François Piette

22 AOÛ 2005

« K » comme Karrément méchant…

Nous trépignions déjà d’impatience depuis un certain temps (pour ne pas dire un temps certain) à l’idée d’essayer le dernier roadster sportif de la firme allemande. Finalement, l’attente n’en a été que meilleure et c’est par un beau matin d’été que nous avons pris possession, pour un long week-end, de la K1200R.

Comme la plupart des modèles BMW, la K 1200 R ne se livre pas sans un minimum d'apprentissage et de sagesse. Avant de prendre la route, il s’agit de se familiariser avec une électronique omniprésente. Le tableau de bord offre une foule d'informations via la fenêtre à cristaux liquides jouxtant le compte-tours, tandis que ses fonctionnalités proposent outre les fonctions habituelles, une sélection des kilométrages partiels et le réglage automatique des suspensions ESA, la consommation moyenne.

Dès les premiers tours de roues, on sélectionne le mode Sport, histoire de faire connaissance avec la bête tandis que le large guidon s’offre à nous. L’ESA qui ajuste le réglage de suspensions sur 9 positions, est très efficace et permet de passer de la configuration balade à la conduite sportive en quelques secondes. Bien plus qu’un gadget, un véritable plus pour le pilotage. Démarreur, première, reste à relâcher l'embrayage réservé aux avant-bras virils pour s'immiscer dans la circulation. Cette BMW n'est peut être pas une urbaine rêvée et pourtant, on se sent à l’aise dans les petites rues du centre de Bruxelles et puis de Namur.

Un look agressif à la « sauce BMW »

Chacun se fera sa propre opinion sur l’esthétique de la machine, mais on peut noter une ligne résolument agressive et un résultat proche de la tendance observée sur les autres gros roadsters en termes de carrosserie : ensemble mécanique apparent et partie cycle au premier plan, muscles en avant pour un look viril et plutôt extraverti, guidon large et haut pour une position de conduite droite et avancée, petits rétros ovales, petite bulle de dimension réduite au dessus du phare, bref du grand classique dans la catégorie des méchants roadsters qui réduisent la carrosserie à l’essentiel. Pas de crainte toutefois pour les accrocs du design BMW : les designers allemands ont apporté leur valeur ajoutée sur de nombreux aspects ! Tout d’abord, la partie avant de la moto évoque la nouvelle tendance du constructeur, dans la lignée du Rockster : des contours tranchants et organiques au niveau des caches sur la partie avant du réservoir, qui projettent la ligne jusqu’à l’avant vers le carénage de radiateur d’huile, lui-même logé sous le double phare proéminent. Le bi-optique surmonté de son déflecteur optionnel lui apporte un faciès agressif qui plus qu'en photo, flatte incontestablement l'ego de son propriétaire.

La Walkyrie est en marche

BMW a décidé de laissé le 4 cylindres transversal des anciennes séries K pour un nouveau 4 cylindre en ligne de 1157 cm³, incliné cette fois à 55°, moins large mais surtout beaucoup moins lourd. Le bloc moteur (très performant de la version S) n’a subi qu’une petite modification au niveau du cheminement de l’air. Cette configuration modifiée ne fait perdre que 4 chevaux au roadster par rapport à la version S. Nous voilà donc avec 163 chevaux et il faut dire à ce propos, qu’il vaut mieux un modèle belge que français… puisque la cavalerie « modèle français » se limitera à 100 malheureux poneys... D’emblée, ce qui surprend, c’est le caractère plein du moteur, qui garde cependant le côté rageur (dès 8000 tours) d’un « petit 600 ». Ca pousse fort, très fort même, et le poids du bolide (237 kg plein fait) se fait rapidement oublié. La qualité de la partie cycle et le freinage sont tels qu’on prend trop rapidement et peut-être trop souvent l’habitude d’ « ouvrir plein gaz ».

Prise en main

La prise en main se veut facile, avec une position de conduite bien évidemment typée roadster, bras tendus en avant et pieds reculés. L’appui sur les paumes des mains reste quant à lui supportable même sur de longs trajets en ville. Le réservoir et la selle sont bien dessinés, et un pilote d’1 m 75 posera les pieds à plat au sol. Le confort du pilote est plus que correct, notamment grâce à une selle ferme mais confortable. La partie-cycle est là aussi celle de la S, avec de légères modifications destinées à améliorer la maniabilité. Le comportement routier est très sain et la K1200R demeure parfaitement stable. Le duolever apporte une grande précision et un extraordinaire feeling du train avant. Rigide sans se montrer pour autant trop ferme, celui-ci gomme les bosses avec une rare décontraction et permet en outre de rentrer loin en virage sur les freins sans se relever ou même se raidir. Il bénéficie aussi d'une géométrie légèrement refermée qui ne gâche rien à ce tempérament plus joueur que celui de la K 1200 S. Aidée par le freinage ABS intégral (malheureusement en option et à un coût onéreux) qui affiche une facilité d'utilisation et surtout une puissance fabuleuse, la K 1200 R prend une longueur d’avance par rapport à ses concurrents. Ajouté à une monte pneumatique très correcte (Metzeler Sportec M1), une garde au sol généreuse et la réponse moteur musclée décrite plus haut, voilà qui place la barre très haut en matière d'agrément sportif plus que de performances brutes.

Quelques flops

Rayon déceptions, on évoquera le manque de protection de la bulle optionnelle au niveau du casque et des bras, qui risque vite de fatiguer à rythme soutenu. De plus, le confort passager dont BMW ne semble pas cette fois trop se préoccuper : bien que confortable, la selle est trop étroite (20cm) et trop courte … au moins, « madame » ne vous tiendra pas rigueur de vous balader seul le dimanche après-midi ;-). Enfin, classique chez les Bavaroises, le prix de certaines options liées à la sécurité est un peu décourageant.

© Lionel van Dongen

Merci à Bertand Florquin, Responsable de la concession BMW Brussels, pour le prêt du modèle essayé.

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