François Piette

11 JUN 2005

Casse ta gueule à la récré !

On le savait, la Speed Triple joue dans la cour des caïds chez les naked bikes. Sa sulfureuse réputation va encore prendre du galon grâce à la mouture 2005. Une version qui devient presque sauvage mais toujours irrésistible… et tellement Triumph !

La Triple représente un modèle important pour la marque anglaise. On comprend dès lors pourquoi il est audacieux et stratégique de la remodeler. Avec ses deux yeux ronds et sa silhouette inimitable, ce méchant roadster se reconnaît au premier regard. Regard qui va d'ailleurs très vite s'attarder sur le nouvel arrière, très ramassé, dans un style Buell ô combien agressif. Son nouveau « cul » est doté de 2 échappements des plus réussis. Baby, you've got the look ! Côté look, une peinture noire recouvre le cadre et le monobras oscillant qui accueille une nouvelle jante à cinq doubles branches du plus bel effet. Pour ceux d'entre vous qui n'aiment pas le noir, sachez que la Speed Triple se décline également en jaune et bleu électrique. Il y en aura pour tous les goûts… À l'avant, tout inspire le respect. Outre son regard diabolique, la Speed montre avec fierté son imposante fourche inversée terminée par étriers de frein radiaux. Du costaud pour encaisser la fougue de l'anglaise. Dans les entrailles de la bête Le fameux 3 cylindres de l'usine nous revient augmenté de 95 cm³ (de 955 à 1 050 cm³) par allongement de la course. Un bénéfice de cylindrée qui fait grimper la puissance à 130 ch (+ 10 ch) avec une dose de couple supplémentaire obtenue 300 tr/min plus tôt. Plus de watts dans les mi-régimes et un caractère encore plus expressif, la nouvelle Speed va en régaler plus d'un. La Speed Triple affronte la concurrence grâce à de substantiels aménagements : nouvelle boîte de vitesses, nouvel embrayage, une monte pneumatique de 180 en lieu et place du 190, un nouveau tableau de bord (de toute beauté) qui affiche une foule d'infos avec en prime un indicateur de rapport engagé. Et la bagarre commence… Pas besoin de monter dans les tours pour laisser la belle (ou la bête !) s'exprimer. Plus besoin non plus d'attendre le milieu du compte-tours comme avec le 955 pour avoir l'envoûtante mélodie du 3 cylindres. Un constat qui colle parfaitement à la fougue ténébreuse du nouveau 1050 cm³. Les envolées joyeuses sont expressives et toujours ressenties avec un sentiment de sécurité. D'une souplesse exemplaire, la Speed Triple tend le muscle dès les bas régimes. Gonflé, doté de pièces allégées et d'une injection plus performante, le berlingot n'attend que l'ordre de la main pour libérer son souffle profond. Quel coffre ! L'aiguille dans le compte-tours prend immédiatement un coup de sang tandis que la Speed se jette en avant comme un fauve sur une proie. Il s'exprime toujours avec son "velouté" caractéristique, mais avec de sacrées épices dans le potage. Impressionnant sur les 2 premiers tiers de la plage d'utilisation, le moulin paraît plus policé mais toujours aussi puissant, jusqu'à que le rupteur intervienne. Plus vif, plus généreux, le 3 cylindres est un véritable régal. Côté performances, la bête annonce une vitesse maxi supérieure à 230 km/h, un Tempo 100 en 3,3 s et un 400 m DA en 11,2 s. Pas mal du tout ! Cela dit, la vitesse maxi n'est pas le terrain de prédilection de la bête anglaise : l'absence totale de protection en est la principale raison. Comportement sain Avec cette fougue qui habite la cavalerie, on est droit d'attendre un comportement routier à la hauteur. Et là, nos amis anglais ont su y faire. Guidée par un train avant précis et plein de rigueur, la Speed Triple gagne en agilité, en partie grâce au pneu arrière plus étroit. Le châssis encaisse tout sans broncher et les suspensions assurent leur rôle de la même manière. Le confort s'est quelque peu dissous depuis la 955 et pourtant on y gagne au change, surtout au point de vue efficacité. La seule ombre au tableau vient du freinage, pas assez incisif et endurant à notre goût... Ou tout du moins pas autant que ne le suggère l'agressivité de la machine et son impressionnante fourche pourvue d'étriers radiaux. Mais ne vous inquiétez pas, la puissance est là. Au guidon de la Speed, c'est la voie ouverte à la castagne, aux sensations musclées, à la bête qui est en elle (ou en vous ?!?). Pratique ? Évidemment, coté pratique, ce n'est pas ça : protection nulle, pas de rangements, exclusivité de la machine et duo ultra limité, pour ne pas dire inexistant. Mais on n'en tiendra pas rigueur à la marque anglaise. Et pourquoi pas des valises, un accoudoir central et un autoradio tant qu'on y est ? La Speed, c'est une gueule et du caractère, point barre ! Elle se donnera à vous pour 10990 €… © Lionel van Dongen
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ