François Piette

2 JAN 2006

Test Toyota F1 à Jerez (E)

La F1 fait rêver. Certes pour l’instant et suite à l’affaire « Francorchamps », elle n’a pas bonne presse chez nous, mais c’est tout simplement parce quelques « indélicats » lui en donne une image tronquée car grâce à l’invitation de Toyota de partager une séance d’essais, il est facile de se rendre compte de la face cachée de la F1. Un domaine dans lequel s’est lancé le constructeur japonais en 2002. Des podiums Trois ans après, le bilan est des plus flatteur car après avoir essuyé les premiers plâtres inhérents à toutes nouvelles entreprises, Toyota a concrétisé de fort belle manière en 2005. Deux pole position (Trulli aux États-Unis et Ralf Schumacher au Japon), cinq podiums (2 x Ralf, 3x Jarno) et une quatrième place final au championnat du Monde aux basques de Ferrari, voilà le palmarès de cette saison. De quoi aussi se nourrir de nouvelles ambitions et d’obtenir un premier succès dans la catégorie reine ! Pour l’heure, nous avons partagé ces quelques moments avec Jarno Trulli et Ryan Briscoe... Impressionnant Comme toute F1, la Toyota est tapie au sol et semble prête à bondir ! C’est donc tout d’abord un look. La TF106 ne déroge pas à la règle, mais ce n’est pas non plus du n’importe quoi ! Chaque pièce qui compose sa robe est finement pensée autant dans sa réalisation que dans sa position. L’un complétant l’autre, cela permet à la TF106 d’afficher une certaine finesse et de se dire que l’on côtoie en cette journée la « haute couture » du sport automobile ! Ça, c’est pour le côté statique… style pose photo pour le calendrier ! Mais quand le mécano lance le moteur et que celui-ci donne de la voix… même la Castafiore peut aller revoir ses gammes ! Que dire alors, lors de son passage devant notre parterre de journalistes. Du lointain feulement au rugissement aigu, ce moteur tournant à plus de 16.000 tours vous rentre dans la peau jusqu’à l’échine et vous transperce tous les sens ! La F1, même si on ne l’aime pas, il faut la vivre au moins une fois « in live » dans sa vie ! C’est du grand art et Toyota en devient un acteur majeur car après avoir pratiquement tout gagné, la voilà prête a écrire de nouvelles pages de l’histoire de la F1 ! Nouvelle donne ! Les règles ont changées et nous voici à l’aube d’une nouvelle ère : le V8 ! De même, Toyota est passé à la concurrence en matière de pneumatique et quitte le giron français de Michelin. Des modifications qui nous ont permis de discuter un peu plus ouvertement avec le team F1 de Toyota. Morceaux choisis ! La F1 en passant du V10 au V8 à cylindrée réduite est à un tournant d'une nouvelle ère ! Comment voyez-vous la saison 2006? - Il n'a pas vraiment d'appréhension étant donné que tout le monde part sur une même base, le V8 est d'office moins rapide ce qui implique d'être plus longtemps en « full trottle » (pleine puissance) pour arriver plus vite dans la courbe. Le but sera d'y sortir aussi plus rapidement. Ici, à Jerez, une F1 équipée du V8 tourne ± 2-3 secondes moins vite qu'un V10 et 1 s plus lent que le V10 « modifiés » électroniquement pour avoir les même spécifications que le V8. La question est surtout de savoir qui sera prêt avec quel type de moteur pour le coup d’envoi. Chez Toyota, on privilégie le V8 de 2,4 L. Vous avez connu des problèmes avec vos jantes, le pneu Michelin demandait-il des spécifications particulières ou subissait-il des contraintes particulières ? Est-ce pour cela que vous passez à Bridgestone cette année ? - Pour le moment, les ingénieurs de Bridgestones testent tout dans tous les sens ! Comme aujourd’hui par exemple ! La température est basse, 13° seulement ! On sait que la gomme travaille autrement car même si on démarre avec des pneus chauffés à près de 90°, le contact piste/gomme et la température extérieure les font chutés rapidement à 30° avant de reprendre son ascension vers la température idéale de fonctionnement, donc on donne la priorité à d’autres paramètres et chaque tour de piste nous permet d’en savoir un peu plus. C’est pour cette raison et au vu de la météo locale que la priorité a été donnée aux pneus pluie. À eux maintenant d’en tirer les conclusions et le profit. Il est en tout cas agréable de travailler avec Bridgestone. L’ambiance est différente, la motivation aussi. Pour l’un et l’autre nous nous sommes associés pour un nouveau challenge. C’est commercial, mais c’est aussi et avant tout technique. Ce ne peut être que bénéfique pour tous ! Toyota est impliqué dans pratiquement toutes les branches du sport automobile, avec succès souvent, est-ce commercialement obligatoire ou le fait de voir tous les pays émergeants entrer dans la danse ne fait que relancer une motivation industrielle ? - Et bientôt peut-être en NASCAR (de source Toyota) ! Le pari mais aussi le défi technologique de la compétition anime toute société. Cela nous permet de progresser. Toutes les disciplines, tous les championnats auxquels nous avons participé, bien souvent avec succès, ont été des moteurs pour notre image, pour notre personnel, que ce soit le Directoire en lui-même, l’ouvrier sur la chaîne de montage, le concessionnaire ou le client. La F1 est le top en terme d’image mondiale, on y est entré en 2002 avec pour but de remporter ce championnat… On progresse et la TF105 nous a apporté beaucoup de satisfaction. Nous sommes en bonne voie ! Les performances pour 2006 devrait régresser de près de 2 secondes, pilotes et ingénieurs vont-ils encore s'amuser ? les pilotes ne serez-vous pas frustrés par cette diminution ? - Bien évidemment avec toutes les contraintes que nous connaissons pour 2006, on va tous se chercher pendant un certain temps, mais l’adaptation sera rapide et les progrès devraient nous permettre d’approcher les temps de 2005 vers la mi-saison. Regardez par le passé, on nous a réduit les appuis aérodynamiques, cela a-t-il changé quelque chose ? Temporairement oui, mais à chaque fois les ingénieurs sont toujours arrivés à progresser et nous, les pilotes, nous avons pu faire de meilleurs temps qu'avant ! Le cerveau humain est quand même une sacrée machine ! De l'Indy à la F1 Ryan Briscoe bien remis de son effroyable accident en Indy, était aussi de la partie, il bouclera 65 tours du circuit de Jerez tout en améliorant à 5 reprises, le meilleur temps. Finalement, il signera un temps de référence de 1 m 19,563 s. Comme on le voit, la TF106 se comporte bien et paraît saine même si elle est profondément différente de sa consoeur. Comme pour ne pas contredire les faits, Jarno Trulli s’est mis, sous nos yeux, en exergue en pointant en seconde place. Voilà qui est de bon augure pour 2006 puisque la TF106 n’en est encore qu’au stade du dégrossissage. C’est effectivement plutôt réussi et confirme le niveau high tech de la F1 ! Même le génial Mike Gascone (Technical Director Chassis) affichait un large sourire de satisfaction tant pour le travail réalisé par Briscoe et Trulli, mais aussi par la tenue de la TF106. Jeffrey van Hooydonk testé par Midland Un Belge en F1 ?! Alors que Bas Leinders pouvait légitimement se voir confier un volant titulaire chez Minardi, celle-ci mettait la clé sous le paillasson pour manque de finance. Et de voir le pilote belge se donner du plaisir en FIA GT et aux States. Il se pourrait cependant que l’on revoie un Belge en F1. En effet, Jeffrey van Hooydonk a fait un essai F1 chez Middland (ex-Jordan) et a roulé 340 km, soit 80 tours, afin d'avoir sa super licence. Tout s'est bien déroulé et en roulant avec le V10, il se montrait plus rapide de 3 s sur Monteiro et la version équipée du V8 ! - Ça arrache et ça pousse trèèèès fort, incroyable, sans traction control, impossible de piloter une F1. Ce qu’il y a aussi d’impressionnant, c’est le nombre de boutons sur son volant. J’avais du mal à suivre les instructions du pit tellement j’étais concentré sur la piste. Apparemment, le team a bien apprécié son test et surtout la communication qu'il a eu avec les ingénieurs. Le seul inconvénient de la journée est d’avoir eu à gérer pas mal de red flags ! Pas à cause de lui mais parce qu’il y a eu pas mal de sortie et donc à chaque fois son rythme était cassé. Petite anecdote de Jeff Pour apprendre à freiner du pied gauche, dans une F1, il n’y a que la pédale d’accélérateur à droite et donc celle de frein à gauche, il faut bien s'entraîner. Pour ce faire, il l’a fait sur une Lexus « automatique » en Belgique ! © Lionel Hermans
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