François Piette

16 SEP 2005

Édito : Landwind est dangereux

Cardoen renonce à vendre les 4x4 chinois Landwind dans son réseau. Le motif : trop dangereux. Selon certaines associations, comme l’ADAC en Allemagne et l'ANWB aux Pays-Bas, cette voiture tout-terrain peut tuer son propriétaire, ceinturé, lors d’un choc à moins de 65 km/h et le blesser très sérieusement à des vitesses plus basses. Bref, on est bien loin, et très loin parfois, des standards actuels de tous les constructeurs automobiles coréens, japonais, européens et américains. En plus, le Landwind porte en lui tous les griefs que l’on reproche aux 4x4 : dangereux, encombrant, polluant. Nous l’avons découvert au salon de Francfort et il faut bien admettre que le modèle est très vieux jeu, sans être moche non plus. Les mauvaises langues diront que c’est une Opel Frontera copiée. Mais mal copiée alors. Les moteurs auront bien du mal avec un Diesel de 93 ch et deux blocs essence de 115 et 125 ch. On ne peut pas vraiment parler non plus de qualité de fabrication et l’ergonomie est inexistante. En prime, après 3 jours d’exposition, les Landwind montraient déjà des signes de fatigue : matériaux usés et portes qui souffrent. Faits constatés par ce nombreux journalistes présents lors des journées presse de l’IAA. Pas cher Évidemment, le Landwind n’est pas cher. Le tout-terrain de JiangLing aurait pu se vendre 17.000 euros chez nous. On comprend bien comment le constructeur chinois arrive à un tel prix « d’ami » : pas de réel bureau de design puisqu’il suffit de retravailler un peu un modèle ayant déjà existé, des matériaux de mauvaise qualité et bon marché, peu de recherches sur la sécurité, peu d’évolution technologique pour améliorer le rendement du moteur et, surtout, des ouvriers chinois payés en pelure d’oignons. Ceci dit, l’offensive n’est pas stoppée net. D’autres constructeurs comme SAIC, Geely ou Brilliance pointent le bout du capot. Difficile de dire si ces voitures sont aussi mauvaises que le Landwind, d’autant que certaines étaient à peine accessibles à Francfort, mais en tout cas elles seront tout aussi bon marché. Par la grâce d’une main-d’œuvre exploitée. Effet secondaire Si l’essence était moins chère, peut-être que moins d’automobilistes seraient tentés par des véhicules vendus au rabais avec des normes à la limite, voire même hors limites. La sécurité et la diminution de la pollution se paient. Les constructeurs doivent mettre en œuvre énormément de moyens pour développer de nouveaux systèmes de propulsion, pour améliorer le rendement des groupes motopropulseurs, pour adapter les moteurs à de peut-être nouveaux carburants, et pour trouver des matériaux moins polluants et plus solides. Sans parler des composants électroniques, des airbags, etc. Le surcoût généré par un carburant élevé, et l’absence de réelle alternative comme une meilleure distribution des biocarburants et des transports en commun flexibles, obligent certains citoyens à chercher des véhicules dépassés sur le marché de l’occasion ou en provenance de nouveaux pays automobiles… UPDATE : le Landwind a vu son homologation refusée dans plusieurs pays européens. Lisez en complément notre dernier article à ce sujet. © Olivier Duquesne Photos : © ADAC Visitez aussi ADAC - ANWB
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