François Piette

24 JUL 2005

Variations autour d'un flat…

BMW s’est embarqué ces dernières années dans une politique de renouvellement et d’élargissement forcené de sa gamme. Les nouveautés se télescopent à un rythme effréné, et ce n’est pas fini. Le feu d’artifice a débuté en février 2004 avec l’apparition de la 1200GS, qui annonçait le renouvellement de toute la gamme des flats. A suivi naturellement le remplacement de la 1150RT par la 1200RT, puis fut présentée dans la foulée la 1200ST qui vient remplacer la 1150RS. Doivent encore apparaître une R1200S plus sportive et un roadster R1200.

Les Teutons bouffent du lion ! Parallèlement à la lignée historique des flats, BMW a créé l’événement en présentant un 4 cylindres face à la route, la K1200S, concurrente de la Honda Blackbird ou de la Suzuki Hayabusa dans une catégorie de motos tellement incorrectes que Triumph qui fourbissait une 1300 du même tonneau a jeté l’éponge et abandonné le projet ! Comme si ça ne suffisait pas, BMW a déshabillé sa K1200S et en a fait la K1200R, sacré roadster le plus puissant du marché. Les BMW ne sont plus ce qu’elles étaient ! Ils ont bouffé du lion, nos amis teutons… Et ce n’est pas fini, après une K1200GT, ils s’attaquent à la gamme moyenne avec une famille de nouveaux modèles motorisés par un bicylindre face à la route, extrapolé du bloc K1200, non sans avoir déjà revisité au passage la 1200GS pour en décliner la HP2, moto d’enduro taillée pour les bajas américaines. Œil de cyclope Mais revenons à notre 1200ST, directement issue de son aînée de quelques mois, la 1200RT. Elle en reprend en effet le châssis et la mécanique, à quelques réglages près. De toute la nouvelle famille des flats, c’est à l’heure actuelle la plus sportive, en attendant la présentation de la future 1200S. Elle propose une carrosserie spécifique, intégrant un tête de fourche qui accueille un spectaculaire double phare vertical très efficace. Cet avant, fort décrié parmi nos collègues, lui donne pourtant toute sa personnalité, et même une certaine agressivité. Le profil est peut-être un peu plus mou, moins construit. On aime ou on n’aime pas, mais force est de reconnaître aux BMW une certaine originalité, tant mécanique qu’esthétique, qui les démarque du reste de la production motocycliste. Bienvenue à bord Induite par les guidons bracelets réglables en hauteur sur 25 mm, la position, bien que confortable, est un peu typée sport, plutôt dans l’esprit de la Honda VFR. C’est un peu limite en ville, où on apprécierait de pouvoir monter les demi guidons deux ou trois centimètres plus haut pour soulager nuque et poignets, mais une fois sortis des murs de la cité,, le compromis sport – tourisme s’avère tout à fait acceptable et en phase avec l’esprit de la moto. Celle-ci possède toutes les qualités attendues d’une BMW. Ces motos se révèlent à l’usage de remarquables outils pour qui veut rouler. Ergonomie bien pensée, hormis peut-être les repose-pieds un poil trop haut (un genou en méforme passagère s’en plaindra assez rapidement !), efficacité remarquable du châssis, jamais pris en défaut, stabilité impériale à grande vitesse, autant de qualités auxquelles s’ajoutent une agilité dans les enchaînements de virages qui permet de se faire plaisir. Le freinage, très BMW lui aussi, participe au plaisir de conduire. Puissant, progressif, assisté, couplé, la perfection est presque de ce monde, mais en option !. Tout au plus trouve-t-on les limites de l’ABS sur des revêtements très bosselés où les roues rebondissent et quittent le sol. Les distances d’arrêt se rallongent d’autant, mais ce cas de figure reste assez rare et commun aux motos équipées d’un système d’antiblocage. La 1200ST a aussi tendance à se redresser quand on aborde avec un brin d’optimisme (doux euphémisme !) un virage plus serré que prévu et qu’on s’aide des freins pour passer !! Le berlingot est plein Le moteur reprend toutes les qualités déjà énumérées dans le test de la 1200GS. Avec quelques chevaux en plus, il emmène la 1200ST à 240 km/h, dans son pays d’origine ! Moteur facile, mais plein, rempli de 2000 à 8000 trs/min, il reprend avec plaisir et vigueur à chaque sollicitation de la poignée de gaz, mais sans violence inconsidérée. L’étagement de la boîte de vitesses à six rapports accompagne judicieusement les excellentes prestations du flat injecté. Tout au plus sera-t-on attentif à bien verrouiller les passages de vitesses. De l’importance du choix de la passagère Sur les 1000 km parcourus tambour battant avec la 1200ST, en alternant autoroute à allure (très) soutenue, ville et routes comme on les aime (avec étape obligée au Relais des Motards le 12 juin !), la consommation s’est établie à moins de 6,3 litres aux cent. Raisonnable, par rapport à l’usage fait de la poignée de gaz : ce moteur est si plaisant à exploiter ! Notre passagère, peu habituée aux grandes balades, a digéré près de 400 km dans la journée sans se plaindre. La généreuse poignée de maintien fait aussi office de porte-paquets, ce qui est bien pratique. Le duo est très agréable (vous me direz que tout dépend de la passagère, et ce n’est pas faux !) avec la 1200ST. Pilote et passager sont bien installés, et avec les options de bagagerie identiques à la 1200RT, l’appel du voyage devient irrésistible ! Dans quel état j’erre ? Alors ? Parfaite ? Un très bon produit, sans aucun doute ! Mais un positionnement dans la gamme un peu difficile, et encore plus lors de l’apparition de la 1200S, qui sera la sportive de la gamme. Moins polyvalente qu’une 1200GS, elle est aussi moins confortable, pour cause de débattements de suspension plus réduits, et moins instinctive, moins joueuse. Très rigoureuse à vive allure, vissée sur un rail dans les grandes courbes, il lui manque toutefois un peu de « peps » pour basculer dans le clan des sportives ; Moins bien équipée et moins protectrice que la 1200RT, elle perd des points par rapport à sa grande sœur, véritable référence de la catégorie grand tourisme. Pour ceux qui sont rebutés par le style particulier des trails et qui ne veulent pas sombrer dans le gigantisme de la catégorie GT, le compromis de la 1200ST a une carte maîtresse à jouer. Équipée de quelques options, elle vous permettra de tailler la route efficacement, et avec énormément de plaisir, pour 13250 €, sans les options indispensables… © Bruno Wouters
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