Bruno Wouters

20 DÉC 2008

Evolution d'une révolution!

Véritable Café Racer à ses origines au milieu des années 90 (rappelez-vous: la gamme Triumph du renouveau articulé autour d'un "Mécano" d'éléments communs, permettant de décliner sur les mêmes bases des roadsters, des sportives, des GT, des classiques, …), la Speed a pris son véritable envol quelques années plus tard avec l'apparition de la T509, nantie d'un nouveau châssis spécifique.

 Véritable sportive déshabillée, puisque partageant quasiment tout avec la Daytona, hormis son carénage et son guidon, elle marque le début d'une success story jamais démentie à ce jour, les nombreux comparos de street-fighters couillus sont là pour en attester! Quelle est donc cette savante recette dont nos amis "British" ont le secret? Elle tient en une phrase: un super moteur dans un super châssis! Ca paraît simple, pourtant Triumph réussit mieux que quiconque cette savante alchimie depuis une dizaine d'années en adaptant constamment et en douceur la recette.

Une gueule

La Speed se reconnaît entre mille, quel que soit son millésime. Sa double optique unique, son air ramassé, l'usine à gaz qui lui sert de moteur (de moins en moins usine à gaz, chaque évolution gommant l'un ou l'autre câble ou durite), son châssis caractéristique lui forgent son allure inimitable. L'évolution 2008 ne déroge pas à la règle et il faut un œil exercé pour en percevoir les subtils changements. De nouvelles roues, mises en valeur par le monobras arrière, de nouveaux étriers de freins estampillés Brembo, des fourreaux de fourche parés de noir, une poupe redessinée, avec une selle un peu moins inhospitalière pour l'éventuel passager, le reste n'étant que détail.

Triple

La célèbre Triple, marque de fabrique d'Hinckley, cube 1.050cc et développe plus de 130ch, avec un couple omniprésent à tous les régimes. Ne cherchez pas plus loin le secret du bonheur! Le Triple arrache à tous les régimes, plein de bas en haut du compte-tours. Aucun essoufflement, aucun temps mort, une merveille! Ce Triple prend ses tours avec l'aisance d'un quatre, le couple dès les plus bas régimes en prime. Le plaisir est partout. Titiller la zone rouge comme on le ferait avec un quatre cylindres, ou passer les rapports dans les mi-régimes et profiter de cette allonge fantastique qui propulse la Speed et son occupant avec tant de force. Notre moto était montée avec des pots Arrow, l'équipementier choisi par Triumph pour décliner toute une gamme d'échappements spécifiques aux anglaises. Plusieurs définitions possibles pour la Triple. Celle dont nous disposons et qui reprend le double emplacement sous la selle, nous parait beaucoup plus harmonieuse esthétiquement que les pots d'origine, trop ramassés à notre goût. Leur aspect brossé rajoute à leur attrait, et le son qu'ils émettent ne les rendent pas pour autant insupportables à vos voisins. Le son émis par la Triple, particulièrement grisant pour son pilote, provient aussi d'une admission bien étudiée, et amplifie les sensations ressenties au guidon de la belle.

Scalpel

À propos du guidon, profitons-en pour admirer le magnifique Magura estampillé Triumph, à diamètre différencié, monté sur une platine en alu fraisé du meilleur effet. Il induit une position dynamique propice à l'attaque. La selle, un peu trop haute à l'arrêt, mettra les plus petits d'entre nous mal à l'aise, d'autant qu'un rayon de braquage trop limité ne facilite pas les manœuvres. Le moteur étonne par sa disponibilité dès les plus bas régimes et sa facilité. La Speed se sentira toutefois plus à l'aise sur la route, son véritable terrain de jeu. C'est là qu'éclatent les qualités du châssis. Les suspensions, fermes et précises, donnent à son comportement la précision d'un scalpel, tout en ménageant malgré tout un confort plus qu'acceptable. Il est vrai qu'entre les pots Arrow ou quelques éléments de carrosserie (sabot moteur, saute vent), notre Speed bénéficiait d'une selle "gel" dont notre postérieur n'a eu qu'à se féliciter durant tout l'essai. La Speed file comme une balle d'un virage à l'autre, par les qualités conjuguées d'un châssis au top et d'un moteur dont la réputation n'est plus à faire, il ne reste plus qu'à pouvoir freiner pour aborder la prochaine courbe. C'est ici que se mesure sans doute la principale évolution du millésime 2008. Le modèle précédent, monté d'étriers Nissin, s'était vu unanimement critiqué sur ce plan. Triumph a entendu les doléances et a revu sa copie de fort belle manière. Les pinces Brembo acquittent un travail remarquable. Un excellent mordant, un feeling au millimètre, une puissance de décélération exceptionnelle, le freinage de la Speed ne suscite que les superlatifs et se hisse à la hauteur du châssis et du moteur.

Des défauts?

Des défauts? Qui n'en a pas?... Nous sommes tombés sur deux ou trois faux points morts, avons été repeints de la tête aux pieds sous la pluie à laquelle nous n'avons pas échappé, nous avons aimé le tableau de bord , de facture plutôt flatteuse, mais faisant l'impasse sur la jauge à essence, nous avons rapidement crié grâce sur l'autoroute, le petit saute vent monté en option n'apportant aucun soulagement à la pression du vent (alors que la "Street", équipée du saute vent surmonté d'un petit pare-brise nous avait, lui, convaincu), nous avons pesté en ville contre le rayon de braquage décevant (maladie commune à bien trop de motos), nous n'avons trouvé nul endroit pour arrimer le moindre bagage. Mais quoi? La Speed n'a jamais prétendu se positionner comme un utilitaire, alors pourquoi lui en vouloir? A 11.390€, elle offre tout ce qu'un magnifique jouet peut offrir à son possesseur.

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