumph, on passe un coup de fil outre-Rhin, dans un pays où l’automobile est au genre masculin (« Das » Auto). Et c’est Karmann qui révise l’ensemble pour le facelift.

Oh, pas grand-chose, l’avant et l’arrière sont remodelés, mais la cellule centrale est conservée. Mais le résultat est là : cette TR6, la voilà devenue nettement plus virile, plus en phase avec son image de roadster pour « poitrines velues », comme diraient les Anglais ! Et ça marche : près de 100.000 exemplaires écoulés, de 1969 à 1976.

Avec injection, s’il vous plaît !

Pour assurer performances et panache (on ne parlait pas encore d’émissions de CO2, à l’époque), rien de tel qu’un bon 6 cylindres en ligne, d’une cylindrée de 2,5 litres dans ce cas-ci ! Et rajoutez lui une injection (de chez Lucas, ça fait british) pour le raffinement et vous obtiendrez quelque 150 chevaux ! Du moins dans le meilleur des cas, car outre-Atlantique, l’adoption de deux carburateurs en lieu et place de l’injection fait dégringoler la puissance à 104 chevaux ! Quant aux variantes européennes, elles finiront assagies avec 125 chevaux. Question transmission, on retrouve une boîte à 4 rapports, avec un démultiplicateur électrique optionnel (overdrive, dans le jargon) qui allonge la transmission, embrayable sur les 2ème, 3ème et 4ème rapports.

Au niveau des suspensions, on découvre 4 roues indépendantes (aaaaaah !) et… un châssis séparé (ahah…) ! Rustique, on a dit !

Et au volant, ça donne quoi ?

Le modèle qui nous a été confié a la particularité d’être équipé d’un échappement inox, non d’origine, mais sérieusement libéré. En clair, tournez la clé et c’est dans un tonnerre mécanique que le moteur s’ébroue ! A froid, ça cafouille, ça éructe, ça ne tourne pas sur tous les cylindres, ça réveille le quartier, mais il n’y a pas à dire, on sent que ça vit  !

Pendant que ça chauffe, j’ai tout  le loisir d’apprécier l’ambiance de bord. La position de conduite est… vintage, avec un pédalier complètement décalé sur la droite ! Quant à l’ergonomie, elle est joyeusement fantaisiste… Pourtant, l’atmosphère est agréable, avec une ambiance qui hésite entre luxe (planche de bord en bois, sièges épais, touches de chromes) et sport (nombreux manomètres, levier de vitesses court, position de conduite couchée et littéralement posée par terre…). Oubliez la finition irréprochable de votre compacte teutonne, ici ça couine et ça vibre ! Mais c’est cela aussi, le charme…

Un vélo, bruyant, mais un vélo quand même !

Toutes les aiguilles étant au beau fixe, il est temps de remuer la chose ! La boîte est du genre ferme et virile, à l’image de la pédale d’embrayage, mais pourtant, ce dernier se montre très progressif et la douceur du 6 cylindres permet de circuler sans heurt en milieu urbain. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il s’agit d’une citadine, mais on s’y sent en confiance. Et apprenez à sourire, avec le charivari mécanique, vous ne passerez pas inaperçu !

Bon, tout ça c’est bien joli, mais c’est une voiture de sport, non ?

En-voû-tant !

Bon cette fois, la campagne déserte, lieu de prédilection de notre monture, on y est ! Vous vouliez des sensations ? Vous allez être servis ! Sans atteindre des vitesses météoriques, ni même répréhensibles, la TR6 délivre des sensations à la pelle ! Accélérez progressivement et la voiture va se cambrer en s’asseyant sur son train arrière. Sexy girl ! Le hurlement du moteur prend aux tripes, la plainte du six cylindres devient symphonique alors que l’aiguille du compte-tours dépasse à peine les 3.000 tr/min ! Inutile d’aller chercher les 6.000 tr/min de la zone rouge, à moins de vouloir exploser les tympans du voisinage !

Ça vibre !

Dans un vacarme orchestral, hérissant tous les poils sur les bras, la TR6 est catapultée droit sur le virage suivant, capot levé vers le ciel ! Changer de rapport est un régal, avec un petit levier court et bien ferme comme on les aime. D’autant que les réaccélérations qui s’en suivent vous donneront à coup sûr des frissons de plaisir ! Quelle monture ! A bord, l’ambiance est résolument vintage, avec des effluves d’essence et d’huile, les aiguilles des manomètres qui semblent être prises de parkinson et des vibrations intenses et en tout genre ! Fou ! A côté de pareille monture, les sensations délivrées par un roadster moderne s’apparentent à celles distillées par un monovolume mazouté…

Et en virage, ça dit quoi ? La direction, non assistée, est assez douce et le freinage suffisant permet d’entrer avec une bonne précision. Les mouvements de suspension peuvent étonner mais l’ensemble paraît équilibré et à la condition de conduire en finesse et avec élégance (pas de gestes brusques !), on y trouve même une certaine efficacité !

Un peu de repos ?

L’autoroute, au calme ? Elle en est capable ! Plus ou moins : le grondement caverneux du moteur donne l’impression d’être aux commandes d’un avion de chasse style Spitfire, mais l’overdrive permet de diminuer le régime moteur. Le confort de suspension est assez honorable et il reste même pas mal de place dans le coffre pour vos petits effets personnels. Bon, c’est sûr, le bruit et les vibrations finiront probablement par lasser les moins téméraires, mais si vous êtes de nature aventurière, cette monture, c’est pour vous !

En pratique

Comptez de 12.000 à 18.000 € pour un bel exemplaire, sachant que les versions à injection sont les plus gratifiantes mais les plus pointues à régler. En carbu, on perd nettement en puissance, mais les réglages s’en retrouvent facilités. Aucun problème pour les pièces, de nombreux revendeurs se répartissent le marché sur le Royaume et à des prix démocratiques, qui plus est !

Pour le reste, la TR6 est une bonne fille, fiable, robuste même, mais dont les pépins électriques peuvent finir par agacer. Surveillez également l’état du châssis, costaud, mais pas indestructible. Quant à la consommation, il s’agit d’un sujet à relativiser pour un ancêtre souvent destiné à peu rouler, quoique comptez tout de même de 10 à 18 litres aux cent, selon la version et l’utilisation.

Nos remerciements au Classic Club pour le prêt de cette très belle TR6.
 

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À propos de l'auteur : Piette François

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