François Piette

7 MEI 2005

Le TGV pour deux !

Un long week-end, une météo pour la première fois clémente depuis la fin de l'hiver, une jolie route peu fréquentée, au guidon de la Paneuropean vous vous sentez bien, indiscutablement bien. Pourtant, deux jours plus tôt, en prenant possession de l'engin, vous vous demandiez ce que valait cette Paneuropean si mal née en 2002.

Rappelez vous. La Pan, valeur sûre de Honda, quasiment seule concurrente des indéboulonnables GT BMW, fait peau neuve. Et Honda ne fait pas dans la demi-mesure. Le moteur garde l'architecture de l'ancienne 1100, un V4 longitudinal, cubant désormais 1300cc, gavé dorénavant par l'injection électronique PGM-FI. Ce moteur développe la coquette puissance de 126 ch au régime de 8000tr/m et offre un couple de 125 Nm à 6000 tr/m. Entièrement repensé, ce V4 est plus compact et plus court que son prédécesseur. L'Enfer Un autre changement important concerne le cadre, maintenant en aluminium. Le châssis ceinture le bloc-moteur, formant ainsi un ensemble d'une rigidité exemplaire, gage d'un comportement rigoureux. Et c'est là que le bât blesse. Dès les premiers essais de la nouvelle Paneuropean 1300, la presse unanime dénonce une tenue de cap flottante à haute vitesse. Honda voulait une moto alliant les qualités sportives de la VFR et le confort de la Goldwing. Ce compromis idéal ne fut visiblement pas atteint. L'affaire prend une telle ampleur qu'Honda décide même de suspendre un temps la production.de la moto, pour se laisser le temps de revoir sa copie. Les liaisons moteur - châssis - bras oscillant sont renforcées pour plus de rigidité. Copie revue, mais problème pas totalement résolu, hélas. Le phénomène est moins marquant, mais reste sensible à grande vitesse, pour cependant quasiment disparaître en duo et chargé. Le Paradis A deux, cette moto est un condensé de plaisir. Oubliés les premiers mètres au guidon trop étroit d'une moto très lourde (± 320 kgs en ordre de marche !) et au centre de gravité haut perché, oublié l'encombrement latéral des valises... Le moteur plein à tous les régimes pousse avec vigueur dans tous les cas de figure. Il reprend en cinquième sur un filet de gaz (d'accord, avec des bruits mécaniques peu flatteurs…) et vous propulse à plus de 230 km/h sans effort, en Allemagne bien entendu ! Un virage, un obstacle ? Les freins, merveilleux d'efficacité et de progressivité, vous ramènent à des vitesses plus raisonnables en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Le freinage de la Pan est bluffant. Le feeling idéal des commandes donne au freinage un agrément et une puissance de ralentissement remarquables, un réel point fort de cette machine. Pullman L'autre point fort se retrouve sans conteste dans le confort haut de gamme prodigué par l'ensemble de la moto. La carrosserie est parfaitement protectrice, la bulle réglable électriquement permet de lui trouver la position qui soulage le corps, sans créer de remous gênants au niveau du casque. La position est excellente, tant pour le pilote qui bénéficie d'une selle réglable en hauteur sur trois positions, que pour le passager, très bien nanti avec l'option « Top case » qui équipait notre moto. Des poignées de maintien lui tombent naturellement sous les mains et lui permettent de trouver un parfait équilibre. Le poids et le guidon étroit, déroutants les premiers mètres, ne s'avèrent à aucun moment handicapants dès que la moto roule. Ce n'est pas une Mobylette, mais les routes sinueuses lui conviennent à merveille, la tenue de cap un peu flottante n'étant perceptible qu'à haute vitesse sur autoroute, et principalement en solo. Dès les premiers kilomètres, la Paneuropean s'affirme. Le moteur correspond parfaitement à ce qu'on peut en attendre pour une GT ; souple et coupleux à souhait, il ne déçoit que par ses bruits mécaniques à très bas régime. Il en ferait presque oublier les qualités de la transmission qui réussit, elle aussi, le sans faute d'un bout à l'autre de la chaîne cinématique. L'embrayage est parfait d'agrément, la boîte de douceur et de rapidité, et le cardan se fait tout simplement oublier. Bon voyage La partie cycle, hormis la (sérieuse !) réserve émise plus haut, fait preuve d'une très belle agilité, qu'on ne soupçonnerait pas d'un véhicule d'un tel gabarit. Secondée par un des meilleurs freinages disponibles sur le marché, elle vous permet d'emmener la Pan à un rythme vraiment soutenu avec beaucoup de facilité et de plaisir. Seule une garde au sol parfois un peu limitée pourra freiner vos élans. Le pilote et le passager sont particulièrement soignés sur la Pan. Honda sait ce que Grand tourisme veut dire ! L'équipement très complet participe à l'agrément des voyages. Citons en vrac la bulle électrique très efficace, les poignées chauffantes sur notre modèle d'essai, un ordinateur de bord complet avec différents calculs de consommation et température extérieure, mais difficilement lisible sauf la nuit, des phares à double optique avec réglage du site au tableau de bord, une béquille centrale facile à manipuler, un warning, une clé codée, de vastes valises (mais pas totalement étanches), deux vide-poches dans le tablier dont un fermant à clé. Un petit bémol pour les rétros, efficaces, mais encombrants quand on remonte les files de voitures. La consommation mesurée pendant l'essai s'établit à 6,8 l/100, sans vraiment chômer. Avec un réservoir de 29 litres très facile à remplir, les étapes peuvent compter plus de 400 km, c'est suffisamment rare pour être souligné : que ceux qui n'ont jamais cherché désespérément une pompe lèvent le doigt ! Alors ? Alors, le bilan est plutôt positif. Les problèmes de flottement ne se ressentent que dans certaines circonstances, et à des allures que la loi réprouve dans toute l'Europe, hormis certains tronçons autoroutiers allemands. Pas trop gênant donc si vous tenez à votre permis. En usage normal, vous bénéficiez d'une machine puissante, maniable et facile à emmener dans tous les cas de figure, avec en prime un freinage et un confort de premier ordre, sans omettre une finition soignée et un équipement complet. Mais, mais… Honda nous facture le bestiau à 17200 € !! C'est 1000 € de plus que la toute fraîche BMW 1200RT, qui semble bien née et n'a pas à souffrir d'une image un peu écornée comme c'est le cas de la Pan. Certes, Honda a fait une promo avec des Paneuropean équipées de poignées chauffantes et du Top case (notre moto d'essai) pour 15700 €. Ce prix était compétitif, mais la promo est finie ! A vous de voir… © Bruno Wouters
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