François Piette

4 JAN 2013

Café serré !

Vous voilà père (ou mère) de famille, mais êtes d’un naturel plutôt pressé ? Heureux homme ! La catégorie des turbulentes familiales compactes n’a jamais été aussi dense : en attendant la future Golf GTI, les Mégane RS, Mazda 3 MPS et autres Alfa Giulietta QV peuvent compter sur une concurrente de choc : la Ford Focus ST ! Et si elle perd un cylindre dans l’aventure, son caractère reste intact !

Pour un cylindre de moins…

C’était une complainte unique, un chant guttural tout à fait atypique dans la catégorie qui faisait le charme de la précédente Focus ST ! Mais voilà, son cinq cylindres en ligne fût vite condamné, pour cause d’un appétit des plus féroces ! Ford se résigne donc à installer une mécanique classique (entendez, avec 4 cylindres) sous le capot de sa sportive ST, mais sauve les meubles en affûtant son tempérament !

Question de carrosseries…

Là encore, Ford chamboule ses propres règles ! Si la précédente ST était disponible avec trois ou cinq portes, la nouvelle venue n’en propose que cinq… Il est toutefois possible de commander une version Clipper (à savoir, le break), pour qui entend rapidement déménager les armoires de belle-maman !

Sportive, la ST le fait clairement savoir : badges à tire-larigot, teintes racoleuses, jantes spécifiques, jupes latérales ainsi que deux originales sorties d’échappement trapézoïdales ! Bref, on n’est pas là pour rigoler ! « Tuning Touch », avez-vous dit ? Oui, surtout avec cette teinte jaune, mais un tuning qui ne verse pas - trop - dans le vulgaire…

Habitacle du même tonneau…

L’atmosphère intérieure est calquée sur le style extérieur : des inserts de couleur vive, un petit volant qui tombe bien en main, un ciel de toit noir, des logos à gogo et une instrumentation enrichie par trois compteurs supplémentaires perchés sur le sommet de la planche de bord. Pas de doute, la belle a du tempérament !

Très joli… Quoique…

Bien calé dans les sièges Recaro, on se dit que l’univers sportif de Ford nous va décidemment très bien ! Puis, on s’approche de la planche de bord et notamment du combiné stéréo… et c’est là qu’est l’os ! L’ergonomie brouillonne entraine une foison de boutons, pas toujours compréhensibles, alors que l’on regrette un levier de vitesse trop avancé.

Un petit tour sous le capot ?

Avant de mettre le bouilleur en route, faisons un petit tour sous le capot : il s’agit d’un 4 cylindres turbo essence de 2 litres et développant la bagatelle de 250 chevaux ! Le couple, en particulier, paraît franchement avantageux : 360 Nm dès 1.750 tr/min. La boîte, exclusivement manuelle, compte six rapports. Un cylindre de moins, mais une sonorité lourdement travaillée, avec des effets acoustiques depuis l’admission jusque dans l’échappement pour préserver les basses ronflantes.

Feu !

Pas de doute, le nouveau moulin a de la ressource ! Les 250 chevaux n’attendent qu’une flexion du pied droit pour se ruer sur les roues avant ! Disponible quasiment dès le ralenti, le moteur pousse fort jusque 5.500 tr/min environ, régime au-delà duquel il entame une lente asphyxie… Pendant que ça pousse dans le bas du dos, les oreilles se régalent de la chaude sonorité du 4 cylindres. Bon sang ce que c’est bon ! Les grondements puissants du moteur turbo semblent un peu artificiel, mais honnêtement, on s’en f*** ! Côté boîte de vitesses, les rapports s’enchainent rapidement et l’étagement ne suscite que des éloges !

Paré à contre-braquer ?

Si la Mégane RS est un fuseau, la Focus ST est plutôt un pinceau. Un peu plus brouillonne, mais certainement pas moins drôle… Question efficacité, la Française enterre la bouillante Ford, mais celle-ci se rattrape malgré tout avec un équilibre joueur qui vous flanque une banane sur la tête pour la journée ! Très prompte à réagir au lever de pied (il suffit de soulager l’accélérateur pour que le train arrière enroule la courbe !), la Focus préserve un bel équilibre en virage. Mieux, elle assure aussi un confort très tolérant pour nos fragiles vertèbres !

Un seul regret : une motricité assez moyenne par temps gras et de très nets retours de couple dans le volant, lors des fortes accélérations. Bref, soyez doux avec la pédale de droite si la chaussée n’est pas parfaite ! Amis sportifs, sachez que l’ESP est réglable en trois niveaux : On (déjà assez tolérant), Sport (ultra tolérant !) et Off (le chef, c’est vous !).

Les tarifs

A première vue, on regrette un tarif de base assez épicé : 29.000 € ! Oui, mais à ce prix, Ford offre un équipement généreux, comprenant entre autres les phares automatiques, les rétroviseurs électrochromes, le volant multifonctions, les sièges Recaro, les connectivités Bluetooth et USB, les jantes de 18 pouces… Trois niveaux de finitions sont prévus pour des prix s’échelonnant jusque 32.000 €. Côté aides à la conduite : tout est prévu, depuis l’alerte de franchissement de ligne blanche jusqu’au freinage automatique en passant par le système de lecture des panneaux routiers !

Deux regrets, toutefois : une consommation assez élevée, descendant – très – difficilement sous les 9 l/100 km (ce qui est tout de même nettement mieux qu’avec feu le 5 cylindres) et une garantie générale limitée à 2 ans.

Conclusion

Certes, la Giulietta QV est plus sensuelle, la Mégane RS plus efficace, la Mazda 3 MPS plus puissante… Mais en tant que compromis, cette Focus ST est enthousiasmante : son moteur est pêchu et s’exprime d’une voix rauque, ses trains roulants sont calibrés pour donner du plaisir et son architecture à 5 portes la rend pratique au quotidien. Pour les sportifs purs et durs, il reste à espérer que Ford mette une Focus RS en chantier !

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