Bruno Wouters

3 SEP 2011

Big twin!

Avec 1788cc, le power cruiser Suzuki ne craint personne sur le papier et la Z se montre encore plus désirable avec sa finition exclusive. Apparue en 2006, la VZR 1800 n’a que peu évolué depuis, s’enrichissant seulement d’une version "Z" poussant l’exercice encore plus loin. Et, pas de doute, le résultat vaut le coup d’œil! Avec des proportions hors normes, jugez plutôt: longueur de 2,45 mètres, empattement de 1710 mm, hauteur de selle de 700 mm, poids de 347 kg, pneu arrière de 240/40X18, pneu avant de 130/70X18, une fourche inversée de 46 mm, des étriers radiaux à quatre pistons, la VZR semble bien armée pour chasser sur les terres de la V-Rod, d'autant qu'elle se donne pour 12.330 €, environ 7.000 € de moins qu'une Muscle.

 A tout seigneur tout honneur: le bicylindre en V à 54° reçoit des pistons de 112 mm (!!), ce qui ne l’empêche pas de développer 125 ch à 6200 trs/min, avec une zone rouge à 7500 trs/min! Le couple, impressionnant, culmine à 160 Nm au régime de 3200 trs/min. Sous son air classique, le twin respire par quatre soupapes par cylindre, chaque culasse accueillant deux arbres à cames en tête. Le graissage séparé permet de limiter (un peu!) la hauteur du bloc. Une paire d’injecteurs de 56 mm de diamètre nourrit les deux gamelles qui transmettent la puissance à la roue arrière par une transmission à cardan. Bien entendu, le moteur est refroidi par eau, pour d’évidentes raisons de survie du cylindre arrière! Aucune tentative ici de rendre le radiateur discret. Au contraire, il participe activement, avec ses habillages latéraux et son sabot chromé, à la personnalité de la VZR.

Look soigné

Les lignes fluides commencent avec un original capot de phare très profilé, amorçant une casquette au dessus du fin compte-tours à barrettes, de l’indicateur de rapport engagé et des témoins lumineux judicieusement placés dans le champ de vision du pilote. Derrière le saute-vent se profilent d’impressionnants "risers" en aluminium massif rejetant en arrière le guidon de gros diamètre. Celui-ci reçoit des commandes en alu, à l’ancienne, plutôt jolies. L’énorme réservoir s’étend en longueur et en largeur dans des courbes voluptueuses. Sa hauteur réduite est compensée par le deuxième bloc instruments comprenant le compteur et quelques infos complémentaires comme la jauge à essence, l’horloge et les trips. La selle , basse et creuse, se continue sur la VZR-Z par un dosseret de selle magnifiant l’énorme garde-boue surplombant l’inévitable pneu arrière de 240. Le garde-boue est mangé par un large feu arrière à led triangulaire, blanc comme les clignoteurs. Le bloc moteur, généreusement chromé disparaît en partie du côté droit derrière un cache chromé triangulaire et les voluptueuses courbes des deux échappements "slash cut" superposés. Le côté gauche, plus dépouillé, reprend en symétrie le cache triangulaire cachant le système d’alimentation et laisse apparaître l’arbre de transmission.

High tech

Une seule couleur disponible pour la VZR-R, ou plus exactement deux: un noir profond métallisé barré d’un large striping orange métal courant du garde-boue avant au garde-boue arrière, en passant par le saute-vent et le réservoir. Terminons le tableau en évoquant la robuste fourche inversée donnant à ce power cruiser ce côté high-tech indispensable, ainsi que les magnifiques roues massives recouvertes de noir sur ce modèle. La VZR frise dans cette finition "Z" le sans faute, même si nous aurions personnellement préféré un peu moins de chrome, que nous aurions volontiers échangé contre des textures de noir ou de métal satiné. Ca laissera aux amateurs la possibilité de personnaliser leur machine!

Sensations à foison

Clé de contact sous la selle (et blocage de direction directement sur la colonne, à l’ancienne!), un coup de démarreur et le big twin s’ébroue, respirant puissamment. Sa respiration monte dans le casque, comme un battement de cœur. La magie opère déjà! La position de conduite, caractéristique du genre, jette bras et jambes en avant. Pas trop notre tasse de thé, tant en termes d’efficacité que de confort, mais nous avons connu pire sur la V-Rod Muscle! Nous sommes au guidon d’une japonaise, pas de remarques particulières donc sur les commandes de boîte et d’embrayage. Le moteur s’anime et s’arrache dès les plus basses rotations. Capable de reprendre dès 2000 trs/min, il offre une plage d’utilisation particulièrement étendue avant d’atteindre le rupteur. Vibrant bien comme il faut (il faut voir ce réservoir osciller entre les jambes à chaque accélération!) sans que cela devienne jamais gênant, il offre avec ses 125 ch et ses 160 Nm de couple un fameux agrément en toutes circonstances, d’autant que sa musicalité flattera l’oreille de son heureux possesseur.

Châssis en retrait

Le châssis peine hélas à offrir le même agrément, avec une géométrie extrême et cet inévitable pneu de 240 que peu de constructeurs arrivent à gérer, hormis sans doute Ducati et Triumph. Difficile à mettre sur l’angle en ville ou sur routes sinueuses, très sensible aux déformations longitudinales de la route, la VZR ne s’apprécie que sur les autoroutes où son saute-vent soulage de la pression d’éole aux vitesses autorisées, ou sur les routes enchaînant les larges courbes. Dans ce cas, sa stabilité fait merveille et la Suzuki se balance d’une courbe à l’autre avec beaucoup d’aisance et même une forme d’agilité qu’on ne lui soupçonnait pas. Pour que le bonheur soit complet, choisissez impérativement un revêtement sans défaut: les saignées transversales et les trous mettent votre dos à l’agonie!

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