François Piette

2 MAR 2007

pour l’Europe

Le nom de Jeep évoque irrésistiblement des 4x4 aux dimensions plantureuses, animés par des moteurs d’une taille et d’une conception d’un autre âge. Il faudra désormais s’y faire, mais la marque américaine a développé un produit plus spécifiquement destiné aux Européens difficiles que nous sommes. Bref, avec une taille plus compacte et un moteur diesel sous le capot. Une révolution ?

Du connu Malgré les liens qui soudent Jeep au groupe Daimler-Chrysler (à savoir Mercedes), c’est un ensemble VW qui se trouve sous le capot. A savoir le 2.0 TDI de 140 chevaux et 310 Nm (disponibles entre 1.750 et 2.500 tr/min) et qui se retrouve aussi sous le capot de la Dodge Caliber, ici rebaptisé « CRD ». On verra qu’il ne s’agit pas du seul point commun entre ces deux voitures. La boîte de vitesses est, elle aussi, commune : il s’agit d’une unité manuelle comportant 6 rapports. Il est assez étonnant de constater que l’importateur belge n’ait pas pensé à retenir la version fiscale de 136 chevaux : la perte de puissance est infime, mais la diminution de la taxe de mise en circulation l’est moins : 372 € ! A bord du Compass, on retrouve bien l’agrément typique du moteur VW : vigoureux une fois l’aiguille du compte-tours au dessus des 1.700 tr/min, il se montre un peu creux en dessous. Mais, dans le trafic, sa bonne volonté ne fait aucun doute, sa fiche technique paraissant du coup pessimiste. Typique aussi de ce groupe, mais il s’agit là d’une caractéristique moins agréable, sa sonorité rocailleuse. Pas de doute, à l’accélération, on reconnaît directement l’origine du moteur tapi sous le capot ! La boîte, elle, passe facilement et offre des verrouillages fermes. Un plaisir que de la manier ! Dommage toutefois, qu’aucune boîte automatique ne soit proposée. D’une frugalité exemplaire sous le capot des berlines qu’il anime généralement, ce 2.0 TDI se montre ici plus soiffard qu’à l’habitude. Une masse dépassant la tonne et demie, un Cx de frigo et une transmission intégrale n’aident pas vraiment ce moteur. De fait, il réclame en moyenne 8,5 litres de diesel pour parcourir 100 kilomètres. Le petit réservoir de 51 litres qui l’alimente risque donc de se montrer fort juste, lors des grands départs en vacances. L’autonomie tourne en général autour des 550 km. Enfin rigoureuse On se souvient des velléités d’indépendance du train avant de la Dodge Caliber, qui file rarement droit lorsque le pied se transforme en parpaing de 20 tonnes… Rien de tout cela avec ce Jeep Compass, la puissance étant répartie sur les deux trains de roues. A vrai dire, ce Compass se comporte comme une traction avant, sauf lorsque les conditions requièrent deux roues motrices supplémentaires. A noter qu’il est possible d’imposer la transmission intégrale, grâce à un interrupteur. En pratique, tout cela fonctionne plutôt bien, le Compass offrant un comportement très sain et sécurisant en toutes circonstances. ESP déconnecté, il est même possible de faire enrouler le train arrière, mais globalement cette Jeep se montrera sous-vireuse comme il se doit. Pour résumé, il faut bien admettre que ce Compass se montre autrement plus rigoureux que sa cousine, la Dodge Caliber, montrant même quelques aptitudes en tout terrain. Sécurité, adhérence et motricité sont les principales caractéristiques de la partie châssis. La direction, assistée par un système hydraulique, se montre même suffisamment réversible et précise. Habitable Bien amorti, ce Compass offre un confort de bon aloi à ses occupants, et surtout, une habitabilité respectable, tant à l’avant qu’à l’arrière. On regrettera juste que les sièges manquent de relief, ne soutenant pas le corps comme il devrait l’être. L’insonorisation est, on l’a dit, très moyenne, le moteur grondant dans l’habitacle sans grande retenue… La finition, elle, ne se distingue pas par sa qualité exceptionnelle : ajustements inégaux, bruits de mobiliers, qualité des matériaux ; il y a encore de gros progrès à faire en ce domaine pour atteindre les standards européens. La position de conduite est bonne, sans plus, l’absence de réglage en profondeur du volant pouvant nuire aux gabarits hors normes… Enfin, un petit mot sur le coffre : sans doute la transmission prend elle une place conséquente, car force est de reconnaître que le volume disponible sous la tablette est assez restreint (334 litres). Au moins est-il de formes régulières. Equipements indisponibles S’il est correctement tarifié (24.900 € en version de base, appelée Sport), se montrant moins onéreux que ses rivaux directs (Toyota Rav 4, Hyundai Tucson, Chevrolet Captiva 4WD, Opel Antara 4WD), il est, en revanche, nettement moins généreux sur l’équipement disponible. Certes, même en version de base, le Compass se pare de l’air conditionné, des jantes alliage, de l’ordinateur de bord, de l’ESP et des rétroviseurs dégivrants, mais on s’étonnera de l’indisponibilité pure et simple (quelle que soit la version) de certains équipements tels que la climatisation automatique, les phares au xénon, le capteur de pluie ou de luminosité,… Bref, tout un tas de gadgets qui fait le bonheur de petites citadines bien moins onéreuses. Notre version d’essai était la version haut de gamme, Limited Plus, vendue à 28.900 €, et qui est proposée avec pratiquement « tout compris » : sellerie cuir, sièges chauffants, radio MP3 avec changeur 6 CD, cruise control, toit ouvrant, sono Bose, système de contrôle de la pression des pneus,… Conclusion Bien plus rigoureuse que sa cousine, la Dodge Caliber, le Compass donne les moyens à Jeep d’élargir la clientèle. Pour une première entrée dans le domaine des petits SUV, le produit est bien né, agréable à conduire et correctement tarifié. Il ne reste plus qu’à espérer des efforts sur la finition et les équipements disponibles, après quoi ce Compass pourra se montrer en tant que rival potentiel du Toyota Rav 4. D’ici-là, ce dernier restera toujours l’indétronable maître-achat du segment.
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