François Piette

20 NOV 2004

Citroën 2 CV : un mythe, un vrai

Qui, parmi ceux qui ont plus de 35 ans, ne s’est jamais assis dans une 2 CV ? Personne, ou presque personne. Cela a même été pour beaucoup la première voiture ou celle du copain qui emmenait toute la troupe en sortie le week-end. Cette voiture est synonyme de souvenirs romantiques ou de souvenirs de balades et de soirées inoubliables. La Deuche a accompagné plusieurs générations durant sa carrière, commerciale, de 42 ans ! Le 2 CV aurait dû s’appeler la TPV pour « Très Petite Voiture ». Elle est née d’une idée d’André Citroën, une de plus. Il veut une voiture populaire à bas prix, utile pouvant même servir d’outil de travail pour le monde ouvrier et rural. Car cette voiture doit pouvoir « transporter quatre personnes et 50 kg de pommes de terre ou un tonnelet à la vitesse maximale de 60 km/h ». Début des ébauches en 1936 à partir du cahier des charges établi par Pierre Boulanger, PDG de la marque. La subtilité de la « TPV » est de ne pas être une Traction pour les pauvres, mais bien une voiture à part entière avec ses propres caractéristiques. Pierre Boulanger demande même à ses ingénieurs d’être innovants au-delà même du raisonnable. Et ils ont bien bosser. Lancement prévu en 1939 Les premiers prototypes ont des caractéristiques techniques impressionnantes pour l’époque : traction avant, suspension souple, moteur bicylindre à plat refroidi par air, carrosserie en profilés, légèreté, rigidité, répartition des masses optimisée… Mais n’ont qu’un phare, d’où leur surnom de Cyclope. La première apparition publique de la TPV aura lieu le 3 septembre 1939, avec le phare unique. Sa sortie officielle était d’ailleurs programmé en octobre de cette même année. Sauf que l’Allemagne nazie en a décidé autrement. Les concepteurs décident de détruire une partie des prototypes et démantèlent d’autres pour cacher les pièces détachées dans différents endroits. L’occupation n’empêchera pas certains membres de l’équipe de poursuivre l’étude, clandestinement bien entendu. Le grand jour La fin de la guerre c’est aussi la reconstruction de tout un continent. La 2 CV saura profiter du peu de matières premières et du besoin d’outils utiles et à bas prix. Elle est lancée à 1948, avec deux phares, au salon de Paris avec un moteur bicylindre de 375 cm³, 9 chevaux et un embrayage centrifuge. Certes, l’intérieur est spartiate et le look « inédit » mais sa polyvalence et le confort de la suspension séduisent très vite les automobilistes de l’époque. Surtout que la consommation ne dépasse pas les 6 litres aux 100 km. En 1949, les chaînes Citroën fabriquent quatre 2 CV par jour, soit beaucoup moins que la demande. Si bien que le délai de livraison est de 18 mois. Mais certains clients ont dû attendre jusqu’à sept ans ! Heureusement, les choses s’arrangent et en 1950, Citroën produit déjà 400 véhicules par jour. Lorsque que le 27 juillet 1990, à 16 heures, l’usine portugaise de Mangulade clôture la fabrication du modèle, ce sera la 5.114.940e Citroën 2 CV. Soit une moyenne d’environ 12.000 voitures par an. Beau succès. Évidemment. Des évolutions La première 2 CV n’a rien à voir, ou presque, avec celle du 27 juillet 1990. Même si l’esprit et l'esthétique restent, la technique a évidemment changé. Pendant longtemps il était parfois impossible de prendre les côtes autrement qu’en marche arrière. Ceci dit la Deuche a eu droit à de nombreuses évolutions respectivement en 1954, 1957, 1958, 1960, 1963, 1964, 1969, 1976, 1980, 1983, 1984 et 1985. Le moteur gagne en cylindrée et en puissance en 1954 (425 cm³ et 12 ch). Et à la fin de sa carrière une 2 CV de série possède un moteur développant 33 ch et atteint 100 km/h. Mais toujours avec une consommation tournant entre 5 et 6 litres de moyenne. On a tous aussi, ou presque, en mémoire la 2 CV Charleston bicolore ou la 2 CV Club, sans oublier la fourgonnette. Cette dernière pouvait transporter en 1951, année de son lancement, 250 kg de charge utile à 60 km/h avec son moteur de 375 cm³, 9 ch SAE à 3500 tr/min. Le mythe Son look sympathique ne manqua pas de séduire toutes les catégories de la population. Cette voiture est désormais mythique. Pour preuve ce site d’un passionné (pour ne pas dire un mordu foldingue) de la Deuche. Cette voiture a réussi à séduire avec des arguments simples : économie, polyvalence et plaisir. Elle a aussi permis à de nombreuses personnes de prendre les routes, de découvrir la liberté de l’automobile et de partir à l’aventure. Ou tout simplement d’aller travailler. Un bien beau produit d’un maître de l’innovation automobile. © Olivier Duquesne

Source : Citroën
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