François Piette

16 AUG 2005

Édito : c’est si facile d’interdire

Un slogan de mai 68 disait, avec utopie et candeur, qu’il est « interdit d’interdire ». Certes, il ne faut pas arriver à une telle extrémité, mais on peut se demander si, ces derniers temps, certaines décisions d’interdiction n’ont pas été prises « par facilité ». Malgré la fronde estudiantine de 1968 et le vent de liberté qui a suivi, il faut bien admettre que, 37 ans après, la société se montre à nouveau excessivement répressive en préférant le bâton à la carotte. L’anarchie n’est pas, loin de là, la meilleure solution, mais la répression à outrance crée des frustrations… et des révolutions. Prenons le dernier cas en date : l’interdiction faite par le bourgmestre Taminiaux. Ce dernier a décidé d’interdire une route aux motards. Motif : certains motards confondaient route ouverte et circuit de vitesse. Au lieu de traquer les sots, le bourgmestre a préféré interdire purement et simplement l’axe aux motos. Au grand désarroi des motocyclistes responsables et de l’habitant de cette route utilisant sa moto pour aller travailler. Et comme disait un des membres du forum, à ce rythme-là, on devrait aussi interdire la circulation sur les autoroutes vu la vitesse de certaines voitures et motos. Bref, une interdiction absurde ! Quads et 4x4 aussi Une autre interdiction assez sévère touche notre territoire : pas de tout-terrain. Au lieu de canaliser les amateurs de quad, de « moto verte » et de 4x4 sur des chemins balisés et sur des parcours limitant au minimum les conséquences sur la nature, les autorités ont purement décrété le tout-terrain persona non grata. Dès lors, les amateurs de boue, de sable, de caillasse, de montée et de passage de gué sont obligés de s’associer en club, de faire des démarches auprès des autorités pour obtenir dérogations et autorisations… et de passer à la caisse. Sans compter sur les communes qui ont décidé, bien que ce soit contraire au décret, de refuser systématiquement toutes les demandes d’activité tout-terrain. Bref, certains en arrivent à se dire : « tant pis j’y vais quand même ». Du coup, ils s’aventurent sur des zones protégées. La faute à qui Pourquoi cette réaction répressive ? Par la faute de quelques inconscients qui ont apeuré des promeneurs sur les chemins en ne ralentissant pas. Et par la faute à des pilotes en herbe qui se croient au dernier GP ou veulent reproduire leurs exploits de console et qui effraient les piétons, cyclistes, riverains et automobilistes. Il est déplorable de devoir faire payer la faute à des innocents. Mais cette répression est aussi liée à certains stéréotypes. Pour beaucoup, le motard est forcément un écervelé qui fonce à travers tout à fond les gaz ou bien à rythme de sénateur mais avec un pot qui atteint 300 decibels, au moins. Le pilote de quad est nécessairement quelqu’un qui ne pense qu’à faire du bruit. L’amateur de moto verte n’a aucun respect pour la nature. Et le conducteur de 4x4 n’achète ce type de véhicule que par caprice. Avec de tels préjugés, ce n’est pas gagné. En plus, il manque aussi d’infrastructures à prix raisonnable permettant aux amateurs de vitesse, de boue ou de sensations fortes de se défouler sans gêner les autres. Tant que celles-ci n’existeront pas, il y aura toujours des nationales transformées en circuit de vitesse, des chemins forestiers détruits par des ornières de roues et des 4x4 qui ne grimpent que sur les trottoirs. Et ce n’est pas en gardant des œillères et en prenant des décisions dans la hâte que les choses s’arrangeront… Bien au contraire, avec le risque que cela n’explose un jour tant les nerfs sont déjà à vif avec le prix du pétrole, les routes en piteux état, les taxes et les radars. © Olivier Duquesne Photo 4x4 : Salon de Val d’Isère

Source : Divers
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