François Piette

18 JAN 2004

Le culot singulier de la Pluriel

Citroën a osé décliner quasiment tel quel un concept car. Lancée en production la C3 Pluriel a l’audace d’exister. Voiture unique, elle recèle quelques merveilleuses idées mais aussi l’une ou l’autre lacunes.

En règle général un concept car est un objet d’étude duquel on prendra quelques bribes pour les véhicules proposés à la vente. La C3 Pluriel est une déclinaison directe d’une idée folle : proposer une voiture multiple à la fois berline, cabriolet, spider et pick-up. Mais le « cabriolet de l’année 2003 » n’est pas vraiment un cabriolet, sans vraiment être une berline. En étant modulable, la Citroën C3 Pluriel puise également ses références parmi deux voitures mythiques : la Méhari et la 2 CV. Ce qui frappe, en configuration berline, c’est le silence. En effet, cette berline panoramique n’a qu’un toit en toile. Pourtant le vent ne se fait pas entendre dans l’habitacle. On a juste droit au clapotis des gouttes de pluie. Le toit souple multicouche est une merveille en terme d’acoustique et de conduction thermique. N’étant pas une vraie berline, la C3 Pluriel souffre pourtant d’un manque de place à l’arrière, de garde au toit trop bas et d’un accès vraiment pas simple vers les sièges arrière. Plus facile d’y pénétrer pour des enfants que pour des adultes. Les espaces de rangement sont peu nombreux, les appuie-tête avant trop durs et l’ambiance intérieure est un peu froide. Obligation d’être consciencieux En tournant le bouton de commande rotatif de la toile de toit, on peut la faire reculer plus ou moins loin pour rester en configuration berline panoramique. En position maximale, la toile est entièrement repliée mais il faut alors faire une manœuvre manuelle pour ranger la lunette arrière et la capote sous le plancher du coffre pour transformer la C3 Pluriel en cabriolet. Les arches étant toujours présentes, cette configuration n’est pas définitive. Le volume de coffre est un peu réduit, mais il reste comparable à celui d’une citadine. Il faut toutefois être conscient qu’en cas d’averse, il faudra le vider entièrement pour pouvoir basculer la cassette (lunette arrière, tablette arrière et toit replié). En enlevant manuellement les arches, on transforme la C3 Pluriel en véritable spider. La procédure est beaucoup plus longue et nécessite un petit entraînement. Car, outre le retrait des arches, il faut aussi installer des caches sur les espaces laissés vacants à l’arrière en rabattant légèrement les sièges avant de les repositionner. Ici, attention, les arches restant au garage, il vaut mieux être sûr de la météo. Sinon, il reste l’option Spider équipée avec un « K-Way » : une toile qui permet de protéger la voiture en cas de pluie soudaine, mais avec laquelle il est impossible de se déplacer ! Cette configuration n’est pas la plus réussie. En effet, la C3 Pluriel a de fameux soucis de rigidité. Même si les conditions météo étaient mauvaises lors de l’essai, on a néanmoins pu la tester en version spider pendant une dizaine de minutes. Bien que les routes n’étaient pas trop mauvaises, on avait le rétroviseur intérieur qui vibrait, preuve que la carrosserie souffrait. Toutefois, la sécurité est assurée car la structure renforcée préserve contre le retournement, grâce, notamment à des renforts à l’intérieur du pare-brise et dans l’armature des dossiers et des appuie-tête. Ce qui explique pourquoi ces derniers sont si durs. Plus anecdotique, enfin, la version pick-up permet, sièges arrière repliés, de transporter des objets encombrants, à l’air libre. Pour revenir en configuration berline, il faudra veiller à certaines astuces pour éviter de détériorer le système. Déjà, il y a un ordre à suivre impérativement et la cassette se doit d’être parfaitement encliquetée avant de faire glisser le toit. Opération qui a nécessité, lors du test, une bonne dose de concentration et 3 essais avant d’être sûr de l’encliquetage du système. Le coffre s’ouvre en deux parties : la lunette arrière se soulève et donne déjà un accès rapide à la malle pour prendre ou déposer des sacs ; le volet se rabat et permet un accès complet au coffre. Ingénieuse, cette disposition gêne un peu le chargement d’objets encombrants. En effet, il faut d’abord les poser sur le volet, assez haut, et puis les faire glisser. Par contre, le volet peut aussi servir de siège pour se changer (pratique pour les sportifs ou les promeneurs). On le voit, la C3 Pluriel est une voiture de loisirs à très forte spécificité qui peut aussi être utilisable au quotidien. Pas paresseuse sur la route La C3 Pluriel de l’essai avait la motorisation 1.6 16V essence de 110 ch. couplée à la boîte Sensodrive. Voilà encore de quoi s’amuser. La boîte réagit promptement et les palettes au volant sont bien situées et se trouvent facilement. Dommage qu’à haut régime, le moteur ait un cri métallique. Sinon la C3 Pluriel ne se montre pas pataude malgré son aspect rondouillard. La consommation est honorable et se contrôle avec l’ordinateur de bord. D’ailleurs, la meilleure façon de faire des économies d’essence, c’est de laisser la boîte en mode automatique. Dès que l’on joue avec les palettes, la C3 Pluriel ressent un besoin inné à se désaltérer. La direction assistée, dérivée de la C3, est électrique à assistance variable et permet de choisir son cap sans souci. Le train arrière est lui spécifique. Il est doté d’une traverse déformable, d’amortisseurs à encombrement réduit et d’une barre antiroulis de grand diamètre. Le train avant est directement repris de la C3 avec une barre antidévers de série. Si vous avez toujours rêvé de savoir ce que cela faisait de rouler dans un concept car, essayez une C3 Pluriel… Et si l’originalité fait partie de votre vie quotidienne, vous aurez là une voiture qui vous satisfera, sans conteste. Pour les autres, les défauts de ses qualités ne pourront s’effacer et la C3 Pluriel restera une bonne idée qu’on laissera à ceux qui ont été charmés. © Olivier Duquesne
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ