Bruno Wouters

21 NOV 2011

Le grand écart?

Kawasaki ne manque pas d'audace à tenter le grand écart en partant d'un roadster particulièrement sportif pour l'ouvrir au tourisme. Pari réussi? C'est ce que nous allons découvrir!

En devenant "SX", la Z1000 se pare d'un carénage plutôt joliment dessiné et très discret dans la livrée noire qui recouvrait notre machine d'essai. Bien dans la lignée Kawa, la carrosserie de la Z1000 SX plonge en avant, exacerbant le côté agressif et dynamique désormais bien ancré dans la gamme et donnant tout de suite le ton: du tourisme, d'accord, mais sportif! Kawasaki ne cache d'ailleurs pas que la clientèle visée devrait se recruter chez les lassés de super-sportives ou les fatigués de naked explosives mais exigeantes. Il s'agit donc de ne pas les décevoir! Avec la Z1000 pour base, on n'est pas inquiets! Le travail semble soigné, avec une bulle réglable aisément en trois positions, des évents pour évacuer l'air chaud, des clignoteurs intégrés de façon plutôt originale. Les évolutions continuent avec un réservoir discrètement redessiné pour porter sa contenance à 19 litres. Il reste en acier, histoire d'accueillir facilement une sacoche magnétique. La selle évolue vers plus de confort: plus large, plus longue, plus épaisse et ménageant un peu plus d'espace sous celle-ci. La largeur du guidon rétrécit de 10mm, il est dorénavant composé de deux demi guidons montés au sommet des tubes de fourche qui dépassent du té supérieur. La poupe, terminée par un feu LED, reçoit de robustes poignées de maintien.

Belle finition

Le tableau de bord, inspiré de la ZX-6R, reçoit un large compte-tours analogique et un pavé numérique comprenant compteur de vitesse, jauge à essence, totalisateur, horloge et deux trips, soit le minimum syndical, mais pas d'indication du rapport engagé. On retrouve par contre un warning, souvent bien utile. Notons encore de nouvelles jantes à six bâtons, et un garde boue avant redessiné masquant moins la fourche inversée de 41mm de diamètre et une couronne arrière qui perd deux dents, histoire de tirer légèrement plus long. Ces modifications coûtent dix kilos sur la balance, rien de rédhibitoire donc. Ne pouvant renier ses origines japonaises par son style certes maîtrisé mais somme toute plutôt convenu en n'échappant à aucun des artifices de style en vogue, la Z1000SX flatte l'œil par une finition très soignée. Les revêtements de surface, les assemblages, les matériaux et leur mise en œuvre témoignent du soin apporté aux détails par les ingénieurs de la marque.

Moteur élastique mais puissant

Notre Z1000SX était pourvue de l'option "Tourer" à savoir deux accueillantes et particulièrement larges valises latérales. Des valises, mais pas de top case. Ou alors un top case mais pas de valises, il faudra choisir. Le matériel est fourni pas Givi, donc bien connu, mais l'intégration sur la moto surprend toutefois. Les valises débordent largement et la poupe effilée de la Kawa, accentuée par les pots courts, s'accommode mal esthétiquement de cette greffe contre nature, même valises déposées. Ceci dit, le travail effectué sur la 1000SX pour la rendre plus polyvalente porte ses fruits, il n'est que de l'enfourcher pour apprécier une position de conduite particulièrement confortable et naturelle. Le moteur fait preuve d'une exceptionnelle disponibilité. Nous avons repris en sixième depuis le ralenti sans difficulté, laissant ainsi une plage de régime exploitable de 10.000 tr/min! Les 138 ch répondent présent du ralenti à la zone rouge, avec des reprises vigoureuses à tous les régimes.

Aptitude au voyage

Au guidon de la Z1000SX, il n'est guère nécessaire de jouer de la boîte de vitesse. Le couple omniprésent assure dans tous les cas de franches relances. Revers de la médaille, cette étonnante disponibilité gomme un peu les sensations, et on se retrouve très rapidement à des vitesses que la morale réprouve. En jouant de la boîte, la Z1000SX se transforme en agressive chasseuse de chronos, de quoi combler d'aise la clientèle visée par Kawasaki! La Z1000SX menée plus calmement révèle toutefois une excellente aptitude au tourisme avec un châssis précis et efficace, des suspensions confortables, un freinage puissant à l'ABS bien calibré permettant de beaux "stoppies" (chassez le naturel, il revient au galop!). Dans les bémols, reconnaissons que la selle, même mieux rembourrée qu'à l'origine, se montre malgré tout cruelle pour le fessier au bout de peu de temps, que la protection du carénage est meilleure contre le vent que contre les intempéries, et que les valises influent plus sur le comportement de la machine qu'on le voudrait. La Z1000SX, proposée à 12.999€, 13.348€ dans sa définition City avec top case ou 13.698€ avec les valises, ne décevra pas les sportifs qui commencent à se ranger, avec une moto au tempérament de feu mais aux réelles capacités de voyageuse.

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