François Piette

11 MEI 2005

La Chine automobile

On parle de plus en plus de la Chine dans les milieux économiques, y compris dans le monde de l’automobile. La presse a révélé récemment diverses affaires montrant un intérêt certain de l’Empire du milieu pour la construction automobile. SAIC La première affaire a bien sûr été la faillite de MG Rover suite à l’échec des négociations de rachat par la société SAIC de Shangai. Mais celle-ci, au passage, a quand même acquis les licences sur les Rover 75 et 25. Dès lors, elle peut se mettre au travail et sortir de ses chaînes des clones parfaits… À moindre coût. QQ La deuxième affaire concerne la Chery QQ, également produite par SAIC. À bien la regarder, elle ressemble vachement à un truc qu’on connaît déjà. Mais oui, c’est le look dans l’ancienne Daewoo Matiz, désormais propriété de General Motors. GM n’a d’ailleurs pas trop apprécié. Le constructeur américain accuse les Chinois de plagiat et réclame 80 millions de yuans de dommages (9 millions de dollars). On comprend le courroux de GM car la QQ, lancée en 2003 et vendue à moins de 5000 euros, est la success story du moment là-bas. D’ailleurs, Chery automobile s’apprête à conclure des accords avec des pays comme l’Iran ou l’Algérie pour lancer le modèle dans le monde entier. Pourtant, les concepteurs de Chery indiquent qu’ils n’ont pas copié la Matiz (Spark aux USA) et que la QQ est le fruit de leur travail et de leur imagination. SAIC précise aussi que le développement de cette voiture a duré plus d’un an. James Bond girl Plus anecdotique, mais tout aussi flagrant, est le cas d’une étudiante chinoise, Li li Whuang, incarcérée en France car soupçonnée d’espionnage industriel au sein de l’équipementier automobile Valeo. Elle aurait téléchargé sur son ordinateur portable des images de plusieurs modèles en préparation chez différents constructeurs. Il est logique de trouver ces clichés chez Valeo puisqu’il s’agit d’un sous-traitant de renom dans le secteur. Cette affaire a, du coup, mis la puce à l’oreille aux organismes de contre-espionnage. Si bien qu’on a appris ce mercredi que la Belgique pourrait abriter un réseau d'espionnage économique chinois. D'après des chercheurs du Centre européen pour le renseignement stratégique et la sécurité, cette filière d’espionnage serait présente dans un établissement d'enseignement… Pétrole pétrole La Chine compte dix grands constructeurs. Le pays a produit, en 2003, 4,444 millions d'automobiles. Et la production a augmenté en 2004 pour atteindre son paroxysme : 5,15 millions d’automobiles. Le groupe d’entreprises automobiles n° 1 de Chine projette d’augmenter sa production à 2,07 millions de véhicules en 2008 et le groupe de l’industrie automobile de Shanghai (SAIC) a déclaré que la production devra dépasser un million en 2007. Toutefois, l’évolution a été moins marquée en 2004, montrant un certain ralentissement. Certes tout relatif. Par ailleurs, la Chine va commencer à se doter d’une réserve stratégique de pétrole. Il y a de plus en plus de Chinois qui peuvent s’offrir des voitures, mais aussi le confort, et dès lors, la demande en énergie augmente. Cette mise en dépôt de pétrole ne va pas arranger le prix du baril, d’autant que l’Inde a aussi une demande en hausse. Délocalisation Un autre phénomène qui prend de l’ampleur c’est l’intérêt des grands groupes automobiles pour les chaînes de fabrication chinoises, entre autres. Cette vague de joint-ventures et de délocalisation n’est pas propre à l’automobile, mais elle fait déjà chauffer les bureaux syndicaux en Europe. Mais si les ouvriers chinois sont bons marchés pour les « étrangers », ils le sont aussi pour la production locale. D’ailleurs, il semblerait que des stands de marques chinoises sont attendus au prochain salon de Bruxelles. Allons-nous être bombardés d’autos made in China ? Car comme disait le Marquis de Condorcet : « Peu m'importe qu'il y ait du sucre aux Indes, de la porcelaine à la Chine, du café en Arabie ; il faut qu'on me l'apporte. » Certes, on a déjà connu une vague japonaise avant le choc pétrolier et puis une vague coréenne. Mais il y a une grande différence ici : la Chine, contrairement au Japon et à la Corée du Sud, n’est pas vraiment une démocratie… © Olivier Duquesne Photo : Chery QQ

Sources : Divers
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