François Piette

2 JAN 2008

Avec Peterhansel, Alphand, Roma et Masuoka, Mitsubishi reste favori du Dakar

Alors que le Rallye Dakar se prépare à fêter son trentième anniversaire, Mitsubishi Motors Corporation (MMC) et sa division sport automobile MMSP engagent quatre voitures dans le Rallye Dakar 2008, en ambitionnant de décrocher le record de treize victoires en 26 ans et de remporter huit rallyes consécutifs.

Mitsubishi, qui a disputé ce célèbre rallye pour la première fois en 1983, est invaincu dans cette épreuve depuis 2000 et quatre Mitsubishi Pajero Evolution MPR13, aux dernières spécifications techniques ont été engagés dans ce rallye de 16 jours, qui prendra le départ à Lisbonne ce samedi 5 janvier, et se terminera près du Lac Rose, à côté de Dakar au Sénégal le dimanche 20 janvier.

L'une des forces de l'offensive menée en 2008 par Repsol Mitsubishi Ralliart est que les pilotes restent inchangés pour la deuxième année de suite : s'aligneront en effet les anciens vainqueur Stéphane Peterhansel/Jean-Paul Cottret (France), Hiroshi Masuoka/Pascal Maimon (Japon/France) et Luc Alphand/Gilles Picard (France), sans oublier Joan 'Nani' Roma (Espagne), qui a terminé troisième au général du Dakar 2006, et qui retrouvera une fois encore son copilote espagnol Lucas Cruz.

Stéphane Peterhansel, 42 ans, est devenu le deuxième pilote à remporter le Dakar sur deux et quatre roues, obtenant le premier de ses trois titres en 2004, sur Mitsubishi. Cette année, il tentera de rééditer son succès de 2007, avec un quatrième sacre au volant du Pajero Evolution. « Personne ne dit que ce sera facile, mais j'ai une année d'expérience en plus derrière moi, je serai accompagné par le même copilote et je piloterai la même voiture que celle qui a gagné en janvier dernier, donc ce n'est pas aussi difficile que si nous démarrions tout depuis le début » fait observer le Français. « Il est vrai que la nouvelle réglementation technique en vigueur pour l'épreuve 2008 (passage d'une boîte six vitesses à une boîte cinq vitesses, d'un étrangleur d'air moteur de 32 mm à 31 mm) tendent à handicaper le MPR13 en termes de performances, mais nous avons passé toute l'année à travailler sur le châssis et le confort de conduite, donc nous avons de bonnes raisons d'être positifs quant à nos chances, malgré le niveau plutôt relevé de la concurrence.

Avec des étapes encore plus difficiles au menu cette année, la fiabilité promet d'être un facteur crucial et ma récente victoire pour Mitsubishi à Dubaï est un signe très encourageant dans ce domaine. Cela dit, malgré sa ressemblance avec les étapes mauritaniennes du Dakar, l'UAE Desert Challenge est un défi très différent. Le Dakar exige un rythme plus rapide et plus soutenu, et pourtant, au même moment nous connaissons beaucoup mieux le terrain. Il est donc plus facile de sentir les risques et d'ajuster la vitesse en conséquence. Juger la vitesse à laquelle vous pouvez rouler relève davantage de l'instinct, et c'est là que l'expérience entre en jeu… »

En fait Stéphane Peterhansel et son copilote formeront l'un des équipages les plus expérimentés de cette épreuve 2008, qui marquera la 24ème participation de J.-P. Cottret ; le copilote de Luc Alphand, Gilles Picard (France), ancien motard, est, quant à lui, sur le point d'aborder son 20ème Dakar, totalisant autant de course en deux qu'en quatre roues depuis ses débuts … « Ce n'est pas seulement notre expérience qui compte, cependant » poursuit-il. « Le team derrière nous est incroyablement fort et chevronné, depuis les ingénieurs, techniciens et mécaniciens jusqu'au personnel d'encadrement. Ils sont tous extrêmement compétents dans leur domaine respectif, et sont d'authentiques passionnés de sport. L'une de nos forces sera le lien très fort qui unit les pilotes et les copilotes. Nous formons un groupe très soudé, et notre objectif sera de travailler ensemble à la victoire pour Mitsubishi. »
 
L'ancien Champion du monde de ski de descente, 42 ans, qui a gagné le Dakar 2006 sous les couleurs de Mitsubishi et a terminé deuxième derrière Stéphane Peterhansel en 2005 et 2007, fait écho à l'analyse de son coéquipier. « L'esprit d'équipe et la solidarité sont essentiels », souligne t-il. « Vous ne savez jamais quand viendra votre tour d'avoir besoin d'aide, et notamment parce que l'itinéraire 2008 promet d'être très dur. La fiabilité sera aussi un critère fondamental, comme d'habitude. Cela dit, vous ne pouvez pas vous contenter de rester assis et d'attendre que vos concurrents connaissent des problèmes. Vous devez rester au contact des premiers, et vous avez rarement l'occasion de souffler sur le Dakar. Il sera donc important de faire partie du groupe de tête au Maroc, avant le cœur du challenge qui, à mon avis, sera les étapes marathons et les étapes mauritaniennes. C'est la raison pour laquelle notre victoire dans l'UAE Desert Challenge, dont les paysages ressemblent au Sahara occidental – est si encourageante. Nous ne pouvons manifestement pas tirer trop de conclusions sur notre performance à Dubaï par rapport à la concurrence, mais nous avons été compétitifs et Stéphane et moi avons mené la course. Je me réjouis simplement à l'idée du Dakar. Je me sens optimiste, nous sommes tous en grande forme physique grâce à notre programme d'entraînement physique, et par dessus tout, comme je l'ai dit, nous formons une équipe soudée. »
 
Le Dakar 2008 marquera aussi la 21ème participation d'Hiroshi Masuoka à ce rallye-raid le plus célèbre du monde, qu'il a déjà remporté à deux reprises en 2002 (avec son copilote actuel Pascal Maimon) et 2003. « Je pense qu'il est temps que le « Samouraï Masuoka » ajoute une autre victoire à cette liste, » déclare en souriant le pilote japonais de 47 ans. « J'aimerais énormément que l'on inscrive la huitième victoire consécutive dans le Dakar, et la treizième au total pour le Pajero, bien que ce record soit dû à la force et au collectif du team Repsol Mitsubishi Ralliart. Malgré notre réussite actuelle, chaque course est considérée comme un nouveau défi, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour assurer une nouvelle victoire. La pression est sur nous, et nous devrons faire face à une opposition forte, emmenée par des teams tels que Volkswagen et BMW, donc ce ne sera pas facile et je suis sûr que la lutte sera féroce.

La rumeur dit qu'il y aura de plus en plus de dunes de sable sur le Dakar 2008, » continue t-il. « Cela rendra évidemment la course très difficile, mais cela pourrait être un atout pour le Pajero qui est très fort sur ce type de terrain. Personnellement, j'aime bien disputer des courses sur le sable et notamment après le travail efficace accompli par le team sur le MPR13 lors des essais en Afrique cette année. La voiture s'est améliorée dans tous les domaines, en commençant par la suspension. Et, tandis que le moteur a été développé à son maximum possible, le package d'ensemble a évolué. Les ingénieurs ont dû naturellement s'adapter à la nouvelle réglementation, qui nous oblige à avoir une boîte cinq vitesses. Ils ont dû étudier précisément les rapports de boîte, et je pense que le résultat final est très satisfaisant et pourrait même en fait représenter une amélioration. »

Plus jeune membre de l'équipe, et aussi sa recrue la plus récente, Nani Roma, 35 ans, admet qu'il possède moins d'expérience du Dakar que ses coéquipiers, mais pense avoir réalisé de gros progrès depuis la course 2007. « Je pense m'être sensiblement amélioré en terme de vitesse pure », indique l'Espagnol qui est arrivé deuxième au Rallye Transiberico et à la Baja Espagne 2007, après avoir âprement disputé les deux étapes au Portugal avec le double Champion du monde des rallyes, Carlos Sainz. « J'ai encore besoin d'expérience sur le sable et dans l'herbe à chameaux, mais j'apprends vite. Il est toutefois difficile de s'entraîner sur ce type de terrain pendant l'année, et malheureusement, ma course à Dubaï s'est achevée prématurément une nouvelle fois.

Lorsque vous finissez sur le podium dès votre deuxième tentative, comme je l'ai fait en 2006, il est facile de se voir en vainqueur potentiel l'année suivante. Mais nous devons garder les pieds sur terre : la réussite ne vient pas toute seule, même pour les gens comme Stéphane, Luc et Hiroshi. Je pense cependant être en mesure de coller au groupe de tête, et je ferai de mon mieux pour gagner, si l'opportunité se présente, mais je sais que ce sera difficile. Un élément jouera en ma faveur : ce sera mon deuxième Dakar avec Lucas en tant que copilote. Cela a été dur pour lui de participer à la course en 2007, mais d'une certaine façon, nous avons mûri tous les deux cette année ensemble, et il a reçu énormément d'aide et de conseils de la part des autres copilotes. Et c'est là une des grandes forces du team Repsol Mitsubishi Ralliart : nous formons une véritable équipe soudée, et je ne veux pas seulement désigner les équipages, j'inclus tout le monde. Vous pouvez être un excellent pilote, mais si vous n'avez pas derrière vous des ingénieurs de talent pour concevoir la voiture et des collaborateurs motivés et compétents pour travailler sur cette voiture le soir après chaque étape… »
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