François Piette

29 MRT 2005

Éditorial – Tomber dans le panneau

Le Belge se plaint. Bon, ça c’est pas nouveau ! Mais de quoi se plaint-il ? De la signalisation routière. Certes, il n’est pas seul. En effet, une étude réalisée par Touring, en collaboration avec 14 autres pays d’Europe, a abouti à la conclusion suivante : les routes européennes comptent trop de panneaux de signalisation souvent mal placés et pas assez clairs. Plus ou moins mécontents Quels sont les griefs ? En Belgique, en Allemagne et en Autriche, on estime qu'il faudrait limiter leur nombre. Selon le rapport de l’étude, « trop de panneaux ou alors des indications peu claires peuvent conduire à des situations dangereuses ». C’est pas faux ! Les Néerlandais, Norvégiens et Espagnols, sont les plus satisfaits par rapport à leur signalisation. Les Belges, Italiens et Espagnols estiment qu'il y a un manque de panneaux diffusant des informations importantes. Les Portugais, Finlandais et Norvégiens se plaignent de la profusion d'informations sur les panneaux. Enfin, les Belges, Portugais et Allemands trouvent qu'il y a parfois trop d'informations sur un seul panneau. Bref, ça ne va pas du tout ! Que faire ? Il semble difficile d’enlever tous les panneaux de signalisation, par contre, il convient de les rendre plus clairs. Il y a de nombreuses signalisations qui sont cachées par des branchages ou devenus illisibles par usure. Il y a aussi les panneaux qui se surmontent avec des indications 300 m, + 2,5 T, etc. sans que l’on sache machinalement à quelle interdiction ou recommandation cela s’applique. D’autres se suivent à un rythme effréné : limitations de 90 km/h à 50 km/h se succédant, entrecoupées de 70 km/h avec de-ci de-là des indications « Radar » en passant par les messages inutiles de type ‘Waar Vlamingen thuis zijn’. On a même carrément de la littérature parfois : « Sauf riverains, transports agricoles, TEC, poste et livraisons » ou bien cette perle italienne « attenzione pericolo possibilitá di onde di piena improvvise anche per manovre su opere idrauliche »… Impossible à lire complètement à moins de s’arrêter sur le bord de la route. La faute aux gestionnaires qui oublient souvent de respecter le code spécifique concernant l’emplacement des panneaux. Pire encore, toutes les indications alphabétiques sont incompréhensibles si on ne parle la langue du coin : ‘Uitgezonderd plaatselijk verkeer’. Essayez d’expliquer à un Grec pourquoi Mons devient Bergen puis redevient Mons sur le Ring de Bruxelles selon que l’on soit à l’est, au nord, au sud ou à l’ouest de la ceinture autoroutière de Bruxelles. Et les Français qui recherchent Lille désespérément alors qu’il leur suffit de suivre Rijsel. Disparus Constatant qu’il y avait trop de panneaux, certains ont décidé d’en retirer. Soyez vigilants et vous remarquerez qu’en Belgique de nombreux poteaux ne signalent plus rien. Ils ont été amputés de leur signalisation routière. Ce vol de panneau est un fléau qui peut avoir de terribles conséquences. À proximité de mon domicile, plusieurs panneaux ont été dérobés, dont un panneau STOP entre deux routes principales. Le marquage au sol étant presque effacé, la situation était devenue particulièrement critique. Ayant repéré l’absence, je me suis dit, naïvement, que le STOP retrouverait vite sa place. Que nenni, deux semaines plus tard, repassant par là, toujours pas de STOP. Il n’y avait toujours pas eu d’accident, par miracle sans doute. Alors à l’image des fiches gamelles de nos amis motards, j’ai envoyé une fiche « panneau manquant » à mon bourgmestre. J’en ai profité pour faire un petit tour et lui signaler d’autres disparitions. Quelques jours après, le carrefour était de nouveau sécurisé. Une fois de plus, on remarque que les autorités belges sont fort laxistes quand il s’agit d’entretenir un réseau. Standardiser La mécanique logique de la signalisation est en soi très simple : les ronds rouges c’est les interdictions, les triangles rouges les dangers, les ronds bleus les obligations, les formes inhabituelles les panneaux très importants, les carrés bleus les indications. En gros ! Et ce dans toute l’Europe. Sauf en ce qui concerne les indications pour trouver une destination, les panneaux de direction d’itinéraire par autoroute sont en vert en Belgique, en bleu en France, en blanc ailleurs, etc. Les sorties sont numérotées ici et pas là-bas. Pareil pour le stationnement. Chacun a ses idiomes. À l’heure de l’Europe sans frontières, il y a un sérieux manque de cohérence. D’ailleurs, les 15.000 Européens sondés plaident pour une signalisation européenne uniforme, sauf les Britanniques. Je crois qu’il faudrait aller plus loin : uniformiser le code de la route. Il faut à chaque fois se renseigner sur les subtilités locales avant chaque passage de frontière, au risque d’avoir de mauvaises surprises. Il faut penser que la priorité de droite est absolue dans certains pays, respecter des limitations et des taux d’alcoolémie très différents… Mais on découvre aussi certaines solutions plus efficaces ailleurs. Je pense notamment aux panneaux indiquant la vitesse conseillée en Espagne et les feux verts clignotant avant de passer à l’orange en Autriche. Est-ce vraiment si difficile de s’accorder ? Apparemment oui, même si le mouvement est amorcé au sein de l’U.E. Et dire qu’il y en a même en Belgique qui voudraient fédéraliser le code de la route. C’est pas gagné ! Voici quatre sites sur la signalisation routière : - Longue vie au piéton portugais - Signalisation.com - Signalisation routière européenne - Les résultats de l’étude © Olivier Duquesne P.-S. : vos commentaires sont toujours les bienvenus
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